Une histoire de chiffres : neuf bijoux appartenant à la Couronne française ont été dérobés dimanche au musée du Louvre, en l’espace de sept minutes, aux alentours de 9h30. En un claquement de doigts, les quatre malfaiteurs, entrés dans la galerie d’Apollon à l’aide d’une nacelle et une disqueuse, se sont emparés de l’équivalent de plusieurs milliers de diamants et de centaines de pierres précieuses. Une « valeur patrimoniale inestimable », a insisté la ministre de la Culture, Rachida Dati. Un terme qui mérite d’être éclairci.
Parmi ces objets dits « inestimables », les voleurs se sont emparés du diadème de la parure de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense, du collier de la parure de saphir des deux reines, d’une boucle d’oreille d’une paire de la même parure, du collier en émeraude de la parure de Marie-Louise, d’une paire de boucles d’oreilles de cette même parure, d’une broche dite « reliquaire » ainsi que du diadème et du grand nœud de corsage de l’Impératrice Eugénie. La couronne de l’Impératrice Eugénie, elle aussi dérobée, a été retrouvée dans la rue, abîmée, abandonnée par les malfaiteurs en fuite.
Valeur patrimoniale
Dans le cas de ce dernier objet, répertorier le nombre de pierres précieuses (1.354 diamants et 56 émeraudes) ne suffit pas à estimer sa valeur. Et pour cause : « il n’existe pas de valeur juridique à l’inestimable », éclaire Maître Henri Couton, commissaire-priseur. Ainsi, un collier hérité de votre grand-mère peut tout à fait être « inestimable » à vos yeux. Dans le cadre des bijoux de la Couronne, leur « valeur inestimable » n’est pas quantifiable au sens propre de la valeur matérielle mais fait référence à une valeur patrimoniale. « On peut effectivement estimer les diamants un à un, confirme l’expert. Mais le fait qu’un bijou ait été posé sur la tête d’une impératrice ajoute une valeur supplémentaire : sa provenance ».
Un terme qui va de pair avec le caractère « inassurable » des objets exposés au Louvre. « La valeur que l’on déclare dans le cadre d’un vol à son assurance est une valeur de remplacement, continu le spécialiste. Si un objet assuré est volé, on doit pouvoir le remplacer à l’identique ». Or, les œuvres exposées au Louvre sont uniques et ne sont donc assurées que dans le cadre de déplacements.
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Dans les plus grands musées, « on peut estimer que toutes les œuvres sont inestimables », évoque Henri Couton. En partant de ce principe, « il serait impossible de dire combien la France en possède », continue le commissaire-priseur. Et assurer leur sauvegarde en exposant des répliques ? Cela ne servirait à rien. « Le rôle d’un musée est d’exposer, nous n’aurions aucun intérêt à posséder les œuvres originales dans ce cas de figure », même pour des pièces phares comme la Joconde.
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