« AI washing ». L’art d’en finir avec le tape-à-l’œil technologique. Les israéliens évitent les effets d’annonce.

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UN ARTICLE DE FORBES. Une tribune écrite par Grégory Herbert, CEO de Frisbii

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L’IA frugale, elle, prend le contrepied. Invisible mais efficace, elle travaille en coulisses, allège la facture énergétique comme le budget, et produit des résultats mesurables. Surtout, elle redonne à l’humain sa juste place, là où son jugement et son intuition demeurent irremplaçables.

Fausses promesses, vrai pouvoir de nuisance

Rien de neuf sous le soleil : les entreprises cherchent depuis toujours à polir leur image, quitte à travestir la réalité. On se peint en vert pour paraître durable, même quand le fond ne suit pas. Après le greenwashing, voici venu le temps de l’« AI washing ».

Car trop souvent, l’IA n’est pas conçue pour résoudre des problèmes concrets, mais pour donner une impression de modernité. Chatbots génériques, copilotes standardisés, agents automatiques interchangeables : autant de solutions clinquantes, mais creuses. L’IA se réduit alors à un simple outil de communication, avec des effets collatéraux. Aux États-Unis, pas moins de douze recours collectifs liés à l’IA ont déjà été déposés au premier semestre, preuve que l’embellissement finit toujours par se retourner contre ses auteurs.

Et derrière cette façade se cache un enjeu plus grave encore : la soutenabilité. Selon McKinsey, la consommation électrique des data centers européens triplera presque d’ici 2030, principalement à cause de l’essor de l’IA générative. Ces modèles voraces engloutissent puissance de calcul et investissements, pour un retour sur valeur souvent incertain. Beaucoup d’entreprises y brûlent énergie, budgets et crédibilité, séduites par des démonstrations spectaculaires, mais inefficaces au quotidien. À ce rythme, sans bascule vers une IA plus sobre et mieux intégrée, le système risque de s’effondrer sous son propre poids.

L’IA ne doit pas devenir un produit en soi

L’IA frugale, mise en avant lors du dernier AI Summit de Paris, n’est pas un effet de mode, mais une invitation à changer de perspective : faire plus avec moins. Son utilité ne se mesure pas à des effets de manche, mais à sa capacité à se glisser dans les rouages existants, à améliorer des processus déjà éprouvés sans alourdir l’organisation. Dans cette logique, l’IA n’a pas à devenir un produit ou un argument de communication. Elle doit rester un levier au service de la performance quotidienne

Et l’expérience est claire : les grands projets conçus dans les sièges, décidés loin du terrain et sans problème précis à résoudre, échouent plus souvent qu’ils ne réussissent. Les véritables réussites émergent ailleurs, au contact du réel, là où les équipes manquent de temps, peinent à retenir leurs clients ou se débattent avec des procédures trop lourdes. C’est dans ces difficultés concrètes que l’IA trouve sa légitimité et démontre sa valeur, pas à pas, autour de cas d’usage ciblés et de données fiables. Encore faut-il en tirer les conséquences : traiter uniquement ce qui est nécessaire, s’appuyer sur des algorithmes sobres, utiliser des infrastructures adaptées. Mais surtout, savoir dire non, et n’introduire l’IA que là où elle change réellement la donne.

Une technologie qui n’a pas d’avenir sans l’humain

L’efficacité technique ne suffit pas. Sans regard humain, l’IA peut vite se retourner contre ceux qui l’utilisent. L’automatisation, lorsqu’elle envahit des domaines sensibles comme la relation client, finit par produire des expériences négatives, éroder la confiance et enfermer les décisions dans le court terme. L’IA doit rester un appui. Elle peut accélérer le traitement des cas simples et préparer le terrain, mais dès que l’interaction devient complexe, émotionnelle ou éthique, c’est à l’humain de garder la main.

Même les modèles les plus avancés, capables de prédire un départ de client, de détecter une fraude ou d’analyser des comportements, n’ont de valeur que dans le cadre qu’on leur fixe. Ils exigent une surveillance constante et une cohérence claire avec les objectifs poursuivis. Livrés à eux-mêmes, ils finissent souvent par optimiser les mauvais indicateurs, en privilégiant le chiffre d’affaires immédiat plutôt que la confiance, ou en renforçant des biais déjà présents. La transparence et l’empathie doivent donc peser autant que la performance technique.

L’impact plutôt que le bruit

Le débat autour de l’IA frugale met une chose en lumière : l’avenir ne se jouera pas dans les annonces tapageuses, mais dans l’efficacité réelle. Les entreprises qui choisissent des applications ciblées, sobres en ressources et capables de démontrer leur impact gagnent non seulement en compétitivité, mais aussi en crédibilité auprès de leurs clients, de leurs partenaires et de leurs investisseurs.

Ce qui n’est aujourd’hui qu’un effet de mode peut devenir un atout stratégique durable, à condition de privilégier l’impact plutôt que le spectacle.


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