Aide américaine à l’Ukraine, intégration à l’UE… Zelensky sur tous les fronts

Si les démocrates sont en faveur de cette enveloppe, les républicains, eux, ne sont eux pas tous contre non plus, mais certains exigent, en retour de leur vote, des changements majeurs dans la politique migratoire des Etats-Unis. Les discussions patinent, pour la plus grande inquiétude du président ukrainien. « S’il y a bien quelqu’un qui se réjouit des tractations sans fin au Capitole, c’est Poutine et sa clique de détraqués », a-t-il accusé lundi, exhortant le Congrès à se mettre en ordre de marche.

Un message qu’il répétera devant tous les sénateurs américains ce mardi à 15h, heure française (9h aux États-Unis), puis auprès du président de la chambre des représentants Mike Johnson, et enfin auprès du président démocrate en début d’après midi. Conscient que le sentiment d’urgence s’est bien émoussé à Washington depuis le début de la guerre, le président Biden a demandé au Congrès de coupler sa demande d’aide pour l’Ukraine à une enveloppe d’environ 14 milliards pour Israël, un allié des Etats-Unis en guerre contre le Hamas. Pour l’instant, en vain.

La Maison-Blanche a déjà prévenu qu’elle serait « à court d’argent » à offrir à l’Ukraine d’ici la fin de l’année si rien n’était fait par le Congrès, qui a jusqu’à vendredi 15 décembre pour parvenir à un accord sur des fonds supplémentaires. Les responsables ukrainiens martèlent qu’il leur faut davantage d’armement pour éviter que les frappes russes ne plongent des millions de personnes dans le noir cet hiver, comme l’an dernier. Un risque que Volodymyr Zelensky voit grandir à mesure que la guerre entre Israël et le Hamas concentre l’alerte de la communauté occidentale.

Le risque d’un effet de contagion n’est effectivement pas à exclure, au moment où l’Union européenne discute elle aussi de la poursuite de son aide militaire et financière à Kiev. Au lendemain de l’élection du proeuropéen Donald Tusk en Pologne le 11 décembre, le président ukrainien s’empressait de ramener le projecteur sur son pays, en appelant à l’unité européenne face à Moscou. Car alors que dans trois jours doit se dérouler d’un sommet européen crucial qui décidera de la suite du parcours de l’Ukraine vers l’UE, le pays s’inquiète d’une absence de consensus parmi les 27.

Budapest refuse toujours l’ouverture des négociations européenne en vue d’une adhésion de l’Ukraine, jugeant que ce pays en guerre contre la Russie n’est pas prêt. « Je ne peux pas imaginer les conséquences dévastatrices si le Conseil européen échouait à prendre une décision, non seulement pour l’Ukraine mais aussi pour l’élargissement » de l’Union européenne, a lancé lundi à Bruxelles le ministre ukrainien des Affaires étrangères.

Kiev attend aussi que l’UE poursuive son soutien à son effort de guerre, et espère le déblocage d’une aide de 50 milliards d’euros sous forme de dons et de prêts, ainsi que celui d’une aide militaire de 5 milliards d’euros. Mais là encore, la Hongrie s’obstine dans son refus, en dépit d’une très forte pression de ses partenaires. Lundi 11 décembre, la vidéo d’un échange visiblement intense entre le dirigeant hongrois Viktor Orban et Volodymyr Zelensky, réunis en marge d’une rencontre à Buenos Aires, a été publiée par le Sénat argentin. Les chefs de la diplomatie des deux pays ont aussi indiqué avoir eu un échange « très long » et « franc » à Bruxelles à ce sujet.