Celui qui a du beurre sur la tête ferait mieux de ne pas sortir au soleil

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Quiconque fera campagne aux prochaines élections uniquement sur la « loi de conscription » prouve qu’il a quelque chose à cacher.

Yated Nééman, rav Yossi Tikotchinski, vendredi 31 octobre 2025

On recrute des excuses

Trois révélations troublantes ont éclaté cette semaine dans les journaux télévisés.
Dans un État normal, plus personne ne parlerait de la loi sur la conscription : tout le monde ne s’occuperait que de ces questions existentielles et révoltantes mises au jour ici.
La gauche aurait immédiatement pris ses distances, la droite se serait ruée pour exiger des comptes — mais rien de tout cela ne se produira, car personne n’a les moyens de fournir de vraies réponses.

1.

Voici l’oiseau, voici la diversion : plus les questions deviennent graves, plus on détourne le feu vers la conscription des orthodoxes.

Cet écart est douloureux, frappant, irritant, et surtout incompréhensible. Il dérange encore plus quand on réalise qu’on est obligé d’en parler. Mais c’est précisément de cet écart que naît une conclusion essentielle.

Nos cœurs sont encore à Jérusalem, aux portes de la ville, lors de la grande assemblée de prière et de cris, avec des foules entières d’Israël emplissant les rues — des moments d’élévation où s’unissaient les voix du collectif et de l’individu.
Et pourtant, nos oreilles entendent aussi ce qui se passe dehors, à quelques kilomètres de là, mais à des années-lumière en termes d’esprit.

À peine vingt-quatre heures avant cette assemblée, une information est sortie, de nature à provoquer un séisme dans n’importe quel pays normal : la vidéo sur la prison des terroristes de Gaza, Sdé Téman, divulguée à la presse il y a un an, qui avait déclenché une campagne de haine contre l’armée et contre l’État d’Israël, aurait été diffusée avec la connaissance — voire la participation — de la procureure militaire en chef, celle-là même censée défendre juridiquement les soldats.

On se souvient : la vidéo prétendait montrer des soldats maltraitant un terroriste emprisonné dans ce triste lieu, où sont détenus les pires assassins du ‘Hamas, auteurs du massacre du 7 octobre.
Très vite, des soupçons avaient surgi que cette vidéo était manipulée.
Des enquêteurs de la police militaire avaient débarqué encagoulés, terrorisant les soldats et procédant à des arrestations brutales. Certains soldats, humiliés, ne s’en sont toujours pas remis.
La population avait exprimé sa colère devant cette asymétrie choquante : comment s’en prendre à nos propres combattants face à des tueurs sadiques ?

À présent, on découvre que la vidéo aurait été diffusée en pleine connaissance de cause par la procureure militaire, peut-être même avec son concours actif. Elle a été suspendue, et le chef d’état-major a gelé les fonctions de son remplaçant jusqu’à clarification.

Une affaire pareille devrait arrêter tout le pays : des soldats loyaux, héroïques, se battant à Gaza, se retrouvent traqués non par le ‘Hamas mais par le système même qui les a envoyés au front.
C’est le signe d’une pourriture interne bien plus profonde, d’un « deep state » qui s’en prend à ses propres défenseurs.

Dans un État sain, ce scandale seul suffirait à déclencher des manifestations massives.
Et s’il y a bien un sujet qui devrait dominer la prochaine campagne électorale, c’est celui-là.
Car si l’armée, symbole national, trahit ceux qui la servent, cela signifie qu’un mal immense et dangereux ronge le pays de l’intérieur.

2.

Et pendant que cette affaire résonne encore, la chaîne I24 News révèle qu’au matin du 7 octobre, alors que le massacre battait son plein, une réunion d’urgence s’est tenue au quartier général de la police, avec le ministre Ben Gvir et le commissaire.
Alors que les rapports affluaient sur les attaques des postes de police de Sdérot et d’Ofakim, un représentant du Shin Bet prit la parole. Il affirma qu’il existait des « indications » d’une organisation de Juifs en Judée-Samarie se préparant à des représailles, et qu’il fallait envoyer des forces pour les contenir.
Peu après, on découvrit que c’était une pure invention.
Mais c’est cela, apparemment, qui préoccupait le service de sécurité intérieure au moment même où des citoyens étaient massacrés.

3.

Et ce n’est pas tout : on apprend encore qu’une violente dispute a éclaté entre représentants du Likoud, de Yesh Atid, d’Israël Béthénou et du parti des Démocrates au sujet de postes à pourvoir dans les institutions de l’Organisation sioniste mondiale.
Derrière cette querelle, on découvre un accord secret de coopération entre le Likoud, Lapid et Lieberman pour se répartir des fonctions lucratives et influentes.
Tout cela n’a été révélé qu’au moment où l’on a appris qu’un certain Yair Netanyahou devait, lui aussi, recevoir un poste — provoquant la dispute qui a mis le pot aux roses.

Un citoyen normal en entendant cela pourrait se frapper la tête contre le mur.
Ces partis divisent le pays pour leurs intérêts politiques, mais quand il s’agit de partager le pouvoir et l’argent, ils s’entendent parfaitement.

Le constat

Ces trois révélations, apparues presque simultanément, ne sont que la partie visible de l’iceberg.
Elles soulèvent les vraies questions : les défaillances d’avant-guerre, la tyrannie du système judiciaire, et la gestion corrompue de l’État.
Et pourtant, aucune de ces questions ne sera au centre de la prochaine campagne électorale.

Pourquoi ?
Parce que ceux qui dirigeront cette campagne sont précisément ceux qui devraient rendre des comptes.
Incapables d’apporter des réponses, ils détourneront le débat vers un autre sujet — le plus commode, celui de la « loi sur la conscription ».

La vraie diversion

Pendant que le pays s’enfonce dans la corruption et la défaillance morale, des foules de Jérusalem ne pensent qu’à une seule chose : étudier la Tora et prier.
Mais c’est sur eux, paradoxalement, que se concentre le feu médiatique et politique.

Plus les scandales éclatent, plus l’establishment cherchera à pointer du doigt les orthodoxes, à rallumer la haine pour masquer ses propres fautes.
Chaque nouvel échec de l’État se traduit par un renforcement de la propagande contre eux.

Conclusion

Le contraste est saisissant et raconte toute l’histoire.
Et c’est ce message que devront entendre tous les partis, de droite comme de gauche :
quiconque basera sa campagne sur la question du service militaire des orthodoxes, au lieu d’affronter les vraies questions de corruption et de responsabilité, prouve qu’il a quelque chose à cacher.

Deux possibilités :
– soit il fuit les questions graves dont il est lui-même partie prenante,
– soit il n’a rien de sérieux à proposer à ses électeurs, et préfère surfer avec cynisme sur la vague de la haine.

C’est aussi le message que tous les citoyens d’Israël devraient retenir : si votre chef de parti ne parle que de la conscription et désigne les orthodoxes comme boucs émissaires, c’est qu’il vous cache quelque chose.
Votre rôle est de l’obliger à répondre aux vraies questions et à s’occuper de ce qui compte vraiment — pas de ce qui est facile et commode.

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