De la guerre à l’eau : comment la vision israélienne d’une « économie bleue » vise à apaiser la Méditerranée orientale.

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Les répercussions du conflit de Gaza se font encore sentir en Méditerranée orientale, une région marquée depuis longtemps par des alliances changeantes et des rivalités maritimes. Pourtant, au milieu de la lassitude d’une diplomatie interminable et des décombres de la guerre, une nouvelle idée se dessine discrètement : celle de se tourner vers la mer, et non vers le champ de bataille, pour trouver la stabilité.

Lors du Dialogue régional indo-pacifique 2025 qui s’est tenu cette semaine à New Delhi, le contre-amiral israélien de réserve Shaul Chorev a présenté ce qu’il a appelé la « transition vers une économie bleue » d’Israël – une stratégie globale visant à intégrer la coopération maritime, les énergies renouvelables et le commerce durable au tissu économique de la région après le conflit. Sa proposition, bien que technique en apparence, recèle de profondes implications géopolitiques : l’interdépendance maritime peut-elle réussir là où la diplomatie conventionnelle a échoué ?

Un modèle déjà en discussion entre la Jordanie et Israël prévoit un échange de 600 mégawatts d’énergie solaire contre 200 millions de mètres cubes d’eau dessalée par an. De tels accords, a-t-il affirmé, « transforment la pénurie en sécurité », métamorphosant les anciens griefs en cadres d’intérêt mutuel.

« La Méditerranée orientale est confrontée aux mêmes menaces : changement climatique, pénurie, instabilité », a observé Chorev. « Elle doit également trouver les mêmes solutions. »

La vision de Chorev s’inscrit pleinement dans le cadre du corridor Inde-Moyen-Orient-Europe (IMEEC), un réseau logistique et de transport reliant les ports occidentaux de l’Inde à l’Europe via le golfe Persique et la Méditerranée.

Soutenue par des investissements indiens et émiratis, la route Haïfa-Fujairah devrait réduire les temps de transit vers l’Europe jusqu’à 40 % par rapport au canal de Suez.

Le Centre national israélien pour l’économie bleue et l’innovation, créé en 2022, est devenu le pôle d’attraction des start-ups maritimes et des entreprises de technologies vertes. Son plan BlueTEC couvre des projets en biotechnologie marine, aquaculture, de dessalement et énergies renouvelables offshore, alliant diversification économique et responsabilité environnementale.

Parallèlement, ZIM Shipping Services, le plus grand opérateur maritime israélien, renouvelle sa flotte avec 46 nouveaux navires, dont 28 propulsés au gaz naturel liquéfié (GNL) – une étape importante vers la décarbonation du transport maritime régional. La participation de l’entreprise à la coalition mondiale « Move to −15° », qui vise à réduire les émissions de carbone liées à la logistique du froid, illustre davantage cette transformation.

Pour Chorev, ces initiatives ne sont pas seulement commerciales, mais aussi géopolitiques. « Chaque corridor vert ou accord d’échange d’eau, a-t-il déclaré, est aussi un corridor de paix.»

La promesse de cette réorientation maritime réside dans son pragmatisme discret. Alors que les processus de paix officiels restent au point mort, les réseaux économiques offrent une voie alternative vers la stabilité : une voie fondée sur la connectivité plutôt que sur la confrontation. Les risques n’en sont pas moins réels. Les profondes fractures politiques de la région, les divisions sectaires et les différends territoriaux non résolus pourraient facilement perturber ce fragile équilibre.

Source : Sunday Guardian Live & Israël Valley

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