Au Caire, l’« hôtel du Hamas » ferme

Vues:

Date:

Au Caire, l’« hôtel du Hamas » ferme

La scène avait de quoi sidérer : d’anciens prisonniers du Hamas, déportés dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu et d’échange d’otages, hébergés dans un cinq étoiles du Caire, au milieu de touristes occidentaux qui n’en savaient rien. L’enquête d’un média britannique a déclenché un électrochoc immédiat : les autorités égyptiennes ont mis fin à cette cohabitation impossible et transféré les intéressés vers un établissement plus isolé, avec un dispositif de sécurité resserré. Le symbole, lui, reste tenace : un confort ostentatoire pour des condamnés, à quelques heures de vol de familles israéliennes toujours en reconstruction.

Selon la presse, le groupe rassemblait plus de 150 hommes, parmi lesquels des profils lourdement condamnés : planificateurs d’attentats contre des bus, recruteurs de kamikazes, auteurs d’enlèvements. La révélation précise même des identités connues des services : le fondateur d’une unité spéciale des Brigades al-Qassam, des responsables impliqués dans des attaques meurtrières à Jérusalem et dans ses environs, ou encore des cadres d’organisations affiliées. Le contraste entre le casier des uns et la naïveté des autres – des équipages de compagnies aériennes choqués d’avoir partagé le buffet petit-déjeuner – a fait le tour des réseaux.

L’épisode a mis en lumière une brèche logistique : quand un pays d’accueil se retrouve, sans transparence, à héberger dans un hôtel grand public des individus expulsés précisément parce qu’ils représentent un danger, le risque n’est pas théorique. Il concerne les autres clients, les personnels, mais aussi la réputation du pays et du groupe hôtelier. La réaction a été rapide : fin de partie au palace, déplacement vers une structure éloignée du centre, contrôles à l’entrée, limitation stricte des mouvements et suivi rapproché des visites.

Reste la question de fond : comment gérer, dans la durée, des centaines d’ex-détenus condamnés pour terrorisme, libérés à la faveur d’un accord inédit ? Le cessez-le-feu a imposé à Israël un prix humain et politique considérable : près de deux mille prisonniers élargis, dont une fraction de condamnés à perpétuité. La logique de l’échange – sauver des vies et rapatrier les otages – n’efface pas le dilemme moral : voir des complices d’assassinats reprendre une vie confortable heurte l’intuition de justice des victimes.

Les autorités égyptiennes se retrouvent en première ligne. Elles doivent concilier des impératifs parfois contradictoires : la stabilité sécuritaire intérieure, la gestion diplomatique d’un dossier ultra-sensible et l’image d’un hub touristique majeur. D’où cette « solution » : regrouper les ex-prisonniers, les éloigner des flux touristiques, encadrer leurs déplacements et, à terme, envisager des relocalisations vers des pays tiers qui accepteront de les surveiller étroitement. Plusieurs destinations régionales sont évoquées par la presse, sans calendrier public.

Sur le plan israélien, le message est double. D’une part, rappeler que ces libérations ne sont en rien une « récompense » mais la contrepartie tragiquement nécessaire pour sauver des otages et conclure un cadre de trêve. D’autre part, exiger que les États qui accueillent ces individus mettent en œuvre des garde-fous solides : hébergement séparé, contrôles continus, impossibilité d’organiser des réseaux ou de lever des fonds, coopération de renseignement et clauses de réexpulsion en cas d’entorse. Israël sait que les « diasporas forcées » de cadres radicaux peuvent, si elles sont mal gérées, devenir des bases arrière.

L’affaire pose également un enjeu pour les grandes chaînes hôtelières internationales : la conformité ne se limite pas aux normes anti-blanchiment et aux listes de sanctions. La sûreté des clients et la diligence raisonnable sur des groupes d’hébergement atypiques deviennent des obligations reputationales. À l’ère des enquêtes sous couverture et des réseaux sociaux, il suffit de quelques images – un visage identifié au bord d’une piscine, une salle de réception partagée – pour déclencher une crise mondiale de communication.

Au-delà de l’émotion, un cadre minimal s’impose : hébergement sécurisé et non mixte, transparence vis-à-vis des opérateurs touristiques, monitoring policier permanent, interdiction des sorties non autorisées et, surtout, impossibilité matérielle de reconstituer des chaînes de commandement. Qu’il s’agisse du Caire ou d’autres capitales prêtes à coopérer, la règle doit être simple : pas de « réhabilitation de luxe », mais un régime strict qui prévient toute récidive ou instrumentalisation politique.

La sécurité des civils israéliens et la dignité des victimes exigent que les ex-prisonniers dangereux ne bénéficient ni d’indulgence, ni d’anonymat confortable. Enfermer ce dossier dans des procédures claires – surveillance, séparation d’avec le public, coopération active avec Israël – est la seule voie responsable. Une trêve utile pour les civils n’a de sens que si elle n’offre aucun dividende opérationnel ou symbolique aux terroristes.

Jforum.fr

La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

La source de cet article se trouve sur ce site

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

PARTAGER:

spot_imgspot_img
spot_imgspot_img