C’est une audition qui a beaucoup fait parler aux Etats-Unis. Ce mardi 5 décembre, le Congrès américain, plus précisément la commission de l’éducation de la Chambre des représentants, avait appelé à témoigner sous serment les présidentes des universités de Harvard (Claudine Gay), de Pennsylvanie (Elizabeth Magill) et du MIT (Sally Kornbluth). A l’ordre du jour, un sujet très tendu outre-Atlantique depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas : l’antisémitisme au sein des facultés américaines, alors que de nombreuses tensions et même des affrontements entre étudiants pro-palestiniens et pro-israéliens ont éclaté aux Etats-Unis depuis le 7 octobre dernier.
Les élus du Parti républicain ont notamment pris la main lors de cette audition, estimant que les universités américaines étaient loin d’en faire suffisamment pour lutter contre la haine antijuifs. « L’antisémitisme que nous avons constaté sur vos campus n’est pas sorti de nulle part » s’est insurgée Virginia Foxx, présidente de la commission et élue républicaine de Caroline du Nord, ajoutant que ce rendez-vous était « l’occasion de répondre et d’expier les nombreux cas d’antisémitisme haineux sur vos campus respectifs, qui ont privé les étudiants de l’environnement d’apprentissage sûr qui leur est dû ».
Les trois présidentes se sont défendues de ces accusations, expliquant que les étudiants juifs avaient été interrogés sur leurs craintes, que des groupes de travail sur l’antisémitisme avaient été constitués, et que les codes de conduite avaient été consultés. Elles ont également rappelé avoir condamné « sans équivoque » les attaques du 7 octobre du Hamas.
« Cela dépend du contexte »
Mais une séquence a particulièrement interpellé, lorsqu’une autre élue républicaine, Elise Stefanik, représentante de l’Etat de New York et elle-même diplômée de Harvard en 2006, a posé une question paraissant pourtant simple à Sally Kornbluth, présidente de l’université du Massachusetts : « Est-ce qu’appeler au génocide des juifs est une violation du code de conduite ou des règles du MIT concernant l’intimidation ou le harcèlement ? » La directrice lui répond alors : « S’il cible des individus qui ne font pas de déclarations publiques. » L’élue républicaine insiste ensuite : « Oui ou non ? ». Sally Kornbluth répond finalement « Je n’ai pas entendu d’appel au génocide des juifs sur notre campus. […] Cela ferait l’objet d’une enquête comme harcèlement, s’il est omniprésent et grave. »
Lorsque confrontées à la même question dans la foulée, les directrices de l’université de Pennsylvanie et de Harvard, Elizabeth Magill et Claudine Gay, ont plus ou moins répondu la même chose que leur consœur. « S’il est ciblé et grave ou omniprésent, il s’agit de harcèlement. C’est une décision qui dépend du contexte », a répondu la première, tandis que la seconde a également expliqué que « cela dépendait du contexte » et que « la rhétorique antisémite, lorsqu’elle se transforme en conduite qui s’apparente à de l’intimidation, du harcèlement, l’intimidation, est une conduite passible de poursuites, et nous agissons. »
Des réponses jugées trop timides et loin d’être suffisantes pour l’élue républicaine Elise Stefanik, qui s’est insurgée qu’il s’agissait « de la question la plus simple à laquelle répondre oui ». Celle-ci a également appelé dans la foulée à la démission des trois présidentes d’universités.
Un nombre sans précédent d’enquêtes ouvertes
Le sujet de l’antisémitisme dans les universités américaines est particulièrement sensible depuis l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre dernier et la résurgence du conflit israélo-palestinien. Comme relayé par CNN, le ministère de l’Education américain a ouvert un nombre sans précédent d’enquêtes sur des incidents présumés de haine sur les campus universitaires, que ce soit pour antisémitisme mais également pour « islamophobie ». Huit universités, dont Harvard et Penn, ainsi que quatre districts scolaires font ainsi l’objet d’une enquête.
Parmi les actions récentes, les visages et les noms de certains étudiants prétendument liés à des déclarations anti-israéliennes ont été affichés sur des panneaux à proximité des campus de Harvard et de Columbia. Un étudiant de l’université de Cornell a quant à lui été inculpé pour avoir rédigé une série de messages en ligne menaçant de tuer et de blesser des étudiants juifs.
La situation serait même devenue « intenable » pour le Bureau pour les Droits Civils, chargé de gérer les dossiers de discrimination, et qui n’a pas les moyens humains pour gérer cette hausse des dossiers. Un sujet pointé du doigt par un élu du Parti démocrate, Joe Courtney, qui a critiqué la proposition du Parti républicain de réduire le budget de l’organisation de 25 %, dénonçant que cette coupe budgétaire allait « paralyser la capacité à lutter contre l’antisémitisme » sur les campus.
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