Les dirigeants politiques libanais ont accueilli favorablement l’initiative du président Joseph Aoun de négocier avec Israël, cherchant à sortir de l’impasse sur le terrain. Le Hezbollah a affiché une approche sereine, tout en préconisant des négociations indirectes. Ce type de négociation n’est pas proposé par Aoun, qui fonde sa démarche sur l’expérience des négociations sur la délimitation de la frontière maritime il y a trois ans.
La proposition d’Aoun apparaît comme une initiative politique visant à sortir le Liban de l’impasse, dans un contexte de crise sur le terrain qui s’aggrave de jour en jour. Cette situation résulte des attaques israéliennes visant des installations du Hezbollah, des sites de stockage ou de fabrication d’armes, de son refus persistant de toute reprise des activités du Hezbollah dans la zone frontalière, de son ciblage des terroristes et de leurs biens, et de son refus de se retirer des zones occupées. Parallèlement, cette occupation sert de prétexte à l’armée libanaise d’achever son déploiement au sud du Litani et d’exercer pleinement son monopole sur les armes dans la région, conformément à la décision du Conseil des ministres.
La réalité du terrain et les négociations à Gaza
Des sources proches de la position d’Aoun ont déclaré à Asharq Al-Awsat que ses dernières propositions reposent sur deux réalités. Premièrement, la situation sur le terrain reste stagnante, tandis qu’une solution diplomatique est la principale option pour mettre fin à la crise dans le sud et aux attaques israéliennes en cours, l’option de la guerre étant « quasi inexistante ». Les propositions d’Aoun s’appuient également sur l’expérience des négociations pour mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza, ce qui correspond à la vision arabe de résolution des conflits, à un moment où les implantations sont au premier plan des options régionales pour résoudre les questions en suspens. Ces options ont reçu l’approbation arabe et internationale.
Aoun avait souligné que « nous ne pouvons rester en dehors de la voie actuelle dans la région, celle de la résolution des crises. Au contraire, nous devons y participer, car il n’est plus possible de tolérer davantage de guerre, de destruction, de massacres et de déplacements. » Lors d’une rencontre avec des journalistes en début de semaine, il avait ajouté : « Aujourd’hui, le climat général est à la recherche de solutions, et des négociations sont nécessaires… La forme de ces négociations sera déterminée en temps voulu. »
Les risques de guerre sont quasiment inexistants.
Une source ministérielle suivant de près l’initiative d’Aoun a déclaré que le président libanais estime que toutes les confrontations devraient se terminer de deux manières : soit par une victoire militaire d’un côté et une défaite militaire de l’autre, soit par une solution diplomatique basée sur la négociation et le dialogue, qui devrait conduire à un accord.
Il a ajouté, dans des déclarations à Asharq Al-Awsat, que la guerre « a peu de chances d’aboutir, et les chances de guerre sont devenues presque inexistantes, ce qui limite les options de négociation ». La source a souligné qu’Aoun « n’a pas parlé d’un accord de paix ou de normalisation, mais plutôt de négociations, dont il n’a pas précisé la forme, dans le but de parvenir à une solution qui mette fin à l’occupation israélienne en cours, sécurise les points frontaliers terrestres, élimine les violations israéliennes de la frontière et résout la crise des territoires occupés qui dure depuis 2006 », en référence à la division du village de Ghajar et à d’autres points de conflit frontalier.

Démarcation des frontières maritimes
Bien qu’Aoun n’ait pas précisé le format des négociations, l’expérience des négociations sur la démarcation de la frontière maritime avec Israël entre 2020 et 2022, sous l’égide des Nations Unies et avec la médiation des États-Unis, est à l’origine de cette proposition. La source ministérielle affirme que cette expérience a « prouvé des résultats significatifs » dans la résolution d’un différend frontalier, et que la solidité de l’accord était trop grande pour être violée pendant les 13 mois de guerre entre Israël et le Hezbollah. « L’accord a tenu malgré l’extension de la guerre et les bombardements de Beyrouth, de la Dahiyeh, de Tel-Aviv et de Haïfa. Le Hezbollah n’a pas ciblé d’installations navales israéliennes et il n’y a eu aucune occupation israélienne des eaux territoriales libanaises », indiquant que les incursions navales israéliennes n’ont pas dépassé les violations des eaux libanaises, comparables à des violations terrestres et aériennes.
Aucune négociation sous le feu des critiques
Ces deux derniers jours, Aoun a présenté son initiative au président du Parlement, Nabih Berri, et au Premier ministre, Nawaf Salam. Il a clairement indiqué lors de ces rencontres que cette initiative, qui vise à sortir de l’impasse actuelle et à mettre fin aux attaques israéliennes, stipule qu’« aucune négociation ne se tiendra sous le feu ». Cela signifie qu’il existe un accord de cessation des hostilités qu’Israël ne respecte ni n’applique. À l’inverse, « le Liban ne peut négocier sous occupation et sous la pression des tirs et des attaques militaires et sécuritaires », selon des sources proches du mouvement. Par conséquent, « Israël doit lever les obstacles et créer un climat propice à des négociations sérieuses qui mettront fin à l’occupation et aux attaques, libéreront les prisonniers et mettront fin aux conflits frontaliers. »
Le confort occidental face à la proposition
Des sources indiquent « la satisfaction américaine, européenne et internationale à l’égard des positions d’Aoun », notant que cette satisfaction se traduit dans les faits « par une pression sur Israël pour faciliter les négociations proposées et la mise en œuvre des accords ».

Alors que la tendance occidentale, il y a quelques mois, était de remettre sur les rails la question des négociations entre le Liban et Israël, quel que soit le niveau des personnes impliquées dans les négociations, les sources confirment qu’après l’empiètement israélien et les pressions militaires, « il y a désormais une compréhension occidentale de la position libanaise », car « l’initiative a reçu des répercussions positives au niveau international », notant que les personnes concernées et influentes dans le dossier libanais « se rendent compte qu’il existe un plan de monopole des armes qui est mis en œuvre par étapes, tandis qu’Israël fait obstacle à son achèvement par son occupation continue du territoire libanais ».
Flexibilité… pas de négociations directes
La compréhension internationale s’étend au soutien libanais à l’initiative, qui n’a pas suscité l’ire du Hezbollah et de ses alliés. Les commentaires à son sujet ont été indirects, tenus dans un langage calme et souple, sans pour autant en rejeter directement l’essence.
Après que le bloc parlementaire du Hezbollah (Fidélité à la Résistance) a souligné « les priorités souveraines qui doivent guider la politique, les positions et les approches du pays afin de faire face à l’occupation et d’instaurer la sécurité et la stabilité », le député du Hezbollah, Hassan Fadlallah, a déclaré samedi qu’« il est du devoir du gouvernement d’assumer ses responsabilités et d’obliger les parties parrainant les accords à cesser les attaques ». Il a expliqué que « la Résistance répondra positivement à toute initiative positive du gouvernement, car l’objectif est de mettre fin à l’effusion de sang et aux sabotages israéliens ».
Les réserves du Hezbollah semblaient se concentrer sur des négociations directes. Son député Ali al-Maqdad a affirmé : « Nous attendons du gouvernement libanais qu’il remplisse son devoir diplomatique et politique, à condition que cette action ne nous conduise pas à d’autres positions, d’autant plus que nous entendons parler de négociations directes avec l’ennemi. » Il a insisté : « Il n’y aura pas de négociations directes avec cet ennemi sioniste. »
Sauf que le Hezbollah, qui bombe encore le torse, a bien compris, qu’il n’avait plus les moyens de s’opposer à quoi que ce soit, signant ainsi cette fois sa mort politique au Liban, après sa mort militaire.
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