Guerre en Ukraine : Avec l’attentat à la voiture piégée contre un général, la Russie sous pression en plein Moscou

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Une perte plus politique que stratégique. La mort du général Fanil Sarvarov, chef de la Direction de la formation opérationnelle de l’état-major général des forces armées russes, dans l’explosion de sa voiture ce lundi matin à Moscou soulève des questions. L’attaque n’a pas été revendiquée mais tous les regards, y compris chez les enquêteurs russes, se tournent vers les services spéciaux ukrainiens.

Ce ne serait pas la première fois qu’ils frappent au cœur de la Russie. Kiev avait revendiqué l’assassinat d’Igor Kirilov en décembre 2024, après l’explosion de sa trottinette, là aussi en plein cœur de Moscou. Un autre général, Iaroslav Moskalik, avait été tué par « un engin explosif improvisé » près de Moscou en avril 2025. Un assassinat pas revendiqué. D’autres personnalités russes ont par ailleurs été visées ces dernières années, avec toujours, des soupçons portés sur les forces ukrainiennes.

Ces attaques, qualifiées d’attentat, ne constituent pas un crime de guerre, tient à rappeler Stéphane Audrand, consultant en risques internationaux, car « c’est de la légitime défense qui vise une personnalité militaire, donc une cible légitime, pas des civils ».

Une montée en puissance des forces spéciales ukrainiennes

Ces modes opératoires montrent que « concrètement, les Ukrainiens ont un réseau à Moscou et en Russie », souligne Michel Goya, ancien colonel des troupes de marine, historien, stratégiste et auteur de L’ours et le renard – Entretiens sur la guerre en Ukraine (Perrin). Car ces cibles, il faut « les détecter, les suivre, connaître leurs habitudes pour poser discrètement l’explosif sous la voiture et enfin avoir la capacité à se dissimuler après l’attentat », développe-t-il encore.

Infiltrer le personnel ennemi implique de bonnes capacités de renseignements et avoir des personnes capables de mettre à exécution les missions, « des conditions très difficiles à réunir en temps normal », souligne Stéphane Audrand. Mais pour l’Ukraine, c’est différent. Avec une population souvent russophone, une frontière longue de plus de 1.500 km et le matériel pour avec des écoutes à la fois ukrainiennes et fournies par les Occidentaux, Kiev a rehaussé le niveau de ses forces spéciales depuis 2014.

Quand la Russie a arraché la Crimée à l’Ukraine, cette dernière a pris conscience de son retard en termes de renseignement face à son voisin. Dans « cette guerre de l’ombre des services spéciaux devenue cruciale, l’Ukraine a réussi à se mettre à niveau des Russes », appuie encore Stéphane Audrand. Elle l’avait déjà prouvé avec son attaque coordonnée de drones, surnommée « toile d’araignée », contre des aérodromes militaires en Russie, jusqu’en Sibérie. Ces différents coups durs mettent ainsi en lumière des failles côté russe et un « FSB [services de renseignements russes] qui n’a pas fait le job », résume de son côté Michel Goya.

Une prise de risque aux retombées limitées sur le front

L’assassinat de Fanil Sarvarov dans l’explosion d’une bombe posée sous sa voiture était une opération particulièrement risquée. Si elle a réellement été menée par les services spéciaux, elle met en danger les personnes qui constituent le réseau d’espions sur place puisque l’action peut les exposer aux yeux des autorités. Il y a alors une balance risque/gain à prendre en compte pour les autorités ukrainiennes.

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Malgré les enjeux, « les gains sont positifs », juge Michel Goya. Ils sont « avant tout politiques et n’auront pas d’importance opérationnelle sur le terrain », ajoute l’historien. Selon lui, ces généraux de l’armée russe sont « remplacés immédiatement et le fait qu’ils peuvent être ainsi visés montre qu’ils ne sont pas forcément protégés donc il ne s’agit pas du top niveau, en revanche, ça permet à l’Ukraine de dire qu’elle est capable de frapper au cœur du pays et faire passer le message : « On est chez vous ». »

Stéphane Audrand estime cependant que l’attaque peut déstabiliser l’organisation interne voire installer une certaine paranoïa dans les rangs de l’armée russe. « Ça met la pression sur les autres qui peuvent être plus tendus, moins efficaces, sur leurs gardes », précise-t-il. Cela permet aussi de montrer que l’Ukraine se défend, qu’elle n’a pas baissé les bras et qu’elle a « encore des cartes en main » pour peser dans les discussions actuelles autour du conflit.

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