Maariv Online – par Avraham Bloch
Après la tempête provoquée par les tensions avec les partis orthodoxes, une nouvelle crise secoue la coalition – cette fois entre deux anciens alliés : le parti Otzma Yehudit et le Sionisme religieux. Le ministre Almog Cohen, membre d’Otzma Yehudit, a annoncé sa démission du gouvernement. Voici les scénarios qui s’ouvrent désormais à la coalition.
La coalition se retrouve une nouvelle fois plongée dans le chaos en raison du conflit entre les partis Otzma Yehudit (dirigé par Itamar Ben Gvir) et Sionisme religieux (dirigé par Bezalel Smotrich). Bien que les deux mouvements aient concouru ensemble aux élections, ils fonctionnent aujourd’hui comme deux factions distinctes à la Knesset.
Pour mémoire, Ben Gvir et les ministres d’Otzma Yehudit avaient démissionné du gouvernement en signe de protestation contre l’arrêt des combats à Gaza, avant d’y revenir après la reprise des opérations. Cette manœuvre a temporairement exclu de la Knesset le député Tsvi Sukkot (dernier sur la liste), puis son retour a provoqué un déséquilibre : un député de plus pour Otzma Yehudit, un de moins pour le Sionisme religieux.
Pour rétablir l’équilibre, deux options s’offraient :
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Soit Smotrich démissionnait du gouvernement pour redevenir député, forçant ainsi la sortie du dernier d’Otzma Yehudit (Itshak Kroizer).
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Soit un député d’Otzma Yehudit entrait au gouvernement et quittait son siège à la Knesset.
Après de nombreuses manœuvres politiques, c’est cette deuxième option qui avait été choisie : Almog Cohen, en conflit avec Ben Gvir, avait passé un accord avec Netanyahou. Il devait être nommé vice-ministre, renoncer à son siège de député, ce qui rétablissait l’équilibre entre les factions.
Mais aujourd’hui, Cohen démissionne de son poste ministériel – et le chaos politique reprend. Si le Sionisme religieux insiste à nouveau pour équilibrer les effectifs, cela impliquerait l’éviction d’Itshak Kroizer de la Knesset.
Un enjeu crucial : la commission de nomination des juges
L’éviction de Kroizer aurait une conséquence lourde : il siège actuellement à la commission de sélection des juges. Or, la coalition s’y appuie pour bloquer la nomination de trois nouveaux juges à la Cour suprême, puisqu’elle détient trois des neuf sièges de la commission – et la loi impose un accord d’au moins sept membres pour tout nouveau juge.
L’article 7 de la Loi sur les tribunaux stipule : « Une proposition de nomination d’un juge à la Cour suprême doit être adoptée par au moins sept membres de la commission ; si moins de neuf participent, la décision requiert une majorité d’au moins les deux tiers des présents. »
Ainsi, si Kroizer est évincé, l’opposition (ainsi que les représentants du barreau et les juges eux-mêmes) pourrait imposer la nomination des trois juges à la Cour suprême sans l’accord de la coalition – un scénario que le ministre de la Justice, Yariv Levin, cherche absolument à éviter. Il tente d’obtenir la nomination d’un juge proche de la coalition, ou, à défaut, de repousser les nominations à la prochaine législature, lorsque la composition de la commission changera.
Les responsables de la coalition savent que s’ils perdent Kroizer, les chances de réussir à nommer un remplaçant consensuel parmi leurs rangs sont nulles. L’opposition pourrait alors s’emparer du siège de Kroizer au sein de la commission des juges.
Pourquoi Cohen démissionne-t-il ?
Almog Cohen justifie sa démission par sa volonté d’accélérer la construction d’un nouvel aéroport à Nevatim. Mais sa décision menace la stabilité de la coalition sur un point ultra-sensible : la nomination des juges de la Cour suprême. Si la coalition perd son droit de veto au sein de la commission, elle pourrait voir l’opposition imposer des juges hostiles à son programme, au nez du ministre de la Justice Yariv Levin.
Contexte politique :
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Bezalel Smotrich (Sionisme religieux) et Itamar Ben Gvir (Otzma Yehudit) sont deux alliés idéologiques mais rivaux politiques.
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Leur alliance électorale vacille sous les coups de calculs tactiques, intérêts ministériels et querelles internes.
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Le moindre mouvement dans les démissions ou nominations de députés a un impact direct sur l’équilibre fragile de la coalition, et sur l’avenir judiciaire d’Israël.
Conclusion : la démission d’Almog Cohen relance une crise parlementaire, avec des répercussions qui dépassent la simple mécanique des postes – c’est tout le système de nomination judiciaire qui est désormais en jeu.
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