Chat GPT, Taylor Swift, Mars… « 20 Minutes » a fait son choix de la « personnalité » de l’année 2023

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Qui succédera à Volodymyr Zelensky ? Mercredi, le magazine Time dévoile sa personnalité de l’année 2023. Au fil des années, le magazine nous a habitués à des choix très americano-centrés (le président élu est en une tous les quatre ans…), tout en ménageant des effets de surprise avec des personnalités opposées aux Etats-Unis, comme Staline en 1942 ou l’Ayatollah Khomeyni en 1979.

L’exercice consiste à la fois à élire une personnalité qui a marqué l’actualité, bien sûr, et à faire vendre le magazine : voilà pourquoi Time a parfois fait des choix moins évidents, avec des groupes de personnes ( « Les Américaines » en 1975 ou « Les jeunes » en 1966 »…), des objets ( « L’ordinateur » en 1982) ou même des concepts (« Vous » en 2006 pour évoquer les internautes qui produisent du contenu) érigés en « personnalités ».

La guerre, ok, mais laquelle ?

Ces choix erratiques rendent les prévisions très hasardeuses. Pourtant, la situation internationale chaotique, avec de nombreux conflits en cours, pourrait donner lieu à un choix qui porte un message politique. Certains imaginent que la guerre en Ukraine pourrait être à l’honneur sans élire ni Poutine, déjà en une en 2007, ni Zelensky, par exemple en choisissant la ville de Bakhmout.

D’autres pensent que l’attention sera portée sur l’Iran – manière détournée d’évoquer le conflit en cours en Israël –, par exemple en élisant « Les femmes iraniennes ». Après tout, en 2017, la une de Time Magazine mettait à l’honneur « celles et ceux qui brisent le silence » pour saluer le mouvement #MeToo et en 2011 « Les Protestataires » pour évoquer, pêle-mêle, le Printemps arabe, les Indignés espagnols, Occupy Wall Street et bien d’autres…

À 20 Minutes, on a donc décidé d’élire notre propre personnalité de l’année. Mais avant de vous dévoiler notre lauréat, revenons sur les principaux favoris.

Les trois probables vainqueurs

  • L’intelligence artificielle

C’est l’évidence. Trente-et-un ans après avoir choisi « L’ordinateur », et dix-sept ans après avoir honoré le Web 2.0, Time Magazine serait bien inspiré de marquer le passage à une nouvelle ère : celle d’Ultron. Enfin, de l’IA en somme. Bien sûr, le concept ne date pas de 2023 et sa définition même est assez floue. Pourtant, 2023 marque l’arrivée de nouveaux services qui ont mis en exergue les usages possibles de l’IA. Les gouvernements du monde entier réfléchissent à légiférer sur le sujet… Une nouvelle bulle spéculative accompagne son essor… Ses apôtres et ses contempteurs s’affrontent quotidiennement… Bref, l’IA est la star de l’année. À tel point que le très grand public peut désormais se faire une opinion « pour ou contre l’IA ». Un manichéisme qui a fait les belles heures des unes de Time Magazine à l’époque de la guerre froide, où Ronald Reagan, Deng Xiaoping et Mikhaïl Gorbatchev s’affrontaient.

  • Charles III

Jamais II sans III. Elizabeth II était la « personnalité de l’année » 1952 lors de son accession au trône. Il serait tout naturel que Charles III lui succède, là aussi, soixante-et-onze ans plus tard. Même si le couronnement de Charles est sans doute le plus grand glow down de l’histoire de la monarchie britannique, on n’a pas tous les ans l’occasion d’avoir un roi en une du Time Magazine. En plus, le souverain s’exprime souvent sur l’écologie, sujet majeur de 2023. À part ça, il a eu l’immense mérite de survivre à sa première année de règne (ce qui n’est pas rien), et c’est vrai qu’il a une jolie couronne.

  • Le dérèglement climatique

Trente-cinq ans après avoir consacré « La Terre en danger » à sa une, Time Magazine a l’occasion rêvée de mettre à l’honneur celui qui la menace. Année la plus chaude de l’histoire récente, 2023 a été une succession de catastrophes naturelles, conséquence du dérèglement climatique. Plusieurs centaines de milliers de morts et des milliards de dollars de dégâts, voilà le genre de bilan qui vaut une élection au titre de « personnalité de l’année ». Le message serait d’autant plus fort que se tient actuellement la COP28 à Dubaï.

Les trois favoris qui ne gagneront pas

  • Taylor Swift

C’est bien simple, pas une seule journée ne passe sans que 20 Minutes ne publie un article sur elle. Star incontestée du box-office, elle peut se permettre une tournée mondiale sold out plusieurs mois avant son lancement et de réenregister ses anciens disques pour battre de nouveaux records de vente. Ex-chouchou de l’Amérique blanche, Taylor Swift, tout en restant très discrète sur ses opinions, a gagné l’image d’une femme puissante et déterminée. Ses paroles de chanson sont désormais étudiées comme une prose socratique et ses querelles people prennent des allures de drames mythologiques édifiants. Pourtant, Time Magazine n’a jamais choisi d’artiste pour sa Une. Et choisir Taylor Swift après avoir snobé Beyoncé serait sans doute une grave erreur.

C’est LA tendance 2023. Quitter Paris pour aller télétravailler au soleil. Entre un objectif prioritaire enfin décroché et un nouveau titre d’employé de l’année, Lionel Messi a déménagé en Floride. Un parcours qui symbolise le sort de nombreux travailleurs en 2023. Mais le footballeur n’est pas qu’un chantre du capitalisme post-Covid, il a aussi gagné la Coupe du monde de foot et un huitième Ballon d’or. Problème, jamais un sportif n’a été choisi comme personnalité de l’année Time Magazine, même celles et ceux qui avaient des engagements forts ou étaient le symbole de mouvements de société. Autant dire que ça va être compliqué pour Messi…

La poupée, qui a eu droit à son film live action événement en 2023, a été l’une des stars de l’année. Elle incarne, à son corps (en plastique non recyclé) défendant une sorte de néoféminisme ou féminisme pop, synthèse des années d’empouvoirement de #MeToo et du backlash relativiste qui s’en est suivi. On ne compte plus les articles se demandant si Barbie est féministe sans qu’une réponse satisfaisante n’ait été formulée. C’est peut-être ça le problème, le message que porterait un triomphe de Barbie ne serait pas très clair (sauf dans le bilan financier 2023 de Mattel).

Et le gagnant est… ChatGPT

ChatGPT est la personnalité de l’année 20 Minutes ! On verra bien si Time Magazine nous pique l’idée… Mais alors, pourquoi ChatGPT ? On aurait pu demander au robot conversationnel de nous pondre un argumentaire comme un journaliste paresseux, mais on va la jouer à l’ancienne, avec un humain derrière le clavier.

Alors que ChatGPT occupait les conversations de ces douze derniers mois (y compris dans de nombreux articles de 20 Minutes), le robot conversationnel d’OpenAI améliorait ses performances, au point de faire craindre une sorte de krach civilisationnel avec des disparitions de métiers et une humanité bientôt asservie à l’IA… Pourtant, ChatGPT n’est pas vraiment une « intelligence », comme nous l’expliquait Christophe Cerisara, chercheur du CNRS : « Il n’y a pas de définition exacte d’une intelligence artificielle générale (AGI) parce qu’il y a différentes interprétations. C’est une intelligence artificielle qui aurait les mêmes facultés cognitives que l’humain. Elle serait capable d’apprendre par elle-même et de s’améliorer avec le temps. C’est de la science-fiction, soyons clairs. ChatGPT ne possède en rien toutes les capacités cognitives humaines. »

C’est probablement parce que ChatGPT suscite des craintes et des fantasmes au-delà de ses capacités réelles que l’application mérite le titre de « personnalité de l’année ». ChatGPT est finalement aussi décevante et surmédiatisée que n’importe quel humain.

Les trois chouchous de 20 Minutes

  • Chandler Bing

Avec le personnage incarné par Matthew Perry, décédé récemment, c’est « l’esprit Friends » que l’on pourrait célébrer. Bien sûr, la sitcom a vieilli (bien mal selon certains critères) mais elle incarne aussi la nostalgie d’une époque où une bande d’amis permettait à des milliards de téléspectateurs de rire ensemble.

  • Justine Triet

Il n’y a pas eu de « person of the year » française depuis Charles de Gaulle en 1958. What a disgrace… La réalisatrice triomphe aux Etats-Unis avec son film Anatomie d’une chute, Palme d’or (en attendant l’Oscar ?) et semble avoir très bien saisi l’air (explosif) du temps de 2023.

Et si la personnalité de l’année n’habitait pas notre planète. Non, non, on ne parle pas de Thomas Pesquet (pitié…) mais de la planète rouge. Autrefois synonyme d’inaccessible ailleurs, siège des craintes cosmiques des années 1950 et des rêves technologiques des 20 dernières années, Mars est sur le point, grâce aux découvertes du rover Curiosity, de livrer les secrets de l’origine de la vie. Rien de moins. Qui peut en dire autant sur Terre ?

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