Attentat à Paris : l’épineuse question des repris de justice radicalisés

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Des mois, des années qu’on nous prévient. Le chercheur Hugo Micheron fut le premier lanceur d’alerte. En 2019, il publiait Le Jihadisme français. Quartiers, Syrie, prisons, une fresque saisissante sur la radicalisation islamiste française, dans laquelle il évoquait ces prisonniers radicalisés prêts à passer à l’acte dès leur sortie. « Les maisons d’arrêt sont devenues le premier réservoir humain du djihadisme européen, avec plus de 500 détenus concernés », annonçait-il. En septembre dernier, il évoquait auprès de L’Express ces radicalisés qui « commencent à sortir » de réclusion. Ce samedi 2 décembre, pour la première fois depuis Amedy Coulibaly et Chérif Kouachi, un condamné pour terrorisme a sévi. Entre le quai de Grenelle et le pont de Bir-Hakeim, à Paris, Armand Rajabpour-Miyandoab a tué un touriste germano-philippin au couteau, aux cris de « Allah akbar ». Il avait prêté allégeance à Daech dans une vidéo.

En 2018, il avait été condamné à quatre ans de prison ferme pour association de malfaiteurs terroriste pour un projet d’attentat à La Défense. A sa sortie, en 2020, il était resté fiché S, même s’il assurait, y compris auprès de sa famille, s’être « déradicalisé ». La dissimulation, ou « taqiya », est un classique de l’islamisme, savent les policiers. En 2016, Adel Kermiche affirmait lui aussi être un « musulman modéré » avant d’égorger le père Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray. Impossible de se baser sur la bonne foi des intéressés en la matière. En prison, ni les programmes de déradicalisation ni l’isolement n’ont d’effet notable sur l’idéologie des radicalisés, constatent les services de sécurité.

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Ils sont actuellement un petit millier, 391 détenus terroristes islamistes et 462 détenus de droit commun susceptibles de radicalisation, très exactement, à inquiéter les services de renseignement. Une petite centaine doit être libérée dans les douze prochains mois. Comment prévenir leur passage à l’acte ? Le renseignement tente de les suivre à la trace, dans les limites de l’Etat de droit. Ils peuvent être obligés de pointer au commissariat, jusqu’à une fois par jour, ou de porter un bracelet électronique. Leurs interactions sur les réseaux sociaux sont observées. Les signes d’intention violente sont traqués. Presque toujours, le renseignement parvient à garder un temps d’avance. L’exemple de Rajabpour-Miyandoab montre que le risque zéro n’existe pourtant pas. Et ce, plus avant longtemps. Car qui peut dire que cet attentat est le dernier du genre ?

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