Somaliland : un choix stratégique israélien

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Somaliland : un choix stratégique israélien

La reconnaissance du Somaliland par Israël a suscité de nombreuses interrogations diplomatiques et stratégiques, bien au-delà de la seule question bilatérale. Situé dans la Corne de l’Afrique, ce territoire autoproclamé indépendant depuis 1991 occupe une position géographique qui attire l’attention des puissances régionales et internationales, notamment en raison de sa proximité avec la mer Rouge et le golfe d’Aden.

Au cœur de cette équation se trouve le détroit de Bab el-Mandeb, passage maritime essentiel reliant la Méditerranée à l’océan Indien via le canal de Suez. Une part significative du commerce mondial, y compris les flux énergétiques, transite par ce couloir étroit. Depuis plusieurs années, la navigation y est fragilisée par les attaques répétées des Houthis, soutenus par l’Iran, qui utilisent drones et missiles pour perturber le trafic maritime, en invoquant notamment la guerre à Gaza.

Dans ce contexte, la reconnaissance israélienne du Somaliland est interprétée par certains observateurs comme un mouvement stratégique visant à renforcer une présence indirecte dans une zone clé du commerce mondial. Le Somaliland, voisin de l’Éthiopie et de Djibouti, abrite notamment le port de Berbera, modernisé avec l’appui des Émirats arabes unis, qui y voient un relais logistique majeur sur la mer Rouge.

Cette initiative s’inscrit dans une région déjà marquée par une forte concurrence internationale. La Turquie a accru sa présence militaire et économique en Somalie et au Soudan, tandis que plusieurs puissances occidentales, dont la France et les États-Unis, disposent de bases à Djibouti. Pourtant, cette accumulation d’intérêts ne se traduit pas nécessairement par une stabilité accrue. La plupart des États de la zone demeurent fragiles ou déchirés par des conflits internes.

Le Soudan est plongé dans une guerre civile prolongée. La Somalie peine à se relever de son effondrement étatique des années 1990, marqué par l’intervention internationale et l’épisode du « Black Hawk Down » en 1993. L’Érythrée reste isolée et économiquement exsangue, tandis que l’Éthiopie a récemment traversé de graves troubles internes.

De l’autre côté de la mer Rouge, le Yémen demeure divisé après des années de guerre civile, opposant le gouvernement soutenu par l’Arabie saoudite au Conseil de transition du Sud appuyé par les Émirats arabes unis. Cette instabilité chronique souligne une réalité souvent sous-estimée : la faiblesse structurelle de la région.

Si la reconnaissance du Somaliland peut apparaître comme un atout diplomatique pour Israël, ses bénéfices stratégiques réels restent discutés. Les attaques houthies ont démontré qu’il est possible de perturber gravement le trafic maritime avec des moyens rudimentaires et peu coûteux, tout comme les pirates somaliens le faisaient autrefois avec de simples embarcations et des armes légères. La Corne de l’Afrique, pauvre en ressources naturelles, n’offre pas nécessairement un retour stratégique proportionnel aux risques politiques et sécuritaires qu’elle implique.

En définitive, si de nombreux acteurs – de l’Iran aux puissances occidentales – affichent des intérêts dans cette zone, leur engagement demeure mesuré. La reconnaissance israélienne du Somaliland illustre davantage une manœuvre d’équilibre régional qu’un bouleversement majeur de l’ordre stratégique mondial.

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