Célèbre en Israël mais adulé à Hollywood : qui est Marwan Barghouti, le prisonnier palestinien que les militants palestiniens tentent de libérer ?
Plus de 200 personnalités du monde du spectacle ont signé une pétition demandant la libération de Marwan Barghouti, emprisonné en Israël. Qui Hollywood souhaite-t-il couronner « Mandela palestinien » et futur dirigeant d’un État palestinien ?
par Adi Nirman
Depuis les événements du 7 octobre 2023, l’implication d’Hollywood dans la guerre israélo- palestinienne s’est fait fortement sentir. Que ce soit par le biais de manifestations et de pétitions menées par des stars contre Israël, de critiques envers les partisans d’Israël ou du silence assourdissant d’autres face à l’attaque du Hamas et à ses conséquences. Mais ces derniers mois, une proposition, à la fois nouvelle et ancienne, pour gérer ce conflit qui ravage le Moyen-Orient depuis des décennies a refait surface parmi les stars d’Hollywood : la libération de Marwan Barghouti.
Près de 200 personnalités du monde du spectacle ont signé une pétition demandant sa libération des prisons israéliennes, dans l’espoir que ce prisonnier palestinien devienne le dirigeant d’un futur État palestinien. Parmi les signataires, on retrouve des noms connus internationalement, comme les acteurs britanniques Sir Ian McKellen et Benedict Cumberbatch, le musicien Sting, ainsi que les actrices juives Miriam Margolyes – principalement connue pour son rôle dans la saga Harry Potter – et Hannah Einbinder, qui rejoignent des acteurs ayant déjà exprimé leurs positions anti-israéliennes au fil des ans, tels que Mark Ruffalo et Javier Bardem.
Au vu du soutien manifeste des stars hollywoodiennes à Barghouti, on ne peut que se demander : qui Hollywood veut-il couronner comme le « Mandela palestinien » et le futur dirigeant d’un État palestinien ?
Agent du Fatah âgé de 15 ans
Né en 1959 dans un village près de Ramallah, Marwan Barghouti rejoint le Fatah, mouvement terroriste affilié à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), à l’âge de 15 ans. Les autorités israéliennes l’arrêtent une première fois à 19 ans et il purge une peine de deux ans de prison pour son implication dans un attentat terroriste perpétré au sein d’une unité du Fatah. Durant la première Intifada, à la fin des années 1980, Barghouti acquiert une influence politique considérable en Cisjordanie en dirigeant les affrontements palestiniens avec les forces israéliennes. Il s’inscrit à l’université de Birzeit pour étudier l’histoire et les sciences politiques, mais son militantisme pour le Fatah sur le campus et son implication dans la création de son mouvement de jeunesse lui valent une nouvelle incarcération, suivie d’une expulsion vers la Jordanie.
Barghouti est retourné en Judée-Samarie en 1994, grâce aux accords d’Oslo. Il a soutenu ces accords et a même entamé un dialogue avec des personnalités politiques israéliennes, une approche qui contrastait fortement avec son comportement antérieur au sein du Fatah. Il a commencé à s’opposer à Yasser Arafat, alors chef du Fatah, notamment en raison de désaccords avec l’Autorité palestinienne. Parallèlement, il a profité de l’occasion pour consolider son pouvoir au sein du Fatah, que ce soit en participant à des manifestations de masse ou en soutenant et en promouvant des terroristes du Tanzim – les forces terrestres du Fatah, qui ont mené des attaques terroristes contre Israël pendant la seconde Intifada, qu’il a dirigée en 2000.
Lorsque la seconde Intifada éclata en septembre, il organisait des marches vers les points de contrôle israéliens et provoquait des émeutes contre les soldats israéliens. Ses discours percutants incitaient les Palestiniens à recourir à la violence pour chasser Israël de Cisjordanie et de la bande de Gaza. Face à l’intensification des violences, le Fatah créa une nouvelle branche terroriste, les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, qui mena des attaques contre des Israéliens, notamment un attentat-suicide en mars 2002 qui fit 30 victimes.
Les autorités israéliennes ont accusé Barghouti, alors à la tête des Brigades Tanzim, d’occuper un poste important au sein de ces dernières. Les forces israéliennes l’ont arrêté en avril 2002 après avoir localisé son téléphone. Israël l’a inculpé d’appartenance à une organisation terroriste et de dizaines de meurtres pour avoir ordonné des attaques meurtrières. En 2004, les tribunaux l’ont reconnu coupable de cinq chefs d’accusation et l’ont condamné à cinq peines de prison à perpétuité, assorties de quarante années supplémentaires.
L’ancien dirigeant palestinien Yasser Arafat (à droite) et le dirigeant du Fatah Marwan Barghouti (à gauche) assistent à un rassemblement commémorant la fondation du mouvement Fatah en 1965, dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie (Photo : Mohammed Rawas/AP/Archives).
Le tribunal a reconnu Barghouti responsable d’une attaque survenue en juin 2001 à Ma’ale Adumim et ayant entraîné la mort du moine grec Tsibouktsakis Germanus, de l’enlèvement et du meurtre en janvier 2002 de la citoyenne américaine Yoela Hen, d’une attaque perpétrée en mars 2002 au restaurant Seafood Market de Tel Aviv, qui a coûté la vie à trois personnes, Eli Dahan, Yosef Habi et Salim Barakat, ainsi que d’un attentat à la voiture piégée à Jérusalem.
Le lien avec le Hamas
Malgré deux décennies d’emprisonnement, Barghouti a conservé une grande partie de son pouvoir politique – notamment en jouant un rôle clé dans la facilitation des négociations entre le Hamas et le Fatah en février 2007 avant l’éviction sanglante du Fatah de la bande de Gaza, et en obtenant son élection par contumace à la direction du parti Fatah en 2009.
Tout au long des négociations entre le Hamas et Israël depuis le 7 octobre, le Hamas a exigé à plusieurs reprises la libération de Barghouti, malgré son appartenance au Fatah, organisation rivale. Cette demande s’inscrit dans le cadre des débats sur l’avenir de Gaza, notamment la succession de Mahmoud Abbas à la tête de l’Autorité palestinienne et le rôle futur du Hamas dans la politique palestinienne. Face à l’impopularité d’Abbas et à la volonté du Hamas d’étendre son influence en Cisjordanie, Barghouti, qui, selon les sondages, bénéficie d’un soutien important, apparaît comme son successeur naturel.
Des manifestants brandissent des pancartes à l’effigie de Marwan Barghouti, figure de proue du Fatah palestinien et détenu palestinien le plus médiatisé en Israël, et réclament sa libération lors d’un rassemblement de solidarité avec les Palestiniens à Paris le 29 novembre 2025. (Photo : JULIEN DE ROSA / AFP)
En mars dernier, Fadwa Barghouti a lancé une campagne pour son mari, espérant qu’il puisse succéder à Abbas à la présidence. Sa campagne, qui a notamment inclus des rencontres avec de hauts responsables du monde arabe et des États-Unis, a également reçu le soutien de stars hollywoodiennes pro-palestiniennes. Barghouti est en effet présentée comme une dirigeante capable d’unifier le peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie.
Le Hamas avait déjà tenté d’obtenir la libération de Barghouti lors des négociations portant sur le retour du soldat israélien Gilad Shalit, enlevé en 2006. Malgré cela, Israël avait fermement refusé, et l’accord avait été conclu avec la libération de plus de 1 000 prisonniers de sécurité en échange de Shalit. Cet accord continue aujourd’hui encore de susciter la controverse au sein de la société israélienne. Compte tenu des risques liés à la libération de Barghouti, celle-ci n’a pas été envisagée lors des négociations de l’opération « Épées de fer ».
JForum.fr avec ILH
Similaire
La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.
La source de cet article se trouve sur ce site


Le masochisme est de retour