Bombes anti-bunkers : l’ère du changement commence

L’armée de l’air américaine s’engage dans le développement d’une bombe anti-bunker nouvelle génération, plus légère, plus précise, afin d’améliorer ses capacités face aux bunkers lourds profondément enterrés. Ce projet, baptisé Next Generation Penetrator, est la réponse aux limites révélées lors de frappes récentes, notamment celle menée contre des installations nucléaires iraniennes qui a mis en lumière les défis opérationnels du Massive Ordnance Penetrator .

Un contrat de développement de deux ans a été attribué à Applied Research Associates (ARA), en partenariat avec Boeing. ARA sera responsable de la conception globale du système, tandis que Boeing assurera la fabrication du kit de queue (tail kit) et l’intégration complète de la munition. Les deux entreprises travailleront sur des prototypes à échelle réduite puis à taille réelle. L’objectif : tester la capacité de pénétration, d’explosivité, et de fragmentations sur des cibles dures profondément enterrées.

Le nouveau pénétrateur devra répondre à des critères très exigeants : peser au maximum 10 tonnes, soit nettement moins que le MOP actuel (≈ 13,6 tonnes), tout en conservant ou améliorant le pouvoir de pénétration, de fragmentation et de souffle. Il devra aussi fonctionner dans des conditions où le signal GPS est dégradé ou complètement neutralisé — une exigence qui répond aux réalités modernes du champ de bataille.

Historique et déclencheur
Le MOP, développé dans les années 2000, a été conçu pour venir à bout de cibles profondément enterrées : laboratoires, bunkers nucléaires, centres de commandement ou installations protégées sous béton armé. Lors de l’opération baptisée Midnight Hammer, en juin 2025, plusieurs bombes MOP ont été utilisées contre des sites iraniens réputés très bien protégés : Fordow, Natanz, Ispahan. Si certains dégâts ont été largement rapportés, il est aussi apparu que des installations pourraient se remettre plus rapidement que prévu, ou qu’un usage massif était nécessaire pour atteindre certains objectifs.

Cette opération a souligné les faiblesses du MOP : sa taille imposante limite le nombre d’avions capables de le transporter, son usage coûteux, et sa dépendance aux capacités GPS ou de guidage qui peuvent être perturbées. Ces constats semblent avoir accéléré le besoin de concevoir un engin plus maniable, plus polyvalent, qui peut être employé par un plus grand nombre de plateformes aériennes, y compris les futurs bombardiers furtifs.

Caractéristiques attendues
Le prototype NGP devra donc combiner plusieurs effets : explosion (blast), fragmentation, mais aussi pénétration dans des matériaux résistants. Le dispositif de mise à feu (fuse en anglais) pourrait intégrer des technologies avancées, comme la capacité à détecter des espaces vides souterrains ou des étages dans un bunker pour déclencher l’explosion au moment optimal. La navigation devra pouvoir rester précise même sans appui GPS, via des systèmes inertiels ou hybrides.

Le calendrier fixé vise une livraison des premiers prototypes à échelle réduite dans les 18 à 24 mois suivant l’attribution du contrat, puis des versions pleine taille pour tests complets. Ces délais témoignent d’une volonté de ne pas laisser le vide entre les capacités actuelles et les menaces potentielles, notamment face à des adversaires qui investissent dans des infrastructures souterraines de plus en plus complexes.

Enjeux stratégiques
Ce programme s’inscrit dans une stratégie globale de modernisation des armes pénétrantes de l’USAF. Avec l’apparition de défenses antiaériennes renforcées, d’environnements de guerre électronique et de brouillage du GPS, la maîtrise technologique devient cruciale. Par ailleurs, la capacité d’utiliser des munitions anti-bunker moins lourdes permettra de réduire les contraintes logistiques, de répondre plus rapidement à des menaces dispersées, voire de permettre des frappes depuis des avions avec des capacités de charge moindre.

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