Deux jours avant le début de Pessah, les rues étaient bondées dans les quartiers ultra-orthodoxes de Mea Shearim et Geula, à Jérusalem, jeudi après-midi.
Les acheteurs, nombreux à être venus de l’étranger pour l’occasion, se sont pressés dans les principales rues commerçantes pour acheter des vêtements, des articles ménagers, des cadeaux ou encore des produits alimentaires casher pour Pessah afin de se faire plaisir et de profiter au mieux de la fête de la liberté.
Dans les rues résidentielles adjacentes à la rue principale, les habitants faisaient la chasse au hametz – les produits céréaliers à base de levain interdits pendant cette semaine de fête.
Venu de Lakewood, dans le New Jersey, Shmuel se dit très heureux de pouvoir, pour la première fois, venir passer Pessah en Israël avec les siens. « L’an dernier, nous étions à l’aéroport, sur le point d’embarquer lorsque l’Iran a attaqué Israël, et nous avons dû rentrer chez nous », confie-t-il. « Cela n’en rend que plus spéciale encore notre présence ici. »
Malgré l’augmentation du coût de la vie en Israël, le commerce va bon train dans ce quartier pourtant considéré comme l’un des plus pauvres du pays. Le prix du panier alimentaire pour Pessah a augmenté de 5 % par rapport à l’année dernière, selon une enquête menée par le Conseil israélien des consommateurs.
Nombre de familles se sont affairées en cuisine car la fête commence samedi soir, juste après Shabbat, ce qui signifie que les Juifs religieux doivent préparer deux jours de repas car la cuisine, tout comme d’autres actes productifs, leur sont interdits.
Un homme juif trempe des ustensiles de cuisine dans l’eau bouillante avant Pessah, dans le quartier ultra-orthodoxe de Mea Shearim, à Jérusalem, le 10 avril 2025. (Crédit : AP/Leo Correa)
Etonnamment, plusieurs boulangeries de cette rue exposent fièrement leurs hallot, à la grande surprise de ceux qui ont passé les derniers jours à nettoyer de fond en comble leur maison pour éliminer toute trace de pain au levain. Cette année, la proximité de shabbat et de Pessah fait que le pain devra être mangé entre vendredi soir et le samedi matin, avant l’entrée en vigueur du commandement de retirer toute trace de hametz.

Un homme regarde une boulangerie exposant du pain avant Pessah, dans le quartier de Geula, à Jérusalem, le 11 avril 2025 (Zev Stub/Times of Israel)
Pour ne pas avoir à cuisiner pour deux jours, nombre de personnes font la queue chez les traiteurs pour acheter des plats cuisinés – poulet, viande et autres accompagnements traditionnels.
Chez Hadar Geula, célèbre traiteur, un homme, derrière le comptoir, donne de la voix avec des chansons de Pessah tout en servant des hordes de clients. Un client a commandé un dîner pour dix personnes et après lui, un mari et sa femme se disputent pour savoir s’il faut ou non du gefilte fish [ NDLT : de la carpe farcie].

Des clients se pressent pour acheter des plats pour Pessah chez Hadar Geula, un célèbre traiteur, le 11 avril 2025 (Zev Stub/ Times of Israel)
Devant la boutique, les moins fortunés font l’aumône, invoquant la tradition profondément enracinée d’aider ceux qui sont dans le besoin avant Pessah.
Avec la guerre à Gaza et l’aggravation de la crise économique, des milliers de familles auraient reçu des colis alimentaires de la part d’organisations caritatives locales.
Loin de la foule, dans une rue tranquille, un homme barbu demande à un garçon où se trouve Bnot Yerushalayim, l’une des nombreuses soupes populaires qui distribuent des plats de fête.
« En bas du pâté de maisons, à gauche », lui répond le garçon. « Mais ce n’est pas la peine d’y aller. Ils n’ont déjà plus rien. »
L’homme poursuit sa route, déçu. Un instant plus tard, le garçon le rattrape, le regard déterminé. « Avez-vous besoin d’argent pour les fêtes ? » lui demande-t-il. « J’ai une carte d’alimentation de plus. Tenez, prenez-là. »
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