Iran: Téhéran en ébullition, la colère se propage

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Iran: Téhéran en ébullition, la colère se propage

De grandes manifestations ont éclaté depuis plusieurs jours à Téhéran, sur fond de crise économique aiguë et de colère populaire croissante contre le régime.
Inflation, pénuries, effondrement du pouvoir d’achat : la rue iranienne gronde, malgré la répression et les menaces des autorités.

Pourtant, le régime a déjà surmonté de graves crises internes par le passé, et le problème central demeure l’absence d’une opposition organisée capable de remplacer le pouvoir en place. Dès lors, qu’est-ce qui pourrait véritablement inquiéter le Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, et le clergé ?

Le pouvoir reconnaît lui-même que la situation économique alimente la contestation, tandis que le régime tente de détourner la colère vers un « ennemi extérieur ». La pression monte au cœur même de la République islamique.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les prix alimentaires ont explosé de 72 %. Le rial s’est effondré à un niveau historique, atteignant 1,42 million pour un dollar. Dans n’importe quel pays normal, un tel choc provoquerait une crise politique majeure. Dans une théocratie fondée sur le mensonge, il provoque quelque chose de bien plus dangereux : une remise en cause existentielle du régime.
Dans la rue, les slogans sont sans équivoque. « Ni Gaza, ni le Liban, je sacrifie ma vie pour l’Iran ». Tout est dit. Le peuple iranien ne veut plus payer pour l’obsession impériale de ses dirigeants, ni financer le Hamas, le Hezbollah ou la croisade anti-israélienne pendant que ses propres enfants ne mangent plus à leur faim. L’hostilité envers Israël, pilier idéologique du régime, se retourne contre ses architectes.
Plus encore, certains manifestants scandent « Pahlavi reviendra ». Le tabou ultime est brisé. Reza Pahlavi, héritier de l’ancienne monarchie, se dit prêt à conduire un gouvernement de transition. Qu’on l’apprécie ou non, le simple fait que son nom soit acclamé dans la rue est un aveu d’échec cinglant pour la République islamique : elle n’a plus de récit mobilisateur, plus de promesse crédible, plus d’avenir à offrir.

La police iranienne a fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc contre des milliers de commerçants qui manifestaient contre la flambée des prix et l’effondrement de la monnaie locale, tandis que le gouvernement annonçait la tenue d’une réunion d’urgence pour tenter de résoudre la crise économique qui s’aggrave. Fait rare, des manifestants ont également scandé des slogans en faveur du shah et de l’ancienne famille royale.

Le mouvement de protestation économique qui avait débuté la veille à Téhéran, la capitale iranienne, a continué de prendre de l’ampleur, des milliers de commerçants et d’habitants descendant dans les rues à divers endroits de la ville.
De nombreux quartiers de Téhéran ont vu leur activité commerciale paralysée, les commerçants ayant rejoint les manifestations.

Des manifestations ont également été signalées à l’université Amir Kabir de Téhéran, où des étudiants ont annoncé une grève de la faim en solidarité avec les commerçants manifestants et pour protester contre ce qu’ils décrivaient comme des conditions difficiles dans les dortoirs étudiants.

La contestation s’intensifie dans plusieurs villes

Carte des manifestations confirmées. Il y en a beaucoup d’autres, mais elles n’ont pas encore été confirmées.

Une chose est sûre cependant : la dynamique s’accentue.

L’économie iranienne, déjà fragilisée par des décennies de sanctions occidentales, l’est davantage depuis le rétablissement fin septembre par l’ONU des sanctions internationales levées il y a dix ans, liées au programme nucléaire de l’Iran.
Les négociations sont au point mort sur ce sujet avec les États-Unis et l’incertitude qui résulte de 12 jours de guerre en juin contre Israël pèse également sur la conjoncture.

Le président iranien Massoud Pezeshkian a estimé qu’États-Unis, Israël et Européens menaient une «guerre totale» contre son pays, dans un entretien publié samedi.
Il a affiché dimanche sa détermination à combattre l’inflation et la vie chère, lors d’une présentation au Parlement du budget pour l’an prochain.
Le chef du pouvoir judiciaire, Gholamhossein Mohseni Ejeï, a pour sa part déclaré que «quiconque accumulait (des devises étrangères) était un criminel et devait être traité avec fermeté».

Pour Israël, et pour l’Occident lucide, cette séquence est lourde de sens. Le régime iranien n’est pas fort : il est fragile, survit par la violence, et s’effrite de l’intérieur. Sa haine obsessionnelle d’Israël n’est pas une preuve de puissance, mais une diversion destinée à masquer son incapacité à gouverner. Chaque missile envoyé par procuration à Gaza ou au Liban est payé par un Iranien qui s’appauvrit.
L’histoire montre que les régimes idéologiques ne tombent pas toujours sous les coups de leurs ennemis extérieurs, mais sous le poids de leurs propres mensonges économiques. L’Union soviétique l’a appris. L’Iran pourrait être le prochain.
Rien n’est joué. Le régime est brutal, armé, et prêt à tuer pour survivre. Mais une chose est désormais claire : le mythe de la stabilité iranienne s’est fissuré. Et lorsque la peur change de camp, même les dictatures théocratiques découvrent que le temps ne joue plus en leur faveur.

JForum.fr avec ILH, La Matinale et lefigaro.fr
Des milliers de personnes manifestent à Téhéran contre la crise économique iranienne. Photo : Arab Networks

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