Un antiquaire juif arrêté à Damas
L’arrestation récente de Salim Hamdani à Damas a provoqué une vive émotion dans les milieux culturels et communautaires syriens. Marchand d’antiquités reconnu du Vieux Damas et membre de la très réduite communauté juive locale, il est soupçonné de trafic illégal d’objets archéologiques, un crime sévèrement sanctionné par la législation syrienne. Il s’agit d’un cas inédit : jamais auparavant un citoyen syrien issu de la communauté juive n’avait été arrêté pour de tels faits.
Selon des informations concordantes, l’opération s’est déroulée il y a deux jours, lorsqu’une patrouille des services de sécurité a fait irruption dans la boutique de Hamdani, située dans l’un des marchés historiques de la vieille ville. Plusieurs pièces archéologiques exposées ont été saisies, puis le commerçant a été conduit dans un commissariat de la capitale, où il est actuellement interrogé. Les autorités soupçonnent une détention et une commercialisation d’objets anciens sans autorisation officielle.
Des sources sécuritaires soulignent toutefois que l’enquête en est à un stade préliminaire. Aucune conclusion définitive n’a été tirée quant à la culpabilité ou à l’innocence du suspect, le dossier devant être transmis au tribunal conformément aux procédures en vigueur. La prudence est donc de mise, même si la gravité potentielle des faits explique la fermeté de l’intervention.
Salim Hamdani est connu depuis de nombreuses années comme antiquaire et marchand d’objets de collection. Sa boutique, réputée auprès des amateurs d’art et d’histoire, a longtemps attiré des collectionneurs syriens et étrangers. D’après des sources locales, il n’avait jusqu’ici jamais été impliqué dans des affaires judiciaires ou soupçonné d’activités criminelles, ce qui rend cette arrestation d’autant plus surprenante.
L’affaire intervient dans un contexte sensible, marqué récemment par des vols signalés au Musée national de Damas. Certains observateurs ont évoqué un possible lien entre ces événements, mais aucune confirmation officielle n’a été apportée. Les autorités se refusent pour l’instant à établir un quelconque rapprochement, insistant sur le caractère indépendant des investigations en cours.
Le chef de la communauté juive de Damas, Bikhour Shmantoub, a confirmé suivre l’affaire de près. Selon lui, Hamdani est détenu dans un commissariat de la capitale et bénéficie de l’assistance d’un avocat privé. Il a indiqué qu’une libération pourrait intervenir dans les prochains jours, le temps de finaliser certaines procédures légales.
Au-delà du cas individuel, cette arrestation revêt une dimension symbolique. La communauté juive syrienne, l’une des plus anciennes du Moyen-Orient, ne compte plus aujourd’hui qu’une poignée de membres, environ six personnes à Damas, après des décennies d’émigration. Cette extrême rareté rend chaque événement la concernant particulièrement sensible, tant sur le plan humain que politique.
Le silence quasi total des médias syriens officiels et semi-officiels autour de cette affaire a également interpellé les observateurs. Habituellement prompts à relayer les faits divers et les opérations sécuritaires, ces médias n’ont publié aucune information détaillée, alimentant les interrogations sur les raisons de cette discrétion.
Sur le plan juridique, le trafic d’antiquités est considéré comme un crime grave en Syrie. La loi syrienne sur les antiquités prévoit des peines pouvant aller jusqu’à quinze ans de prison, de lourdes amendes et la confiscation des objets saisis. Les antiquités étant classées comme biens publics de l’État, toute atteinte au patrimoine national est traitée avec une sévérité particulière.
Cette affaire, encore en cours, illustre ainsi la complexité des enjeux mêlant protection du patrimoine, application stricte de la loi et situation délicate des minorités religieuses dans un pays marqué par des années de conflit et de tensions.
Jforum.fr
Similaire
La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.
La source de cet article se trouve sur ce site

