Washington hésite face à l’urgence israélienne
Les médias arabes évoquent ces derniers jours un obstacle politique inattendu susceptible de freiner une éventuelle attaque israélienne contre l’Iran. Selon plusieurs analyses relayées dans le monde arabe, ce blocage ne viendrait ni de l’Europe ni des institutions internationales, mais directement de Washington. En cause : les hésitations croissantes de l’administration américaine et les divisions internes du camp conservateur aux États-Unis.
L’analyste politique saoudien Mohammed Al-Sattohi, installé à New York, a détaillé cette lecture lors d’une intervention télévisée. Selon lui, Benjamin Netanyahu reste convaincu que la menace stratégique majeure pour Israël se situe en Iran, indépendamment des fronts actifs à Gaza, au Liban ou en Syrie. À ses yeux, les capacités militaires iraniennes, et en particulier le programme balistique, représentent désormais le cœur du problème sécuritaire.
D’après Al-Sattohi, l’Iran aurait perdu une part significative de ses capacités lors de la récente « guerre des Douze Jours », mais se serait engagé dans un réarmement rapide. Des informations circulant dans les cercles diplomatiques font état de coopérations accrues avec la Russie et la Chine, afin de reconstituer et moderniser ses stocks de missiles. Pour Israël, le temps joue donc contre lui : plus l’attente se prolonge, plus Téhéran serait en mesure de restaurer, voire de dépasser, ses capacités antérieures.
Dans cette perspective, Israël chercherait à empêcher l’Iran d’atteindre une forme d’impunité régionale, comparable à celle observée en Syrie ces dernières années. L’objectif ne serait plus prioritairement nucléaire, ce dossier étant jugé temporairement contenu, mais bien balistique. Des frappes ciblées visant des infrastructures précises sont évoquées comme une option crédible, à condition d’obtenir un feu vert américain, même limité.
C’est précisément sur ce point que les réserves apparaissent. Selon Al-Sattohi, Donald Trump se montrerait aujourd’hui beaucoup plus prudent qu’auparavant. La raison principale tiendrait à l’état de sa base politique. Le courant républicain, traditionnellement très favorable à Israël, traverse une phase de tensions internes. Une partie des électeurs conservateurs exprime une lassitude face aux engagements extérieurs et s’inscrit davantage dans une logique isolationniste.
Ces fractures ont été particulièrement visibles lors d’un récent rassemblement de Turning Point USA, où deux visions se sont opposées : celle des interventionnistes, pour qui Israël demeure un allié stratégique central, et celle du courant « America First », favorable à un recentrage strict sur les priorités nationales américaines. Cette rivalité idéologique complique toute décision impliquant un risque de conflit régional majeur.
Dans ce contexte, la visite récente en Israël du sénateur Lindsey Graham a rappelé que le soutien à Israël reste un marqueur fort au sein du Parti républicain. Il a affirmé qu’aucun candidat crédible en 2028 ne pourrait espérer l’emporter sans afficher un appui clair à l’État hébreu. Toutefois, cette position ne suffit plus à masquer les doutes croissants sur l’opportunité d’une confrontation directe avec l’Iran.
Côté israélien, les responsables sécuritaires confirment que la question iranienne est désormais prioritaire. Les services de défense suivent de près les efforts de Téhéran pour remettre en état ses lanceurs et ses stocks de missiles balistiques. Une course aux armements est engagée, impliquant plusieurs acteurs régionaux, et Jérusalem redoute qu’un délai excessif ne réduise sa marge de manœuvre.
Les États-Unis, eux, privilégient une approche plus globale et graduée. Coordination étroite, gestion du calendrier et prévention d’une escalade régionale dominent leur stratégie actuelle. Un décalage stratégique apparaît ainsi clairement : Israël met en avant l’urgence d’agir, tandis que Washington temporise, conscient des équilibres internes et régionaux. Ce fossé pourrait bien constituer, à court terme, le principal frein à une action militaire israélienne d’envergure contre l’Iran.
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