Triomphes et drames d’une année charnière pour Israël

L’année 2025 restera comme l’une des plus denses et des plus contrastées de l’histoire récente d’Israël et du monde juif. Entre avancées diplomatiques inattendues, drames humains profonds et secousses politiques internes, elle a cristallisé à la fois l’espoir, la douleur et les fractures d’une époque instable. Rarement une seule année aura concentré autant de tournants décisifs, révélant la fragilité des équilibres régionaux et l’évolution du regard porté sur l’avenir juif, en Israël comme en diaspora.

L’un des moments charnières fut sans conteste l’entrée en vigueur du cessez-le-feu à Gaza, le 10 octobre 2025. Après plus de deux années de guerre ininterrompue, l’accord conclu en Égypte a ouvert une parenthèse inattendue. Sous l’impulsion des États-Unis, avec l’implication directe de l’entourage du président Donald Trump, Israël et le Hamas ont accepté un compromis longtemps jugé hors de portée. En quelques jours, vingt otages israéliens vivants ont retrouvé leurs familles, tandis que les corps de victimes retenues depuis des années étaient rapatriés. Pour une société épuisée, ce fut un rare moment d’unité nationale.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a présenté cet accord comme un objectif stratégique majeur atteint. La visite de Trump à Jérusalem, peu après, a renforcé cette lecture, le président américain évoquant une « nouvelle phase régionale ». Pourtant, cette pause n’a pas signifié la fin du conflit, mais plutôt une suspension lourde d’incertitudes.

L’année a également été marquée par l’un des drames les plus poignants depuis le 7 octobre : les funérailles de la famille Bibas. En février, des foules silencieuses ont accompagné Shiri et ses deux enfants, Ariel et Kfir, jusqu’à leur dernière demeure. Le deuil a dépassé les frontières israéliennes, devenant un symbole universel de l’horreur infligée aux civils. Même dans un pays habitué aux épreuves, cette tragédie a laissé une cicatrice durable.

Sur le plan stratégique, 2025 a vu un basculement historique avec la confrontation directe entre Israël et l’Iran. La « guerre des Douze Jours » a mis fin à des décennies d’affrontements indirects. Les frappes israéliennes sur des sites nucléaires iraniens, suivies de ripostes massives de missiles et de drones, ont plongé la région dans une tension extrême. L’intervention américaine et le cessez-le-feu du 24 juin ont interrompu l’escalade, mais sans dissiper les menaces à long terme. Pour Israël, cette guerre a marqué la fin de l’ombre stratégique ; pour l’Iran, elle a représenté un revers militaire majeur.

À ces crises sécuritaires se sont ajoutées de profondes turbulences politiques internes. La demande de grâce présidentielle déposée par Netanyahu auprès du président Isaac Herzog a provoqué un choc institutionnel sans précédent. Jamais un Premier ministre en exercice n’avait franchi un tel pas tout en clamant son innocence. Cette démarche, combinée aux scandales comme le Qatargate et aux tensions au sein des services de sécurité, a exposé les fragilités du système politique israélien en pleine guerre.

À l’international, 2025 a aussi révélé une montée préoccupante de l’antisémitisme. L’attentat de Bondi Beach en Australie, la politisation extrême de l’Eurovision et l’interdiction de supporters du Maccabi Tel Aviv à Birmingham ont alimenté un sentiment croissant d’insécurité dans les communautés juives occidentales. Ces événements ont renforcé l’idée que la protection des Juifs ne peut plus être considérée comme acquise, même dans des démocraties établies.

Enfin, sur le plan stratégique et symbolique, le déploiement du système de défense israélien Arrow en Allemagne a illustré un renversement historique : la technologie israélienne assurant désormais la sécurité d’un pays marqué par la Shoah. Une image forte, à la fois lourde de mémoire et tournée vers l’avenir.

Ainsi, 2025 n’a pas seulement accumulé des événements marquants ; elle a redéfini des lignes de fracture durables. Entre résilience, deuil et recomposition des alliances, Israël et le monde juif sont sortis de cette année profondément transformés.

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