Le torchon brûle entre les Etats-Unis et la Colombie ! Lundi, Bogota a dénoncé une « menace d’invasion » américaine et rappelé son ambassadeur à Washington après les propos virulents de Donald Trump, qui a accusé le président colombien Gustavo Petro de « favoriser la production massive de stupéfiants ».
Dimanche soir, sur son réseau Truth Social, le président américain a qualifié son homologue de « baron de la drogue » et l’a enjoint à « fermer immédiatement ces champs de la mort, sinon les Etats-Unis les fermeront pour lui, et cela ne se fera pas gentiment ». Dans la foulée, il a annoncé la suspension de l’aide financière accordée à la Colombie, sans en préciser la nature, et menacé d’instaurer de nouveaux droits de douane sur les produits colombiens, déjà taxés à 10 %.
L’ambassadeur colombien à Washington rappelé
Face à cette escalade verbale, le gouvernement de Gustavo Petro a réagi avec fermeté. L’ambassadeur colombien à Washington, Daniel García Peña, a été rappelé pour consultations. Sur Blu Radio, le ministre de l’Intérieur Armando Benedetti a évoqué une « menace d’invasion ou d’action terrestre » contre la Colombie, estimant que toute pulvérisation de glyphosate par les Etats-Unis sur les cultures illicites constituerait « une atteinte à la souveraineté ».
Autrefois alliés étroits dans la lutte antidrogue, les deux pays ont vu leurs relations se détériorer depuis l’élection du premier président de gauche en Colombie, en 2022. Washington a retiré à Bogota son statut de partenaire privilégié dans la lutte contre les trafics, tandis que la Colombie a suspendu ses achats d’armes américaines. Cette rupture consacre la fin d’un partenariat stratégique vieux de plusieurs décennies.
La Colombie essaie de calmer le jeu
Gustavo Petro a tenté d’apaiser les tensions en proposant aux Etats-Unis de « supprimer les droits de douane sur la production agricole et agro-industrielle » colombienne, afin de « renforcer la production légale ». Il affirme que Donald Trump est « trompé par ses conseillers » et accuse Washington d’avoir mené une politique antidrogue responsable d’« un million de morts en Amérique latine », une stratégie qui, selon lui, « sert de prétexte pour contrôler la région et obtenir le pétrole bon marché du Venezuela ».
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La Colombie demeure pourtant le premier bénéficiaire d’aides américaines en Amérique du Sud, avec 740 millions de dollars reçus en 2023, dont la moitié dédiée à la lutte antidrogue. Mais la rupture semble consommée : la suspension de ces fonds risquerait d’affaiblir encore la coopération régionale. Selon l’ONU, la Colombie a produit 2.600 tonnes de cocaïne en 2023, soit une hausse de 53 % en un an. Gustavo Petro conteste ces chiffres, préférant miser sur une approche sociale et économique plutôt que militaire pour s’attaquer aux racines du trafic.
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