Côte d’Ivoire – Cameroun : Pourquoi c’est toujours le bordel chez les Lions indomptables lors des grandes compétitions ?

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Il y a un petit côté intimidant, à l’image de certains surnoms de combattants de MMA qui vous donnent des sueurs froides avant même de mettre un pied dans l’octogone. Les Lions indomptables, c’est pareil. Une équipe féroce, puissante, inarrêtable, prête à vous déchiqueter sur son passage. Sauf que, depuis quelques années, le lion camerounais s’est transformé en gentil chaton dont les griffes peinent à érafler son adversaire.

Le quintuple vainqueur de la Coupe d’Afrique des nations, qui affronte la Côte d’Ivoire ce dimanche, n’a plus cette crinière flamboyante, ce rugissement royal et ces dents acérées comme des feuilles de boucher. Et la victoire face aux Panthères du Gabon, lors du premier match de cette CAN au Maroc, ne change pas grand-chose, même si ça a pu apporter un peu de calme. Le Cameroun est arrivé au Maghreb sens dessus dessous, avec un changement de sélectionneur à peine trois semaines avant le début de la compétition.

Crise de couple entre la Fecafoot et le ministère

Réputé au pays mais sans référence internationale, David Pagou a succédé à Marc Brys qui s’était retrouvé au milieu d’une guéguerre entre le ministère des Sports et la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) dirigée par la légende et melon d’or Samuel Eto’o. L’ancien buteur du Barça n’a pas digéré que le Belge ait été nommé, en 2024, par l’Etat sans son aval, alors qu’il avait proposé trois autres profils.

« L’équipe nationale fonctionne sur la base d’un couple entre le ministère des Sports et la Fecafoot, explique l’ancien international Paul Alo’o Efoulou. Ces derniers temps, il y a eu pas mal de divergences entre les deux, ça a créé beaucoup de remue-ménage et, surtout, ça a dégradé un petit peu le fonctionnement qu’il y avait entre les deux. Dans un couple, quand ça ne fonctionne pas, il y a des failles qui surgissent et qui n’ont pas été refermées jusqu’ici. »

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Résultat, en juillet, la Fecafoot a décidé de « démissionner » Marc Brys après des réunions houleuses, insultes comprises, entre le Belge et les membres de la Fédé dont Samuel Eto’o. Une décision évidemment pas du goût des hautes sphères de l’Etat, via le ministre des Sports Narcisse Mouelle Kombi, qui ont tenu lui à montrer leur soutien. Marc Brys est donc resté à la tête de la sélection, jusqu’à début décembre après la non-qualification au Mondial 2026.

L’avenir des Lions indomptables incertain

Avant de définitivement tourner la page des Lions indomptables, Brys a quand même dévoilé la liste des joueurs qu’il aurait pris pour cette CAN, quelques heures après celle donnée par Pagou. Où des joueurs comme Onana ou Aboubakar, deuxième meilleur buteur de l’histoire de la sélection, ne figurent pas. Contrairement à celle de Pagou, évidemment. Idéal pour remettre un peu d’huile sur le feu, qui ne manquait pourtant pas de braises déjà ardentes.

« Le mal profond qu’a fait Marc Brys, c’est de jouer de cette tension entre Fédé et ministère pour pouvoir asseoir un petit peu son leadership au sein de la tanière, reprend l’ancien joueur de Nancy. Et ça a divisé même le groupe en lui-même. Pour reconstituer ça, c’est souvent très long. C’est quelque chose qui a été vraiment malsain. Ça a été vraiment très, très, très dangereux. Et je pense qu’on va le payer pendant longtemps. »

Le Cameroun est donc arrivé au Maroc dans une ambiance des plus électriques. « C’est comme si on partait d’une feuille blanche, mais partir d’une feuille blanche pour jouer directement une grande compétition, ce n’est pas vraiment l’idéal, estime Jean-Joël Perrier Doumbé, ancien international camerounais, qui a disputé la CAN 2004. On ne connaît pas le style de l’entraîneur, on ne connaît pas ce qu’il va mettre en place… »

Encore et toujours des problèmes

Une habitude pour les Camerounais, habitués à disputer des grandes compétitions au milieu de conflits et de guéguerres internes. Morceaux choisis parmi les derniers exemples marquants en date.

  • CAN 2024 : Le gardien André Onana avait décidé de rester avec son club jusqu’au 14 janvier (début de la compétition le 13) et avait été mis de côté par le sélectionneur Rigobert Song pour les matchs décisifs. En parallèle, des polémiques avaient éclaté après la sélection de Nathan Doualla (17 ans) dont la véracité de l’âge avait été remise en cause.
  • Coupe du monde 2022 : André Onana, toujours lui, avait là aussi été écarté par Rigobert Song pendant la compétition. Samuel Eto’o avait, de son côté, assisté à un match du Sénégal avec le maillot des Lions de la Teranga sur le dos. Cerise sur le gâteau, le président de la Fecafoot avait aussi asséné un coup de genou au visage d’un youtubeur algérien.
  • CAN 2019 : Tenants du titre, les Camerounais ont refusé d’embarquer pour l’Égypte où se dispute la compétition, exigeant une réévaluation de leurs primes. « J’ai passé de nombreuses nuits blanches quand j’étais sélectionneur (1999-2001) parce que les joueurs menaçaient de ne pas jouer à cause de primes non réglés », expliquait Pierre Lechantre dans Le Monde.
  • Coupe du monde 2014 : Après une première défaite face au Mexique, la sélection explose face à la Croatie (4-0), un match durant lequel Benoît Assou-Ekotto assène un coup de tête à son propre coéquipier Benjamin Moukandjo.

« Au Cameroun, on dit une chose, la sélection n’est jamais aussi bonne que quand elle est en difficulté, quand elle est au bord du gouffre, assure Perrier Doumbé. C’est vrai qu’il y a pas mal de matchs qui le prouvent. On dit que c’est une spécialité camerounaise, c’est un vrai dicton qui a ses vérités. » Reste que tous ces épisodes nébuleux n’ont jamais abouti à une victoire finale des Lions indomptables. Au contraire de la CAN 2017 que le Cameroun avait gagnée dans une relative tranquillité.

La pression des fans se heurte à la réalité

Avec toutes ces tensions, et une sélection relativement renouvelée sans grande star (hormis Bryan Mbeumo, qui évolue à Manchester United), le Cameroun dispute cette CAN sans véritable objectif fixé par les instances. D’un autre côté, les supporteurs des Lions indomptables espèrent, eux, toujours se rapprocher de l’Egypte, qui compte le plus grand nombre de trophées dans la compétition (sept).

« Ce qui est dommage avec le Camerounais, c’est qu’il ne se met jamais à la hauteur de la réalité, assure Paul Alo’o Efoulou. On vit un petit peu avec nos légendes. Et les autres pays rattrapent ou dépassent la légende. Il ne faut pas qu’on se dise qu’on y va pour gagner. Il faut qu’on se dise qu’on est dans une reconstruction. Maintenant, on oublie toutes les querelles et on est à 200 % derrière la sélection. On fera les engueulades après la compétition. » Et sur ce point, on est sûr que le Cameroun arrivera à tenir ses objectifs.

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