
Trois hommes sont jugés pour espionnage au profit de Moscou à compter de ce mardi 9 décembre, et jusqu’au jeudi 26 mars 2026, en Allemagne.
Les alliés européens de Kiev face à une nouvelle affaire d’espionnage pro-russe. Le tribunal de Francfort (Allemagne) a entamé, ce mardi 9 décembre, le procès d’un Russe, d’un Ukrainien et d’un Arménien, accusés d’avoir aidé les services de renseignement russes (FSB) à traquer un ancien soldat ukrainien dans le cadre d’un éventuel assassinat.
Selon le parquet fédéral, compétent pour les affaires d’espionnage, l’Arménien Vardges I. aurait été chargé début mai 2024 de surveiller un ex-militaire ayant combattu contre la Russie depuis février 2022 et résidant désormais en Allemagne. Pour mener à bien cette mission, le cerveau de l’opération aurait engagé les deux autres accusés, l’Ukrainien Robert A. et le Russe Arman S..
Un guet-apens qui a échoué
La cible, qui pensait figurer sur une «liste noire» russe après avoir été accusée par Moscou de crimes de guerre, notamment d’exécution de soldats russes, avait elle-même contacté la police soupçonnant d’être espionnée, a expliqué Ines Peterson, porte-parole du ministère public fédéral.
Le trio avait tenté de l’attirer dans un café du centre-ville de Francfort le 19 juin 2024 afin «d’obtenir davantage d’informations à son sujet» et «vraisemblablement préparer d’autres missions de renseignement en Allemagne, y compris éventuellement son élimination».
Méfiante, la présumée future victime avait alors préalablement alerté les forces de l’ordre, qui ont interpellé les individus qui avaient pris la fuite en voiture.
L’ambassade russe à Berlin n’a pas réagi à ces accusations, mais les accusés affichaient confiance et défi dans la salle d’audience. Vardges I. avait un large sourire et Robert A. a levé le pouce et tiré la langue à la cour. Deux d’entre eux se sont serré la main en attendant le troisième.
Une «guerre hybride»
Depuis l’invasion massive de l’Ukraine en février 2022, Berlin, principal soutien européen de Kiev, est devenu une cible privilégiée de campagnes de désinformation, de sabotage, d’intimidation et d’espionnage.
Une «guerre hybride» attribuée au Kremlin, qui a entraîné la multiplication de ce type d’affaires. Fin octobre, Dieter Schmidt, un Germano-Russe a été condamné à Munich à six ans de prison pour avoir échangé des informations avec une personne liée aux services de renseignement russes pendant plusieurs mois, à partir d’octobre 2023, en prévision d’éventuels actes de sabotage. Ses deux complices ont écopé de peines avec sursis.
Un ancien agent secret allemand est jugé depuis deux ans à Berlin pour avoir transmis des informations classées secrètes au FSB à l’automne 2022.
En mai dernier, les procureurs ont également annoncé l’arrestation de trois Ukrainiens soupçonnés d’avoir planifié des actes de sabotage, également pour le compte de la Russie.
Par ailleurs, l’Alternative pour l’Allemagne, parti pro-russe et anti-immigration devenu la deuxième force politique du pays, est suspectée par des élus d’autres groupes d’abuser de son droit aux questions parlementaires afin de collecter des informations sur les infrastructures sensibles allemandes et les transmettre à Moscou.
Avant même le conflit en Ukraine, Moscou était déjà suspecté de mener des opérations clandestines en territoire allemand, notamment l’assassinat d’un ancien combattant indépendantiste tchétchène en plein centre de Berlin en 2019.
Malgré les preuves avancées durant le procès, la Russie a nié toute implication dans ce meurtre, avant de finalement reconnaître que Vadim Krassikov, condamnée en Allemagne pour ces faits, était bien un agent du FSB en 2024.
Lors de sa libération cette même année pendant d’un échange de prisonniers entre la Russie et l’Occident, lui et d’autres agents russes ont été personnellement accueillis par Vladimir Poutine.
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