Une soirée « affreuse » marquée par la mort d’un jeune homme de 21 ans. Pour Halloween, Lucie* ne s’attendait pas à vivre une nuit pareille. Avec des amis, la jeune femme de 27 ans avait choisi de se rendre au « Mille club », une discothèque à proximité de l’autoroute A4. A une quinzaine de minutes au nord de Strasbourg, précisément à Bernolsheim (Bas-Rhin).
« J’y étais déjà venue deux fois et j’avais eu des problèmes. Les videurs parlent mal, il y a beaucoup de cassos… Mais où j’habite, il n’y a pas grand-chose. C’est la plus grosse boîte la plus proche donc on n’a pas trop le choix », témoigne-t-elle auprès de 20 Minutes.
A 23h30, Lucie était sur place… mais encore loin de l’entrée du bâtiment. « On avait réservé mais même dans la voie pour se garer, il y avait plus d’une heure d’attente. C’était déjà le bordel. » Mais rien comparé à ce qu’elle a ensuite vécu à l’intérieur, à l’en croire.
« On était les uns contre les autres, compressé »
« La capacité normale, c’est un peu plus de 1.000 personnes mais là, on devait être trois fois plus. J’ai entendu des chiffres venant de personnes qui y travaillent, ça parlait de 3.000 à 4.000. On était hyper serré », poursuit Lucie, qui n’a que peu profité de la piste de danse. « On n’y est quasiment pas allé car quand je suis allée fumer, j’ai mis vingt minutes pour faire dix mètres et une heure au retour. On était les uns contre les autres, compressé… Je me suis retrouvée bloquée contre une table haute et j’en ai encore un gros bleu car les gens me poussaient pour passer. »
Pas de quoi, donc, avoir envie de s’éterniser. Mais la jeune femme a eu le temps d’assister à une bagarre. La scène tourne encore sur les réseaux sociaux : on y voit un homme être roué de coups par plusieurs autres. Il est même assommé avec une bouteille en verre. « Mais ça n’a rien à voir avec l’homicide. C’est un gars qui a défendu son pote gay », assure Lucie en parlant d’une autre agression, « sur le parking, quand une fille a été frappée par un mec et personne n’a rien fait. Il n’y avait aucune sécurité. »
« Pas mal de filles ont été prises en charge »
Elle insiste d’ailleurs sur ce point : « l’ambiance était lourde. C’était dangereux. » La jeune femme se souvient aussi avoir vu des personnes « sortir des couteaux au coin fumeurs. Ils voulaient montrer qu’ils avaient pu entrer avec […] Il n’y avait pas de fouilles, c’était vraiment n’importe quoi. »
A 2h30, Lucie est repartie avec ses amis. Soit plus de deux heures avant la mort d’un jeune homme. Mais les secours étaient déjà sur place. « Nous étions tellement nombreux qu’il y a eu des malaises. J’ai vu pas mal de filles être prises en charge. » Jusqu’à ce que les pompiers essaient, en vain, de sauver le jeune homme de 21 ans qui venait de recevoir un « coup de couteau au thorax », d’après le parquet. Il était alors environ 5 heures du matin.
« Plus jamais je n’irai là-bas »
« J’ai pu échanger avec des proches de la victime et ils m’ont dit que c’était lié à une bousculade. C’est monté en pression ensuite et voilà », reprend la jeune femme, qui démonte là les thèses d’homicide raciste ou homophobe lancées sur les réseaux sociaux. « Plus jamais je n’irai là-bas », conclut-elle, marquée.
Contactée, la direction du « Mille club » n’a pas répondu à 20 Minutes. Dans un communiqué, les gérants avaient fait part de leur « immense tristesse ». « Nos pensées vont à la famille de la victime à laquelle nous adressons notre soutien et nos pensées les plus sincères. », écrivent-ils encore. Le lieu a été fermé jusqu’à nouvel ordre. Définitivement ? Une pétition en ligne le réclame et a déjà recueilli plus de 1.100 signatures.
*Son prénom a été modifié
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