Le veto israélien redessine l’industrie diamantaire
Israël a récemment bloqué l’accession du Qatar à la présidence du Processus de Kimberley, l’organisme international chargé de surveiller l’industrie diamantaire mondiale. Cette décision, actée à l’issue de discussions diplomatiques discrètes mais déterminantes, illustre la volonté de Jérusalem d’utiliser les leviers économiques internationaux pour défendre ses lignes rouges sécuritaires. Le ministre israélien de l’Économie, Nir Barkat, a assumé publiquement ce choix, estimant incompatible la candidature qatarie avec les missions fondamentales de l’organisation.
Créé pour lutter contre le commerce des « diamants de sang », le Processus de Kimberley réunit aujourd’hui 86 États et entités industrielles majeures. Son objectif est d’empêcher que l’extraction et la commercialisation des diamants ne financent des conflits armés, l’exploitation d’enfants ou des réseaux terroristes. La présidence de ce mécanisme repose sur une règle stricte : l’unanimité des membres est requise, conférant à chaque pays un droit de veto effectif.
Dès la fin de l’année 2024, Doha avait manifesté son intention de prendre la tête de l’organisation pour 2025. Cette initiative s’est heurtée à l’opposition ferme d’Israël, qui a utilisé son veto pour bloquer la nomination. Le Qatar a ensuite tenté une nouvelle candidature pour 2026, mais la position israélienne n’a pas varié. Face à cette résistance, l’émirat a finalement retiré son dossier, permettant l’élection de l’Inde à la présidence du Processus de Kimberley.
La fermeté israélienne s’inscrit dans une ligne politique assumée depuis plusieurs années. Nir Barkat a multiplié les prises de position dénonçant le rôle du Qatar sur la scène régionale et internationale, accusant l’émirat de soutenir des organisations classées terroristes, dont le Hamas. Selon lui, confier la direction d’un organisme garantissant l’intégrité de la chaîne d’approvisionnement mondiale en diamants à un tel acteur affaiblirait gravement la crédibilité du dispositif.
Dans ce contexte, le ministre a formellement notifié le ministère israélien des Affaires étrangères ainsi que le représentant d’Israël auprès du Processus de Kimberley que toute présidence qatarie était inacceptable. Cette instruction n’était pas sujette à négociation. Barkat a également rappelé que la réputation de l’industrie diamantaire dépend largement de la confiance des marchés et des États partenaires, une confiance qui, selon lui, serait mise en péril par une direction controversée.
Au-delà de la dimension symbolique, l’enjeu est économique. Israël est un acteur historique du commerce mondial du diamant, notamment à travers sa bourse diamantaire et son savoir-faire en taille et en certification. La stabilité et la transparence du secteur sont considérées comme stratégiques, tant pour les exportations que pour les relations commerciales avec l’Asie, l’Europe et l’Amérique du Nord.
En empêchant l’élection du Qatar, Israël a envoyé un signal clair : les institutions économiques internationales ne sont pas neutres sur le plan sécuritaire. Pour Jérusalem, la lutte contre le financement du terrorisme ne se limite pas aux champs militaire et diplomatique, mais s’étend aux instances régulant les flux financiers et commerciaux mondiaux. Cette décision, qui a ouvert la voie à une présidence indienne plus consensuelle, illustre une approche pragmatique visant à préserver la crédibilité d’un mécanisme clé de l’économie mondiale.
Jforum.fr
Similaire
La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.
La source de cet article se trouve sur ce site

