Les ministres américains des Affaires étrangères et de la Défense, Antony Blinken et Lloyd Austin, ont reçu leurs homologues sud-coréens, Cho Tae-yul et Kim Yong-hyun, au département d’Etat. Les discussions interviennent en pleines tensions avec la Corée du Nord, qui a tiré jeudi l’un de ses missiles les plus puissants avec l’objectif affiché de renforcer sa dissuasion nucléaire, à moins d’une semaine de l’élection présidentielle américaine mardi.
L’armée sud-coréenne « a détecté un missile balistique lancé depuis la région de Pyongyang en direction de la mer de l’Est vers 7h10 », a déclaré l’état-major interarmées sud-coréen, en employant le nom coréen de la mer du Japon.
Ce missile, selon le ministre japonais de la Défense, appartient à « la catégorie des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) », qui ont une portée d’au moins 5.500 kilomètres et sont généralement conçus pour porter des charges nucléaires.
« Actions provocatrices »
La Chine, « en tant que voisin proche de la péninsule coréenne », s’est dite « préoccupée par l’évolution de la situation », par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lin Jian, qui a appelé à une « résolution politique de la question de la péninsule ». Pyongyang a confirmé un test « crucial », entrant dans le cadre de sa volonté de « renforcer ses forces nucléaires » et supervisé par son dirigeant Kim Jong Un.
« Le tir d’essai […] répond pleinement à l’objectif d’informer nos rivaux […] de notre volonté de riposter », a dit Kim Jong Un lors du lancement, selon l’agence d’Etat nord-coréenne KCNA. Ce nouveau tir nord-coréen a été « fermement » condamné par la Maison-Blanche qui a dénoncé une « violation flagrante » des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, tout comme le chef des Nations unies Antonio Guterres. Londres et Berlin se sont joints aux condamnations.
« Nous demandons instamment à la Corée du Nord de cesser immédiatement sa série d’actions provocatrices et déstabilisatrices qui menacent la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne et au-delà », ont déclaré pour leur part le secrétaire d’Etat américain et ses homologues japonais et sud-coréen, à la suite d’un appel téléphonique.
En vertu de sanctions prises à l’ONU, Pyongyang a l’interdiction d’effectuer de quelconques essais d’armes recourant à la technologie balistique. L’armée sud-coréenne avait prévenu mercredi que le Nord, doté de l’arme nucléaire, se préparait à tester un missile balistique intercontinental, voire à procéder à un essai nucléaire.
La Corée du Nord procède généralement aux tirs d’essai de ses missiles les plus puissants et de plus longue portée sur une trajectoire ascendante, c’est-à-dire vers le haut et non vers l’extérieur, pour éviter de survoler les pays voisins. « C’était le temps de vol le plus long jamais enregistré (pour un missile nord-coréen) », a de son côté commenté le ministre japonais de la Défense Gen Nakatani.
Réaction « zéro »
Le tir nord-coréen « semble avoir été mené pour détourner l’attention des critiques internationales sur le déploiement de ses troupes » en Russie, a déclaré à l’AFP Yang Moo-jin, président de l’Université des études nord-coréennes à Séoul.
Il a eu lieu quelques heures après que Washington et Séoul ont appelé Pyongyang à retirer ses troupes de Russie, où, selon les deux capitales, quelque 10.000 soldats nord-coréens ont été déployés en vue d’une éventuelle action contre l’Ukraine, deux ans et demi après l’invasion russe de ce pays lancée par Vladimir Poutine.
Mais le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a critiqué la réaction des Occidentaux à ce déploiement. « Je pense que la réaction à ce sujet est nulle, elle a été zéro », a-t-il déclaré dans un entretien accordé à des médias sud-coréens.
La Corée du Sud, importante exportatrice d’armes, a fait savoir qu’elle étudiait la possibilité d’envoyer de l’armement directement à l’Ukraine en guise de réponse, ce à quoi elle s’opposait jusqu’à présent en raison d’une politique de longue date l’empêchant de fournir des armes dans des conflits actifs.
La Corée du Nord a récemment renforcé ses liens militaires avec Moscou, le président Poutine ayant effectué en juin une rare visite à Pyongyang, où il a signé un accord de défense mutuelle avec Kim Jong Un.
La source de cet article se trouve sur ce site