Quand l’Iran parle de guerre ouverte
Les déclarations récentes du président iranien Massoud Pezeshkian marquent une escalade verbale significative dans le climat déjà tendu du Moyen-Orient. Dans une interview publiée sur le site officiel du Guide suprême, le chef de l’exécutif iranien a affirmé sans détour que la République islamique se considère en « guerre ouverte » contre les États-Unis, Israël et l’Europe. Une formule lourde de sens, qui dépasse le registre habituel de la rhétorique diplomatique iranienne.
Selon Pezeshkian, la menace actuelle serait même plus grave que celle posée par la guerre Iran-Irak des années 1980. Ce conflit, long de huit années, reste profondément ancré dans la mémoire collective iranienne. Pourtant, le président estime que la situation contemporaine est plus complexe et plus dangereuse. À l’époque, explique-t-il, l’ennemi était clairement identifié et les lignes de front bien définies. Aujourd’hui, l’affrontement serait multiforme, diffus et permanent.
Le président iranien décrit une pression exercée sur tous les plans : économique, politique, culturel et sécuritaire. Selon lui, l’Iran ne ferait pas face uniquement à des menaces militaires directes, mais à un encerclement global destiné à empêcher le pays de se relever. Sanctions économiques, isolement diplomatique, campagnes d’influence et tensions régionales formeraient, à ses yeux, les différentes composantes d’un même conflit. Cette vision s’inscrit dans le discours officiel de Téhéran, qui présente régulièrement ses difficultés internes comme le résultat d’une stratégie extérieure coordonnée.
Sur le plan militaire, Pezeshkian a toutefois voulu afficher une posture de confiance. Il affirme que l’Iran est aujourd’hui bien mieux préparé qu’auparavant, tant en termes d’équipements que de ressources humaines. Le développement de capacités balistiques, le renforcement des forces régulières et l’expérience acquise à travers des conflits indirects dans la région sont présentés comme des atouts majeurs. Le message est clair : toute attaque directe contre l’Iran entraînerait, selon lui, une riposte « plus décisive » que par le passé.
Ces propos interviennent dans un contexte diplomatique particulièrement sensible. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu doit prochainement rencontrer le président américain Donald Trump en Floride. Les discussions annoncées doivent porter sur les prochaines étapes concernant Gaza, mais aussi sur les équilibres régionaux plus larges, dont l’Iran constitue un acteur central. La question d’une force internationale de stabilisation figure également à l’agenda, signe que les États-Unis et Israël réfléchissent à des scénarios de long terme.
Du côté de Washington, la ligne officielle reste prudente mais ferme. Des responsables américains ont récemment rappelé que le comportement de l’Iran, au Moyen-Orient comme au-delà, est considéré comme un facteur majeur de déstabilisation. L’administration Trump privilégierait cependant une stratégie fondée sur le durcissement des sanctions, l’isolement international et la pression diplomatique, plutôt que l’ouverture d’un nouveau front militaire comparable à celui de la guerre de juin.
Les déclarations de Pezeshkian s’inscrivent donc dans un moment charnière. Elles traduisent à la fois une volonté de dissuasion, un message adressé à l’opinion publique iranienne et un avertissement lancé aux adversaires de Téhéran. En qualifiant la situation actuelle de « guerre ouverte », le président iranien assume une lecture conflictuelle des relations internationales, qui risque de peser durablement sur la stabilité régionale et sur les choix stratégiques des grandes puissances impliquées.
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