Faux sites marchands, revendeurs douteux comme Viagogo, … Aussi bien pour des concerts de stars planétaires que de petits groupes indépendants, les escroqueries au faux billet se multiplient. De nombreux israéliens se sont fait arnaqués.
Selon (1) : « C’est l’un des concerts les plus attendus de l’année 2025. Ce samedi 26 avril, le rappeur Jul se produit au Stade de France. Plus de 80.000 spectateurs arriveront à passer les tourniquets de l’enceinte pour assister au show. Mais combien se verront refoulés car ils auront acheté un faux billet?
Vraisemblablement beaucoup. À quelques jours du concert, l’artiste a publié sur ses réseaux sociaux avoir constaté « de nombreuses arnaques ». Et incité ses fans à « ne surtout pas acheter de billets via des sites de petites annonces, des sites se présentant comme intermédiaires, ou sur les réseaux sociaux ».
2,3 millions d’euros escroqués aux fans d’Oasis
Et on peut le comprendre. Autre pays, autre genre musical. Mais même ferveur et mêmes escroqueries. Au Royaume-Uni, c’est l’annonce de la reformation du groupe de rock Oasis qui a suscité la frénésie de fans. Qui, alors que les dizaines de dates annoncées ont affiché complet, se sont précipités sur des sites frauduleux.
En tout selon la banque britannique Lloyds, 5.000 fans d’Oasis ont perdu plus de 2,3 millions d’euros. Cela signifie que, pour en moyenne 460 euros, ils ont acheté un faux billet qui ne leur permettra pas d’assister au concert.
Comment de telles arnaques se montent-elles et surtout, comment les éviter? Cela n’est pas toujours évident tant celles-ci sont parfois bien rôdées. On en distingue d’ailleurs plusieurs types.
La prolifération de faux sites marchands
La première, ce sont les faux sites marchands. « Depuis quelques années on en voit apparaître de plus en plus. Ils paraissent souvent très fiables et prétendent vendre des places pour des concerts très demandés », relève Étienne Papin, avocat spécialisé en droit des affaires numériques.
Il souligne également que si ces sites marchands prolifèrent autant depuis peu, c’est parce qu’il est encore plus facile d’en créer grâce à Shopify. Cette plateforme permet à quasi n’importe qui de créer et d’animer son propre site de e-commerce.
« Les fraudeurs n’ont qu’à créer un site. Récolter de l’argent auprès de victimes, et fermer ce site », résume l’avocat.
Les producteurs de concerts essayent toujours de faire fermer ces faux sites. Mais entre le moment où il apparaît et celui où il disparaît, beaucoup de gens ont le temps de se faire escroquer.
Des sites qui revendent beaucoup plus cher
D’autres sites ont un statut encore plus particulier. Ils se présentent comme des « intermédiaires » et s’appellent Viagogo, StubHub ou Live-booker.fr. Concrètement, ce sont des sites de revente de billets, mais dont l’activité est très opaque. Et de fait illégale.
Sur ces sites, vous allez trouver a priori des places pour presque n’importe quel concert. Pour celui de Jul au Stade de France, la veille on trouvait encore 104 annonces sur Viagogo. Particularité de ces places: elles sont vendues à des prix exorbitants. 175 euros la place en fosse, alors qu’elle n’en vaut que 55. Et jusque plus de 400 euros pour des places en gradins qui en valent moins de 100.
De telles plateformes capitalisent sur le fait que même pour de telles sommes, certains fans seront prêts à voir leur idole. L’acheteur va donc prendre son billet. Dans le meilleur des cas, malgré son prix excessif il est bien valable. Mais dans le pire, il s’agit d’un duplicata d’un autre billet, et l’entrée lui sera refusée.
Comment une telle plateforme peut-elle encore exister en France alors que la revente de billets est très encadrée? Concrètement, seuls des sites agréés par les organisateurs d’événements peuvent en revendre. Ce qui n’est pas le cas de Viagogo, qui a reçu de nombreux avertissements de la DGCCRF (répression des fraudes) par le passé. Tout comme live-booker.fr, ou next-concert.com.
Racheter une place c’est entrer dans « une zone de risque »
Ces deux derniers ont été condamnés, et ont dû mettre la clé sous la porte, comme l’a expliqué l’UFC-Que Choisir. Mais le leader mondial de cette activité frauduleuse Viagogo est installé dans l’État américain du Delaware. Ce qui le rend très difficilement atteignable par la justice. Il échappe donc pour le moment à toute fermeture…
Étienne Papin ne peut que constater la difficulté que représente l’obtention d’un billet, qui plus est pour un concert très demandé. Ces événements affichant complet très rapidement sur les canaux de vente officiels, il est tentant de se tourner vers d’autres circuits.
« Mais à partir du moment où vous sortez du circuit officiel de billetterie, vous entrez dans une zone de risque. On a par ailleurs affaire à des comportements parfois irrationnels de fans qui veulent à tout prix voir leur artiste et vont tomber plus facilement dans les pièges », relate l’avocat.
Même pour de plus petits concerts il est très facile de se faire arnaquer. Avec des arnaques de particulier à particulier notamment, sur des sites d’annonces en ligne comme Leboncoin ou les réseaux sociaux.
Attention aux brouteurs sur Facebook
Il suffit de faire un tour sur Facebook pour s’en rendre compte. Sur les pages d’événements, on peut souvent voir des posts ou des commentaires de personnes cherchant des places pour des concerts. Et obtenir des réponses d’autres comptes affirmant avoir des places qu’ils veulent revendre.
Certaines peuvent être réelles. Mais dans beaucoup de cas, ce sont des brouteurs. C’est-à-dire des escrocs opérant sur Internet avec de faux profils usurpant l’identité de quidams.
Quelques signes permettent de les démasquer. D’abord, l’orthographe et la syntaxe de leurs messages laissent très souvent à désirer. Ensuite, ce sont souvent des profils créés très récemment: consultez-les et vérifiez s’ils ont des amis/abonnés; si leur photo de profil a tout juste été ajoutée…
Et si la personne avec qui vous échangez vous paraît bien réelle, privilégiez une remise de billet en main propre. Ou à défaut, demandez lui par exemple de vous décliner son identité. De se prendre en photo avec sa carte d’identité ou un autre document officiel.
Des canaux de revente officiels et sécurisés
Mais le mieux pour tout type de concert affichant complet reste de passer par les canaux de revente officiels. Ils peuvent être frustrants, car consistent très souvent en des listes d’attente, qui ne permettent pas d’obtenir le précieux sésame directement.
C’est le cas par exemple de Reelax Tickets, plate-forme française et sécurisée, très utilisée par les festivals. Ou encore certaines applications comme Dice ou Shotgun qui sont de plus en plus choisies comme canal de vente principal pour des événements (surtout à Paris et dans d’autres métropoles).
Certaines salles et arénas de concerts commencent même à développer leur propre solution de revente. C’est le cas du Stade de France, de l’Olympia ou encore de la Salle Pleyel à Paris.
D’autres plateformes, mais limitées
Enfin, certains sites sont spécialisés dans la revente de billets comme Viagogo. Mais sont plus éthiques et luttent contre la fraude. C’est le cas par exemple de TicketSwap, plateforme sécurisée permettant aux particuliers de vendre et d’acheter des billets. Elle lutte contre la spéculation en limitant le prix de revente à 105% de sa valeur nominale.
Le seul souci avec ce type de plateforme est qu’elles sont limitées par la règlementation française sur la revente de billets. Cette dernière veut que ces plateformes soient autorisées par l’organisateur ou le producteur d’un concert pour revendre ses places.
« Or, les organisateurs préfèrent souvent que l’on passe par leur propre canal de revente plutôt que par un tiers », justifie Étiennt Papin du cabinet Next Avocats.
C’est pour cette raison par exemple que sur la page TicketSwap du concert de Jul au Stade de France, la vente est bloquée. Et ce malgré le fait que 1.947 utilisateurs de la plate-forme aient indiqué rechercher une place… Bon courage à eux ».
(1) https://rmc.bfmtv.com/
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