«C’est avant tout une bonne nouvelle, une nouvelle que nous attendions tous », tient tout d’abord à souligner Me Karine Rivoallan, une des avocates de Cécile Kohler et Jacques Paris. A présent ex-otages d’Etat en Iran, ils ont en effet été remis mardi aux autorités françaises dans l’ambassade de Téhéran après avoir été emprisonnés 1.277 jours dans des conditions inhumaines.
Libérés, mais pas délivrés. Ils ont l’interdiction formelle de quitter la République islamique d’Iran et de regagner la France. Leur départ du pays n’est pas encore à l’ordre du jour. Selon la diplomatie iranienne, ils « ont été libérés sous caution » et « seront placés sous surveillance jusqu’à la prochaine étape judiciaire », ont-ils expliqué dans un communiqué intitulé « Libération conditionnelle de deux ressortissants français ». Combien de temps ? Comment vont-ils ? Et maintenant ? Me Karine Rivoallan répond aux questions de 20 Minutes.
Peut-on parler d’une « libération conditionnelle » de Cécile Kohler et Jacques Paris ?
On est sur une première étape dans le processus de libération. Et la deuxième étape, c’est le rapatriement en France. Maintenant à savoir quand ils vont revenir sur le sol français ? Ils ne subissent plus des conditions de détention indignes et assimilées à de la torture. Ils sont enfin libres d’appeler leur famille, et ils sont effectivement entre les mains des autorités françaises en Iran. C’est ce que, nous les avocats, l’on demandait avant tout. Maintenant on attend leur retour sur le sol français et qu’ils puissent prendre leurs familles dans leurs bras, à ce moment-là on pourra vraiment penser que leur libération est définitive et totale. Mais il faut effectivement être précautionneux, être prudent, mais c’est quand même en bonne voie pour aboutir avec cette première libération des geôles iraniennes.
Cette sortie « par étapes », c’est une première pour les personnes qui étaient retenues en Iran ?
C’est vrai. Après toutes les situations sont différentes. Là, nous n’avons pas connaissance des négociations, des échanges diplomatiques qui ont pu intervenir entre la France et l’Iran. Nous ne savons pas finalement pour quelles raisons Jacques et Cécile sont encore sur le territoire iranien et devraient y rester, alors qu’ils devraient pouvoir rejoindre leur famille. C’est vrai que cette situation interpelle, mais en même temps la République islamique d’Iran a toujours joué sur un ascenseur émotionnel en leur annonçant des accusations graves, des condamnations extrêmement graves à leur encontre, et là, par le biais des discussions diplomatiques, les remettre aux autorités françaises. On voit bien que l’on a toujours un double discours.
Pourquoi ont-ils connu un régime de détention plus strict comparé aux autres otages libérés ?
Ils sont restés dans la section 209 pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, alors que d’autres otages d’Etat restaient sur une durée beaucoup moindre. Je ne sais pas si c’est une explication, mais le fait que Cécile et Jacques ont craqué au bout de six mois, ce qui se comprend facilement compte tenu des conditions de détention qui les ont amenés a succombé à leurs tortionnaires, et à prononcer de faux aveux à la télévision iranienne. Cette situation-là a, je pense, malheureusement et vraisemblablement joué en leur défaveur et raison pour laquelle ils ont eu un traitement aussi difficile.
Comment vont-ils ?
Selon Noémie [sœur de Cécile Kohler], qui a pu les avoir au téléphone pendant une demi-heure d’une façon très libre, ils vont bien. Ils sont ensemble. Jacques Paris a pu avoir aussi une de ses filles au téléphone pendant quarante minutes. Les familles sont en contact, Cécile et Jacques sont heureux d’être ensemble. Ils ont tenu aussi à dire que, de savoir que des comités de soutien […] se sont mobilisés pour eux, cela les avait aidés à tenir, à garder espoir.
Ce maintien en Iran peut-il durer longtemps ?
Cela serait un très beau cadeau de Noël si effectivement ils pouvaient être libérés, être avec leur famille fin décembre. Franchement, je ne saurai pas répondre à cette question car nous n’avons pas d’informations sur un délai. Cécile a évoqué à sœur Noémie quelques jours, peut-être quelques semaines, mais c’est difficile de savoir. C’est pour ça qu’il est important de continuer les négociations et à se mobiliser, pour qu’ils soient rapatriés et là, on pourra enfin dire que leur liberté est totale.
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