À Beer-Sheva, l’hôpital Soroka, en partie détruit par un missile, attend toujours de l’État les fonds nécessaires à sa reconstruction.

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L’été aura été chaud pour les Israéliens en vacances ou au travail, mais pas seulement ; la canicule a étouffé l’économie d’Israël qui a transpiré pour faire face aux enjeux d’une guerre interminable.

Comme si les défis économiques et financiers n’étaient pas cruciaux en cet été 2025, le ministre des Finances Bezalel Smotrich s’est fait surtout remarquer par ses déclarations et décisions relatives à l’avenir de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. En revanche, l’économie d’Israël n’a pas beaucoup retenu l’attention du ministre des Finances.

En cette rentrée 2025, l’économie israélienne n’est pas préparée à la poursuite de la guerre à Gaza ; une guerre dont le coût exorbitant représentera un coup dur pour la croissance et le pouvoir d’achat des Israéliens.

Année perdue

Les douze jours de guerre avec l’Iran en juin dernier ont coûté cher à l’économie israélienne ; le PIB a baissé de 3,5% durant les mois d’avril-mai-juin 2025, notamment en raison :

  • de la chute de la consommation privée de 5%,
  • et de l’effondrement des investissements de 12%.

En un trimestre, l’économie israélienne a perdu un an de croissance. Mais ce n’est sans doute pas une raison suffisante pour provoquer une réaction du ministre des Finances qui devrait intervenir davantage pour éviter que 2025 ne devienne une année perdue pour l’économie du pays.

Dans un contexte politique surchauffé, le ministre des Finances Smotrich n’a pris aucune décision majeure qui semblait s’imposer.

  • À la mi-août par exemple, une mauvaise nouvelle est tombée pour les 100.000 Israéliens qui sont restés bloqués à l’étranger durant les douze jours de la guerre contre l’Iran : Smotrich s’est opposé à leur accorder des indemnisations.
  • Refusant de reconnaître l’ampleur de la crise, Smotrich n’a pas jugé urgent de désigner un nouveau directeur du Budget, en remplacement de Yogev Gardos qui a quitté officiellement son poste le 22 août dernier. À ce jour, aucun fonctionnaire n’a été nommé pour le remplacer. Difficile, dans ces conditions, de gérer efficacement les fonds publics.

Gestion défaillante

Pourtant, la guerre interminable exige une gestion efficace des fonds publics. Le budget 2025 voté en début d’année misait sur une fin de guerre à Gaza au premier semestre ; or celle-ci s’est poursuivie, intensifiée et étendue à d’autres fronts (Iran), exigeant des rallonges budgétaires.

Il a fallu attendre la fin août pour que le Conseil des ministres approuve une rallonge budgétaire de 31 milliards de shekels pour 2025, relevant le déficit budgétaire de 4,9% à 5,2% du PIB ; une rallonge qui permettra au Trésor de garder la tête hors de l’eau jusqu’à la fin de l’année mais qui exige encore un vote de la Knesset. D’ici-là, le ministère de la Défense continuera de jongler avec les chiffres et le Trésor public s’endettera davantage pour faire face à des dépenses imprévues.

Faute de budget suffisant, de nombreux dégâts causés par la guerre sont toujours en attente de reconstruction. Les Israéliens dont le logement a été ravagé par un missile iranien doivent se débrouiller seuls pour se reloger. À Beer-Sheva, l’hôpital public Soroka en partie détruit par un missile iranien attend toujours de l’État les fonds nécessaires à sa reconstruction.

Quant au budget 2026, il n’a été ni préparé, ni soumis au gouvernement jusqu’à cette rentrée de septembre 2025.

En prenant en compte que la dernière session parlementaire a pris fin le 27 juillet et qu’une nouvelle session ne reprendra que le 19 octobre prochain, il est dorénavant certain que l’année 2026 démarrera sans budget voté : une catastrophe économique en perspectives, surtout en situation de guerre qui exige que l’État puisse fonctionner avec un budget adapté à ses besoins.

On ne peut que regretter que, durant l’été, Bezalel Smotrich ne se soit pas démené pour l’économie israélienne comme il l’a fait pour la (re)colonisation de Gaza.

à propos de l’auteur

Jacques Bendelac est économiste et chercheur en sciences sociales à Jérusalem où il est installé depuis 1983. Il possède un doctorat en sciences économiques de l’Université de Paris. Il a enseigné l’économie à l’Institut supérieur de Technologie de Jérusalem de 1994 à 1998, à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 2002 à 2005 et au Collège universitaire de Netanya de 2012 à 2020. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles consacrés à Israël et aux relations israélo-palestiniennes. Il est notamment l’auteur de « Les Arabes d’Israël » (Autrement, 2008), « Israël-Palestine : demain, deux Etats partenaires ? » (Armand Colin, 2012), « Les Israéliens, hypercréatifs ! » (avec Mati Ben-Avraham, Ateliers Henry Dougier, 2015) et « Israël, mode d’emploi » (Editions Plein Jour, 2018). Dernier ouvrage paru : « Les Années Netanyahou, le grand virage d’Israël » (L’Harmattan, 2022). Régulièrement, il commente l’actualité économique au Proche-Orient dans les médias français et israéliens.

TIMES OF ISRAEL.

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