Pour Israël, les Kurdes sont un allié naturel au cœur du monde musulman: un peuple non arabe, sans État, avec lequel il partage des intérêts sécuritaires face à des ennemis communs. Pour la Turquie, cette relation est une source d’inquiétude majeure, source de craintes d’un contournement stratégique.
Doctrine de la périphérie: L’alliance des parias
Cette alliance s’appuie sur une doctrine et une convergence d’intérêts.
La profondeur stratégique: depuis les années 1960, Israël a cultivé des liens clandestins avec les Kurdes (principalement en Irak) dans le cadre de sa « doctrine de la périphérie », créant des alliances avec des minorités et des pays non arabes afin de contrebalancer l’hostilité du monde arabe.
Israël a fourni une aide humanitaire, une formation militaire et des conseils en matière de renseignement, et a considéré les Kurdes comme un contrepoids à la stabilité des régimes de Bagdad et de Damas.
Reconnaissance et soutien publics: Israël a été le seul pays au monde à soutenir publiquement le référendum sur l’indépendance du Kurdistan irakien en 2017.
Du point de vue de Jérusalem, un État kurde indépendant est un pilier de stabilité et de démocratie relatives, qui pourrait servir de rempart contre l’expansion iranienne et l’agression turque.
Moyens de pression sur Ankara et Téhéran
Il y a d’abord les préoccupations turques. Ankara perçoit l’aide israélienne aux Kurdes comme une tentative délibérée de porter atteinte à l’intégrité territoriale de la Turquie.
Chaque fois que les relations entre Jérusalem et Ankara se détériorent, Erdogan accuse Israël de soutenir le « terrorisme kurde » afin d’exercer une pression politique.
Puis l’atout en matière de renseignement. La proximité géographique des Kurdes avec l’Iran et la Syrie fait d’eux un partenaire de renseignement de premier plan pour Israël.
La capacité de recueillir des informations sur les mouvements des milices iraniennes et le programme nucléaire iranien depuis les abords mêmes de Téhéran constitue un atout stratégique qu’Israël ne peut se permettre de négliger.
Conclusion
La relation entre Israël et les Kurdes est une alliance de destin partagé dans un espace hostile. Si Israël les considère comme un élément essentiel pour contenir l’Iran et contrebalancer la Turquie, pour les Kurdes, Israël est le seul partenaire occidental qui ne les ait pas trahis au fil des ans. Cette relation offre une protection supplémentaire à Israël, mais constitue simultanément l’un des principaux points de tension face aux ambitions impérialistes d’Erdogan.
JForum.fr avec Nziv
Crédit : Moshe Binieli, analyste géopolitique. Crédit photo : Kurdistan 24
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