Après le 7 octobre, l’aviation s’adapte

L’armée de l’air israélienne a officiellement dévoilé une nouvelle unité de réaction rapide destinée à contrer les invasions terrestres, tirant les enseignements directs des événements du 7 octobre. Cette initiative marque une rupture doctrinale majeure pour une force longtemps orientée vers les frappes en profondeur contre des ennemis éloignés, plutôt que vers la défense immédiate des frontières nationales.

Selon l’état-major, cette unité est conçue pour entrer en action de manière quasi automatique dès qu’une situation de guerre est déclarée sur un front donné. Concrètement, des hélicoptères armés pourront décoller en quelques minutes, tandis que d’autres appareils seront opérationnels en moins d’une heure, avec pour mission de neutraliser les assaillants avant qu’ils ne s’enfoncent en territoire israélien. L’objectif est clair : éviter que les défenses terrestres ne se retrouvent isolées, comme ce fut le cas lors de l’attaque massive du Hamas.

Cette transformation s’inscrit dans une réforme plus large conduite par le général de brigade Gilad Bar Tal, chargé de repenser le rôle des unités d’hélicoptères. Sous son impulsion, une partie significative des moyens aériens a été réaffectée à la protection des frontières. Le nombre d’hélicoptères, de drones et d’avions de chasse maintenus en alerte permanente a été considérablement augmenté, tout comme le volume de munitions immédiatement disponibles.

Les chiffres illustrent l’ampleur du changement. Avant la guerre, l’armée de l’air était capable de larguer environ seize bombes lors de la première heure d’un affrontement. Désormais, ce chiffre avoisine les soixante. Le nombre d’hélicoptères prêts à intervenir à tout moment a doublé, et la disponibilité des drones pour un déploiement rapide a été multipliée par trois à quatre. Des avions de chasse supplémentaires sont également affectés aux missions de soutien terrestre immédiat.

Sur le plan doctrinal, la défense des frontières a été intégrée officiellement aux missions centrales de l’armée de l’air israélienne, une évolution majeure. Jusqu’au 7 octobre, aucun plan détaillé n’existait pour faire face à une invasion terrestre de grande ampleur. Les responsables militaires reconnaissent aujourd’hui que cette lacune a contribué à la lenteur de la réaction initiale.

Les nouvelles directives reposent sur une analyse approfondie des différentes zones frontalières : Nord, Sud, Cisjordanie, ainsi que les frontières avec la Jordanie et l’Égypte. Chaque secteur présente des contraintes spécifiques. Dans le Nord, un bombardement ciblé de certaines voies peut rapidement freiner une avancée ennemie. Dans le Sud, en revanche, la topographie plus plate permet aux assaillants de contourner plus facilement les obstacles, nécessitant une approche différente.

La coordination avec les forces terrestres a également été renforcée. L’armée de l’air travaille désormais selon des protocoles distincts avec les divisions 210 et 91 dans le Nord, la division 143 à Gaza et la division 877 en Cisjordanie, en fonction de leurs capacités respectives. Une nouvelle base de cibles a été constituée, priorisant les axes d’invasion plutôt que les dirigeants ennemis, afin de stopper les assauts dès leur déclenchement.

Les règles d’engagement ont, elles aussi, été profondément modifiées. Désormais, dès qu’un commandant de front constate que ses forces sont inférieures à celles de l’ennemi, les pilotes disposent non seulement de l’autorité, mais aussi de l’obligation d’ouvrir le feu, y compris sur le territoire israélien. Cette évolution vise à éviter les hésitations observées le 7 octobre, lorsque la crainte de toucher des civils avait paralysé l’action aérienne.

Enfin, l’armée de l’air s’entraîne régulièrement à ces nouveaux scénarios, intégrant l’usage combiné d’hélicoptères, de drones, d’avions de chasse et d’appareils de transport C-130 Hercules pour acheminer rapidement des renforts d’infanterie. Si certains dilemmes subsistent, notamment en cas de prise d’otages, cette nouvelle unité illustre une volonté affirmée de ne plus être prise de court face à une invasion terrestre massive.

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