Baroukh Dayan HaEmet,
בָּרוּךְ דַּיַּן הָאֱמֶת
Ainsi dit-on , quand nous apprenons le décès d’un homme, pour bénir Dieu, même quand ce que l’on apprend nous attriste, car le Dieu Un est le même qui est à l’origine du Bien et de ce que nous percevons comme une douleur. Dans le cas d’espèce, bien que l’inéluctable arrive, c’est une profonde tristesse qui frappe sa femme Gilberte, ses proches d’abord , ses amis et la Communauté.
Rares sont les hommes capables de combattre pour un idéal communautaire, de se mettre au service des autres, dans le cadre d’une vision juive et morale et surtout son combat incessant pour Israël et la Shoah.
Est-ce une simple impression ? Mais mon sentiment profond est que la société arrive de moins en moins à produire des hommes dont la qualité humaine reste conforme à l’idéal. Les générations se suivent, mais se ressemblent de moins en moins. Sur la perspective du temps long, on constate avec amertume et nostalgie une forme de chute morale. « Il fut un temps » disons nous. Oui, il fut un temps où les hommes avaient une profondeur d’âme, où nous sentions le poids du passé antique en eux, dont ils étaient encore les messagers. Il y a dans la société actuelle du superficiel et de l’artefact, du prêt à penser en 160 caractères, une déshumanisation rampante des sociétés et des hommes, qui mène tout droit à la pensée elle aussi artificielle, celle où l’homme s’éloigne de la Parole, la leur, celle de Dieu, et celle qui est consubstantielle à l’Homme.
Nos combats, à Moïse et à moi, qui portons le même prénom et presque le même nom, ont fusionné presque naturellement dans les années 1990. C’était le grand frère en quelque sorte, celui qui avait plus d’expérience et plus de vécu. L’engagement était le même ; remettre en place la vision d’une communauté ouverte à tous, au temps où le Consistoire était une véritable institutions capable de drainer un intérêt.
La victoire de l’Équipe d’AVEC, dont je faisais partis, avec beaucoup d’autres amis, aujourd’hui en grande partie malheureusement disparus, avaient permis à Moïse de devenir avec Roger Pinto Za’l Président du Consistoire de Paris. Malgré les combats, souvent source de conflits, nous étions restés amis. Il m’arrivait d’aller le chercher à son bureau non loin de son domicile, pour déjeuner ensemble et échanger pour le simple plaisir de se retrouver. C’était un homme de culture, et quand il voulait s’exprimer, c’était bien volontiers que je faisais paraitre ses articles sur JForum.fr. On ne manquait pas d’échanger de temps à autre, bien que ces derniers temps je le savais fatigué.
Une longue vie de combats, de désenchantements face à une communauté émiettée, mais aussi faite de quelques réussites. Malgré toutes les frictions, nous étions des amis sincères. Depuis qu’il n’était plus aux responsabilités, nous avions gardé des liens amicaux et nous échangions avec plaisir pour entretenir cette amitié.
À toi Moïse, mon grand frère de combat, je tiens à te confirmer, que tu reste présent dans mon souvenir, celui des temps heureux où nous avions le bonheur d’être ensemble.
תהי נפשׁך צרורה בצור החיים
Que ton âme soit à jamais liée au faisceau de la Vie éternelle.
Moshé COHEN SABBAN.
Un des articles de Moïse COHEN
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