Les coulisses d’une aide israélienne

Vues:

Date:

Les coulisses d’une aide israélienne

Une enquête récente met en lumière un volet discret mais stratégique de l’action israélienne en Syrie : le soutien militaire apporté aux forces druzes confrontées aux violences du conflit syrien. Selon les informations révélées, Israël a transféré plusieurs centaines d’armes aux groupes druzes du sud de la Syrie, principalement issues de prises réalisées lors des affrontements contre le Hezbollah et le Hamas. Ces livraisons ne se limitaient pas à des armes légères : elles incluaient également des munitions et des équipements de vision nocturne, renforçant significativement les capacités opérationnelles des milices locales.

Cette aide aurait atteint son intensité maximale au printemps, dans un contexte particulièrement dramatique. En avril, le sud de la Syrie a été le théâtre de massacres visant notamment des populations druzes, perpétrés par des forces loyales au régime d’Ahmad al-Charaa. Face à ces violences, l’assistance israélienne s’est inscrite dans une logique d’urgence, visant à permettre aux Druzes de se défendre dans un environnement devenu brutalement hostile.

À partir de l’été, un changement de cap s’est toutefois opéré. À mesure que s’esquissaient des contacts diplomatiques entre Jérusalem et Damas, le soutien militaire offensif aurait été progressivement réduit. Israël aurait alors privilégié une aide dite non létale, comprenant des gilets pare-balles, du matériel de protection et une assistance médicale. Cette inflexion traduit une volonté de limiter les risques d’escalade régionale tout en maintenant un filet de sécurité minimal pour les communautés druzes menacées.

Parallèlement, d’autres acteurs se sont impliqués. Les Forces démocratiques syriennes auraient apporté leur propre soutien aux forces druzes, en fournissant notamment des missiles antichars, des images satellites et un financement estimé à au moins un demi-million de dollars. Cet appui visait à structurer davantage l’organisation militaire druze, dans un contexte où les équilibres de pouvoir restent extrêmement fragiles en Syrie.

L’enquête évoque également des discussions plus ambitieuses, aujourd’hui mises en sommeil. Après la chute du régime d’Assad, des échanges auraient eu lieu entre Israël et des représentants druzes autour de la création éventuelle d’un État druze autonome dans le sud de la Syrie. Le chef spirituel druze Hikmat al-Hijri aurait même présenté, début 2025, des cartes détaillant ce projet à des responsables occidentaux. Cette perspective, lourde de conséquences géopolitiques, semble cependant avoir été abandonnée par Jérusalem au profit d’une approche plus prudente.

Pour Israël, l’aide accordée aux Druzes répond à plusieurs logiques imbriquées. Elle est d’abord sécuritaire, dans la mesure où le sud de la Syrie constitue une zone sensible aux portes du plateau du Golan. Elle est aussi morale et communautaire : la protection des Druzes syriens fait écho au « pacte de sang » unissant l’État hébreu à sa propre communauté druze, dont les membres servent massivement au sein de Tsahal.

Cette politique révèle néanmoins les limites de l’action israélienne en Syrie. Soutenir une minorité menacée sans déclencher une confrontation directe avec Damas, contenir l’influence iranienne tout en évitant un embrasement régional, et répondre aux attentes druzes sans ouvrir la voie à une redéfinition des frontières : autant de dilemmes stratégiques qui expliquent le recentrage actuel de Jérusalem. L’aide militaire apparaît ainsi comme un levier tactique, pensé pour répondre à une urgence, mais non comme le socle d’un projet politique durable.

Jforum.fr

La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

La source de cet article se trouve sur ce site

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

PARTAGER:

spot_imgspot_img
spot_imgspot_img