L’histoire dira, ou pas, si cet assassin saoudien est un manipulateur, un imposteur, ou le vrai anti-islam qu’il prétend être, avec tout de même cette énorme contradiction ; c’est qu’il utilise les méthodes de ceux qu’il dénonce.
Notons au passage, les énormes précautions prises par une presse pour ne pas qualifier cet acte de terroriste, alors qu’elle a immédiatement condamné Israël, lors de l’explosion causée par le Hamas à l’hôpital Al-Ahli, dans la ville de Gaza, le 17 octobre 2023 en attribuant à Israël la mort de 500 civiles fictive.
Il y a de l’incohérence dans le récit qui est fait, mais il faut espérer que les autorités allemandes après avoir failli, grandement en termes sécuritaires, rétabliront la vérité.
L’Arabie saoudite dit avoir mis en garde l’Allemagne trois fois sur l’assaillant du marché de Noël, un psychiatre anti-islam
Un militant anti-islam saoudien a mené une attaque à la voiture-bélier contre un marché de Noël à Magdebourg, qui a fait au moins 5 morts et 200 blessés. L’homme avait menacé l’Allemagne sur Internet.
Taleb Jawad al-Abdulmohsen, un psychiatre saoudien de 50 ans, vivait depuis 2006 en Allemagne. L’homme était très bavard sur ses comptes sociaux. Adepte d’Elon Musk et soutien du parti d’extrême droite allemand AfD, celui qui se disait « persécuté » par Riad pour avoir tourné le dos à l’islam. Selon un diplomate de l’ambassade saoudienne à Berlin, qui a exprimé ses condoléances, le royaume aurait à trois reprises mis en garde l’Allemagne contre son ressortissant radicalisé.
Taleb Jawad al-Abdulmohsen s’est de fait radicalisé au cours des dernières années, surtout contre l’Allemagne, son pays d’accueil, accusé de tolérer, voire d’encourager « l’islamisation du pays » par le biais de l’immigration. « L’Allemagne chasse les demandeuses d’asile saoudiennes dans leur pays et à l’étranger pour détruire leur vie. L’Allemagne veut islamiser l’Europe », assure-t-il par exemple dans la description de son profil sur son compte X.
« ll n’y a pas de bon islam », assurait-il dans une interview en 2019 au quotidien conservateur Frankfurter Allgemeneine Zeitung. Vendredi soir, quelques heures avant l’attaque à la voiture-bélier sur le marché de Noël de Magdebourg, en ex-RDA, il a posté plusieurs vidéos, dans lesquelles il assurait en anglais : « Je tiens la nation allemande pour responsable du meurtre de Socrate ».
En juin, Taleb Jawad al-Abdulmohsen avait accusé la police allemande d’être le « véritable moteur de l’islamisme en Allemagne ». « Nous avons besoin de l’AfD (le parti d’extrême droite allemand, crédité de 18 % des intentions de vote en vue des législative du 23 février) pour protéger la police contre elle-même », écrivait-il encore sur X.
« Nous avons épuisé tous les moyens pacifiques »
Poursuivant sur le ton conspirationniste, il assurait que « les gouvernements utilisent la migration de masse comme outil de déstabilisation, qu’il ne s’agit pas d’aider les réfugiés mais de remodeler les nations occidentales de l’intérieur ». Enfin, le 13 août dernier, il assurait que « si l’Allemagne veut la guerre, nous l’aurons. Si l’Allemagne veut nous tuer, nous les massacrerons, nous mourrons ou nous irons en prison avec fierté. » « Parce que nous avons épuisé tous les moyens pacifiques, nous n’avons rencontré que plus de crimes de la part de la police, de la protection de l’État, du parquet, de la justice et du ministère de l’Intérieur. La paix ne leur sert à rien. »
Comment toute cette haine a-t-elle pu échapper à la vigilance des services de renseignements ? « Des études montrent que, dans la plupart des cas, les auteurs d’actes isolés font part de leur intention de passer à l’acte au préalable, sur Internet, rappelle Peter Naumann, expert en terrorisme au King’s College de Londres. Dans un tweet publié il y a quelques jours, Taleb Jawad al-Abdulmohsen a quasiment déclaré la guerre à l’Allemagne. C’était bien sûr un signal d’alarme. Mais si, autrefois, le problème de la police et des services de renseignement était qu’ils n’avaient pas assez d’informations, aujourd’hui, c’est l’inverse. Dans les médias sociaux, il y a des milliers de signaux de ce type chaque jour. Même si l’on doublait les effectifs de la police, cela ne suffirait pas pour vérifier chacune de ces informations. C’est peut-être quelque chose que l’intelligence artificielle pourra aider à l’avenir. »
En Allemagne, le débat autour de la sécurité des marchés de Noël est relancé. L’agression de Magdebourg est survenue quasiment huit ans jour pour jour après l’attaque au camion bélier contre un marché de Noël de Berlin, qui avait fait 13 morts. Les marchés de Noël de la capitale se déroulent depuis sous haute sécurité. Les accès sont barrés à la circulation à l’aide de « hérissons », ressemblant un peu aux dispositifs contre les chars russes qu’on a pu voir dans les rues ukrainiennes au début de la guerre. À Magdebourg, des pylônes avaient été dressés. Leur écartement aurait barré la route à un camion. Mais pas à une voiture.
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