Bardella et Farage, à qui l’on attribue des propos antisémites.

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En visite au Royaume Uni, le chef du Rassemblement national a tout bien fait pour plaire aux Britanniques inquiets de la crise migratoire.


L’union des droites, à défaut de se faire dans l’hexagone pour l’instant, traverse la Manche. Hier, l’homme politique le plus populaire de France, selon les sondages, est allé à Londres à la rencontre de l’homme politique le plus populaire du Royaume Uni. Entre Jordan Bardella et Nigel Farage, le courant devait passer.

Presque tout les rapproche en principe, de la détermination à maîtriser l’immigration et les frontières à une préoccupation commune de la faiblesse géopolitique du Vieux continent. Ami de Donald Trump, M. Farage assume certainement le diagnostic du nouveau document sur la Stratégie de sécurité nationale des Etats-Unis concernant le risque d’un « effacement civilisationnel » en Europe. De son côté, M. Bardella a confié à la BBC, au cours d’une interview de 47 minutes accordée lors de son passage dans la capitale britannique, qu’il était plutôt d’accord avec ce constat, sans souhaiter que la France se laisse vassaliser par quelque grande puissance que ce soit. 

Un amour contrarié mais une fin heureuse

Autrefois, en tant qu’eurodéputé, Farage se montrait très réticent à l’égard de toute coopération avec la formation politique créée par Jean-Marie Le Pen. Mais à partir de 2017, il s’est laissé convaincre par l’opération de dédiabolisation conduite par Marine Le Pen, allant jusqu’à déclarer cette année-là qu’il pensait qu’elle ferait une très bonne présidente de la République française. À ce moment-là, le RN affichait un euroscepticisme qui a dû plaire à l’homme du Brexit, mais même quand, par la suite, Marine Le Pen a minoré cette tendance, une affinité profonde a persisté au sujet de l’immigration. En tant que remplaçant potentiel – en vue de 2027 – de la présidente du groupe RN à l’Assemblée, Jordan Bardella a été accueilli hier par le chef de Reform UK comme un véritable frère d’armes.

Leur couple fait nécessairement contraste avec celui, cordial mais sans grand enthousiasme, d’Emmanuel Macron et sir Keir Starmer. Le président français et le Premier ministre britannique prétendent tous les deux comprendre les inquiétudes de leur population à propos de la question migratoire, mais les solutions adoptées par eux se révèlent parfaitement inadéquates. Starmer qui, une fois élu à la tête de son pays, a annulé le projet que les Conservateurs avait développé pour envoyer les migrants illégaux au Rwanda, serait tellement désespéré aujourd’hui que son gouvernement aurait commencé des pourparlers avec la Macédoine du Nord pour y créer un hub. En France, le chef de l’État est incapable de peser sur la relation franco-algérienne de manière à pouvoir réduire le nombre d’immigrés qui viennent en France ou rapatrier ceux qui se trouvent sous OQTF.

Divergence des priorités, convergence des intérêts 

Dans le Pas-de-Calais, les opérations des trafiquants de migrants nuisent grandement à la qualité de vie des habitants, mais les médias français s’intéressent relativement peu à cette question. En revanche, côté anglais c’est le drame. Les médias, les politiques et les électeurs britanniques sont justement obsédés par le spectacle quotidien de la porosité de leurs frontières. Jusqu’ici, les autorités des deux pays se sont renvoyé la balle pour la responsabilité de cette situation. Les Britanniques reprochent aux Français de ne pas faire assez d’efforts pour patrouiller leur cote. Les Français reprochent à la perfide Albion de ne pas faire assez d’efforts pour réduire les facteurs « pull » en combattant, par exemple, le marché noir de l’emploi. De temps en temps, la presse anglaise s’excite quand elle entend parler de propositions, côté français, pour adopter de nouvelles tactiques contre les bateaux-taxis de migrants, comme intercepter les pneumatiques dans l’eau ou les immobiliser avec des filets. Mais en vain.

Cette année, Macron a donné un os à ronger à Starmer, un petit os. Il s’agit de l’accord dit « one in, one out », par lequel un certain nombre de migrants ayant traversé la Manche sont renvoyés en France, tandis que le même nombre de migrants en France ayant un solide prétexte pour trouver refuge au Royaume Uni sont envoyés sur le sol anglais. Les fruits de ce programme pilote, lancé en août, sont bien maigres. Fin novembre, 153 migrants avaient été renvoyés en France, et 141 sont arrivés côté anglais. Pas de quoi décourager les trafiquants et leurs clients dont le nombre ayant réussi la traversée cette année a augmenté de 16% par rapport à 2024.

Si MM. Bardella et Farage sont élus en 2027 et 2029, ils feraient sûrement mieux. Ayant déjeuné avec son homologue anglais, Bardella a confié au quotidien le Daily Telegraph que, une fois au pouvoir, il ferait tout le nécessaire pour mettre fin au trafic migratoire transmanche. Il modifierait le règlement afin de permettre aux Britanniques de refouler les bateaux de migrants en les escortant jusqu’aux eaux territoriales françaises. Afin de convaincre les Britanniques de son sérieux, il affirme avoir l’intention d’appliquer la même politique dans la Méditerranée, c’est-à-dire qu’il amènera l’UE à adopter la même pratique en refoulant les bateaux de migrants qui tentent de quitter les eaux territoriales de la Libye ou de la Tunisie.

A ceux qui, de manière prévisible, critiqueraient cette politique sur le plan humanitaire, il a déjà une réponse : de telles mesures n’auraient pas besoin d’être en place très longtemps si, comme il le souhaite, les frontières de la France et de l’UE sont véritablement maîtrisées. Son programme pour l’hexagone – renvoi de migrants clandestins, expulsion des criminels étrangers, accès prioritaire pour les citoyens français aux logements sociaux et aux aides sociales – fera de la France « le pays le moins attractif en Europe pour l’immigration de masse ».

La jalousie est le miroir de la laideur

La rencontre Bardella-Farage intervient au moment où presque une trentaine de pays européens membres du Conseil de l’Europe et signataires de la Convention européenne des droits de l’homme tentent de convaincre la Cour européenne d’appliquer les principes de la Convention de manière à ne pas empêcher les différents États d’expulser des étrangers coupables de crimes sérieux. Si leurs efforts s’avèrent couronnés de succès en pratique, ce ne sera qu’un petit pas vers la maîtrise de l’immigration de masse et la prévention d’un possible « effacement civilisationnel ».

Afin de renforcer l’idée d’un nouvel axe Paris-Londres, Jordan Bardella a posté sur son compte Instagram une photo de lui devant la statue londonienne du Général de Gaulle. On ne peut pas éviter de penser à un autre duo – De Gaulle-Churchill – qui a sauvé l’Europe et à côté duquel le duo Macron-Starmer fait pâle figure.

En France, les macronistes n’entendent pas les choses de cette oreille. Nathalie Loiseau, eurodéputée centriste et ministre en charge des Affaires européennes de 2017 à 2019 – et donc à l’époque du Brexit – a commenté la photo de M. Bardella sur X. Elle se permet de douter du patriotisme du chef du RN, puisqu’il s’affiche en compagnie de Nigel Farage qui « ne cesse de dénigrer la France ». On comprend: de dénigrer la France d’Emmanuel Macron.

En tête de son compte sur X, Mme Loiseau, en toute modestie, affiche une photo du grand Winston… En réalité, ne serait-elle pas tout simplement un peu jalouse ? Et si les perspectives d’avenir n’appartenaient pas aux deux canards boiteux actuellement au pouvoir de chaque côté de la Manche, mais plutôt au couple Bardella-Farage ?

Un porte-parole du parti Reform UK a qualifié ces témoignages d’«accusations entièrement infondées», estimant qu’il n’y avait «aucune preuve pour corroborer ces souvenirs contestables datant d’il y a près de 50 ans».

Le chef du parti anti-immigration Reform UK, Nigel Farage, donné en tête dans les sondages d’opinion au Royaume-Uni, rejette des accusations selon lesquelles il aurait tenu des propos racistes et antisémites lorsqu’il était collégien, a indiqué mercredi son porte-parole.

Le journal de centre-gauche The Guardian a publié mardi un article accusant l’ex-chantre du Brexit d’avoir tenu des propos racistes et antisémites alors qu’il était élève au prestigieux Dulwich College, dans le sud de Londres, dans les années 1970.

L’article s’appuie sur les témoignages d’une douzaine d’anciens élèves, dont celui du réalisateur Peter Ettedgui. «Je n’avais jamais été confronté à l’antisémitisme pendant mon enfance, alors la première fois que ces propos haineux sont sortis de la bouche de Farage, cela m’a profondément choqué», a raconté au journal celui dont les grands-parents ont fui l’Allemagne nazie.

«Hitler avait raison».

Sollicité par l’AFP, un porte-parole du parti de Nigel Farage a qualifié ces témoignages d’«accusations entièrement infondées», estimant qu’il n’y avait «aucune preuve pour corroborer ces souvenirs contestables datant d’il y a près de 50 ans». «Nous nous attendons pleinement à ce que ces tentatives cyniques de diffamer Reform et d’induire le public en erreur s’intensifient à l’approche des prochaines élections», a-t-il ajouté.

Le parti de M. Farage fait depuis plusieurs mois la course en tête dans les sondages d’intentions de vote bien que les élections législatives ne soient pas prévues avant 2029. Dans le Guardian, Peter Ettedgui affirme que lorsqu’il avait 13 ans et était en classe avec Nigel Farage, ce dernier s’approchait de lui en disant «“Hitler avait raison” ou “Gazez-les”, ajoutant parfois un long sifflement pour imiter le bruit des chambres à gaz».

Il raconte en outre avoir entendu d’autres insultes de sa part visant des élèves d’origine pakistanaise. Un autre ancien élève affirme que Farage chantait une chanson raciste et faisait le salut nazi. S’adressant à des journalistes mercredi, un porte-parole de Reform a indiqué que le député ne comptait pas poursuivre le journal en justice «à ce stade» mais que l’option restait sur la table.

JForum.Fr et Causeur

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