Armée : Sur ou sous les mers, « la plupart des marines auront dronisé leurs flottes à l’horizon 2030 »

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L’avenir des drones militaires ne se dessine pas que dans les airs, mais également sur – et sous – les mers. Si l’on parle énormément, depuis le début de la guerre en Ukraine, des drones utilisés de part et d’autre sur le front, de nombreux engins autonomes ont également servi à neutraliser des navires. L’Ukraine aurait ainsi réussi à détruire un tiers de la flotte russe de la mer Noire, grâce à des drones aériens ou de surface, « y compris des bâtiments de premier rang », précise Pierre-Antoine Fliche, responsable marketing des drones chez Naval Group. Certains navires ont toutefois aussi été atteints grâce à l’emploi de missiles.

Le géant de la construction navale de défense planche de son côté sur toutes les catégories de drones qui pourraient servir au combat naval, particulièrement « les drones de surface, qui sont de véritables petits navires autonomes ; et les drones sous-marins, qui ouvrent tout le spectre de ce qu’il se passe sous l’eau » résume Pierre-Antoine Fliche. Ces engins autonomes seront essentiellement dévolus aux missions de renseignement, de surveillance, de reconnaissance, ou devront effectuer « des missions bien particulières, comme la guerre des mines (détection/neutralisation), la lutte contre les sous-marins ou contre d’autres drones. »

« Une capacité à voir plus loin, ou autre chose »

C’est dans le domaine des drones de surface (USV), « un marché plus mature », que Naval Group est le plus avancé. « Nous développons notamment le SeaQuest S, qui a fait ses premiers essais cet été et qui est disponible à la vente », annonce Pierre-Antoine Fliche. D’une taille variant de 6,50 à 12,50 mètres, l’engin est considéré comme un « petit » drone. Il est « embarquable sur tout type de navire », qui peut ainsi le lâcher et le récupérer en mer. Son autonomie sera de l’ordre de « quelques dizaines d’heures ».

Naval Group planche parallèlement sur un format « M » de drone de surface, d’environ 35 mètres. « On commence vraiment à parler de navire autonome », précise Pierre-Antoine Fliche. Trop grands pour être embarqués dans des navires, ces « loyal wingman » partiront depuis un port pour « s’intégrer dans une force navale et apporter un complément. » « Leur objectif sera d’apporter une capacité à voir plus loin, ou autre chose, que ce que voient les navires, et à aller voir dans des endroits où on n’a pas envie de s’engager. Ils peuvent aussi apporter des capacités de combat. » Son autonomie devrait être de « quelques jours. »

Une autonomie de « plusieurs dizaines de jours » pour les drones sous-marins XL

Dans le domaine sous-marin aussi, plusieurs tailles de drones UUV sont en cours de développement, en fonction des missions. Naval Group développe ainsi des drones sous-marins M et XL, ce dernier mesurant une dizaine de mètres et pesant dix tonnes. « C’est actuellement le plus grand d’Europe, et nous sommes sur un programme de développement technologique avec la Direction générale de l’armement et la Marine pour doter la France de cette capacité ». Le produit devrait être disponible « avant 2030. »

Le prototype de drone sous-marin XL développé par Naval Group.
Le prototype de drone sous-marin XL développé par Naval Group. - Iannis G.

Ces grands navires à l’autonomie de « plusieurs dizaines de jours » sont également conçus pour partir depuis un port et y revenir après leur mission. Ils pourront par exemple être « prépositionnés plusieurs jours à l’avance dans une zone où doit intervenir un bâtiment précieux (sous-marin, porte-avions), larguer de petits drones sous-marins, ou déposer des « colis » au fond de la mer. » Ce type d’engins peut aussi s’avérer intéressant « pour les pays qui n’ont pas de flotte sous-marine (car c’est très long à mettre en œuvre) et qui vont peut-être ainsi accéder à une partie de cette capacité, notamment s’ils évoluent dans des mers relativement fermées » pointe Pierre-Antoine Fliche. Le drone XL peut ainsi « quasiment devenir un substitut » du sous-marin, sans en avoir toutes les capacités, évidemment.

Plus petits, les drones sous-marins « M » sont quand même de beaux bébés de l’ordre de 6 mètres et 1,5 tonne. « Ils peuvent être mis en œuvre depuis des bateaux et des sous-marins. » Naval Group développe aussi des drones aériens (UAV), « car c’est une chose de faire voler un drone, c’en est une autre de le faire atterrir sur un bateau, tout en résistant au vent et à l’air marin, et qui puisse opérer au-dessus de la mer. » Y compris lorsque celle-ci est agitée.

« Nous irons progressivement vers le multidrones »

On peut ainsi imaginer les déploiements maritimes de demain comme de véritables « task group », avec « des plateformes habitées, et d’autres non habitées », chacune jouant sa partition. « On se dirige vers des flottes hybrides à l’horizon 2030, évalue Pierre-Antoine Fliche. D’ici là, la plupart des marines auront « dronisé » au moins un de leur domaine de lutte, je pense notamment à la guerre des mines (un métier risqué, exposé, et méthodique), et elles auront équipé tous leurs bâtiments de premier rang d’au moins un drone, aérien et/ou de surface. »

Puis, « nous irons progressivement vers le multidrones, avec plusieurs drones de surface autour d’un bâtiment, chacun avec une mission particulière, et de la collaboration avec un drone sous-marin, pour lui apporter des yeux au-dessus de la surface. » Naval Group étudie aussi la possibilité de « larguer des drones aériens depuis un sous-marin, tout en laissant le sous-marin immergé, pour lui donner une vision de ce qu’il se passe à la surface. » De premières expérimentations ont déjà été menées.

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