Ce sont les officiers américains qui ont pris le contrôle
À Kiryat Gat, au bord du désert du Néguev, un entrepôt industriel sans histoire est devenu en quelques semaines le cœur discret de l’après-guerre à Gaza. Dans ce Centre de coordination civilo-militaire (CMCC) placé sous conduite américaine se décident l’application du cessez-le-feu, l’acheminement de l’aide et les premières esquisses de la future organisation de l’enclave.
Ouvert le 17 octobre dans une zone industrielle, le bâtiment abrite environ 200 militaires américains, des officiers israéliens et plusieurs centaines de représentants de nombreux pays réunis dans un vaste open-space où diplomates, militaires et experts humanitaires travaillent devant des murs de cartes et d’écrans. Le centre est dirigé par le général Patrick Frank et l’ambassadeur Steven Fagin, dans le cadre du plan en 20 points porté par Donald Trump et validé au Conseil de sécurité.
La première mission du CMCC est de faire tourner la machine humanitaire. Les convois d’aide sont suivis en temps réel par des drones américains, et chaque camion qui franchit un passage vers Gaza est tracé. Depuis l’entrée en vigueur de la trêve, des dizaines de milliers de tonnes de nourriture, d’eau et de matériel médical ont été livrées, tandis que des cantines de campagne servent chaque jour plus d’un million de repas aux déplacés.
Les cartes projetées dans la salle de crise montrent une Gaza découpée en zones. La zone « verte » correspond aux secteurs où l’armée israélienne s’est retirée et où se concentrent la plupart des opérations de secours ; la zone « rouge » désigne les quartiers encore tenus par le Hamas, où vit la majorité des habitants. Entre les deux, une « ligne jaune » matérialise la limite du cessez-le-feu. Officiellement temporaire, elle est déjà décrite par certains responsables sécuritaires israéliens comme une nouvelle ligne de défense appelée à durer.
Dans ce dispositif, les militaires américains se posent en garants de la trêve. Chaque incident sur la ligne de contact remonte aux cellules de suivi, où officiers américains et israéliens examinent les ripostes possibles. Benyamin Netanyahou parle de « concertation étroite » plutôt que de mise sous tutelle, mais à Jérusalem beaucoup reconnaissent que Washington tranche désormais une part croissante des questions sensibles, au prix de tensions ponctuées par des polémiques sur la surveillance et la confidentialité au sein même du centre.
Parallèlement à la gestion du quotidien, le CMCC prépare la phase suivante du plan : déploiement d’une force internationale d’interposition, désarmement progressif du Hamas et installation d’une autorité intérimaire à Gaza. Des scénarios de reconstruction évoquent la création d’une nouvelle agglomération au sud de Rafah, financée par des pays du Golfe et réalisée par l’Égypte, afin de reloger une partie des populations des zones les plus détruites. Dans les échanges informels avec les émissaires américains, le Hamas laisserait entendre qu’il pourrait céder la gestion civile du territoire à une équipe technocratique, à condition de conserver une présence politique et un arsenal limité présenté comme « défensif ».
Pour Israël, cette perspective d’un Hamas affaibli mais toujours présent, combinée à une présence internationale aux portes de l’enclave et à un rôle accru de Washington, nourrit un débat intérieur qui pèsera sur les législatives de 2026. Les partisans d’une ligne dure dénoncent déjà une « demi-victoire », loin de l’objectif d’éradication de la menace. D’autres mettent en avant l’idée qu’un mécanisme de contrôle international solide, conçu à Kiryat Gat, pourrait à terme offrir davantage de sécurité qu’un retour au statu quo.

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