Contrebande à la frontière israélo-jordanienne

La contrebande à travers la frontière israélo-jordanienne

Comment Israël bloque la contrebande iranienne

Lors de son départ de la direction des défenses de la vallée du Jourdain, le colonel Aviv Amir a révélé que l’armée israélienne a réussi à contrecarrer les tentatives de l’Iran de faire passer des armes en Cisjordanie. Ces efforts, menés par des groupes liés à Téhéran, visaient à renforcer les capacités des organisations terroristes opérant dans la région.

Le colonel a précisé que la frontière israélo-jordanienne, longtemps considérée comme secondaire sur le plan sécuritaire, est devenue un point névralgique. En effet, cette zone relativement perméable a été exploitée ces dernières années par l’Iran pour introduire illégalement des armes destinées à des groupes hostiles opérant en Cisjordanie. Cette activité aurait pu accroître significativement le niveau de danger pour les civils israéliens.

Face à cette menace croissante, Amir a dirigé des opérations de grande envergure pour renforcer le contrôle sur cette frontière. En deux ans, ses forces ont éliminé 85 individus identifiés comme terroristes, intercepté plus de 500 armes et déjoué près de 40 tentatives de contrebande. Elles ont également arrêté environ 120 personnes tentant de franchir illégalement la frontière.

Le commandant a souligné que ces résultats ont été obtenus au prix d’un engagement constant de ses troupes, soumises à une forte pression opérationnelle. Selon lui, l’un des aspects les plus importants de cette lutte a été la capacité d’adaptation : apprendre de chaque erreur pour affiner les méthodes de détection et d’intervention.

Amir a également évoqué le soutien logistique et organisationnel fourni par ce qu’il appelle « l’axe du mal », une référence à l’ensemble des forces et milices agissant sous l’influence de l’Iran. Cette structure aurait permis de structurer la contrebande de manière plus efficace, en facilitant la circulation d’armes sophistiquées dans la région.

Le ministre de la Défense, Israël Katz, a pris la mesure de cette menace en plaçant la construction d’une nouvelle clôture frontalière parmi ses priorités. D’un coût de 5,2 milliards de shekels, ce projet vise à rendre le passage entre la Jordanie et Israël beaucoup plus sécurisé. Il constitue un tournant stratégique, dans une zone auparavant négligée au profit d’autres fronts plus exposés comme ceux du nord et du sud.

Le précédent ministre, Yoav Gallant, avait déjà tenté de lancer cette initiative sans parvenir à obtenir l’accord du ministère des Finances. Katz, quant à lui, semble avoir surmonté cet obstacle, peut-être grâce à de meilleures relations avec le ministre des Finances Betzalel Smotrich, ou bien en raison d’un contexte politique différent, marqué par la volonté du gouvernement de renforcer ses positions face à des menaces multiples, dont le Hezbollah et le Hamas.

Le général de division Avi Bluth, commandant central des Forces de défense israéliennes, a salué le travail du colonel Amir, en soulignant son rôle dans l’évolution stratégique des forces déployées sur le terrain. Il a notamment attribué à Amir la création de nouvelles positions militaires le long de la frontière et l’intégration de la division Gilad (96), pour une couverture plus dense et réactive.

C’est désormais le colonel Gilad Schwecki qui prend la relève à la tête des défenses frontalières. Il hérite d’un secteur où la vigilance reste de mise, malgré les succès obtenus. La menace iranienne en Cisjordanie n’est pas éradiquée, mais la capacité d’Israël à l’endiguer s’est clairement affirmée au cours des derniers mois.

Ce repositionnement stratégique, conjugué à un renforcement des infrastructures, laisse entrevoir une période plus sécurisée pour cette zone sensible du pays. Toutefois, comme l’a rappelé Amir dans ses propos, la lutte contre le terrorisme est une tâche sans relâche, qui nécessite une adaptation constante et une mobilisation totale.

Jforum.fr