L’ONU a admis que Gaza n’avait jamais réellement connu la famine

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Les médias ont relayé avec certitude les allégations de famine contre Israël, avant de se rétracter discrètement lorsque la même source soutenue par l’ONU a admis que Gaza n’avait jamais réellement connu la famine.

Rinat Harash

Ce revirement n’a fait l’objet que d’un examen minimal et d’une quasi-absence de responsabilisation, malgré les allégations initiales qui ont suscité l’indignation mondiale, la pression diplomatique et la conviction publique qu’Israël affamait délibérément des civils.

Cet échec est important car les reportages non critiques ont alimenté l’antisémitisme et l’hostilité, montrant comment les récits humanitaires sensationnalistes peuvent engendrer des conséquences concrètes lorsque les corrections sont étouffées au lieu d’être confrontées.

CNN a diffusé l’information discrètement et de manière inexacte, avec beaucoup moins de sérieux qu’auparavant pour amplifier l’avertissement.

« Gaza n’est plus en situation de famine », pouvait-on lire sur CNN, citant un observateur de la faim soutenu par l’ONU. Or, la source elle-même – le Système intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) – affirmait que la famine avait été « repoussée » depuis le cessez-le-feu du 10 octobre, une formulation qui masque en réalité le fait qu’il n’y a jamais eu de famine.

Reuters et l’ Associated Press ont ensuite publié des titres similaires. Ce qui est frappant, ce n’est pas tant que le CIP, organisme peu fiable et déjà critiqué pour ses méthodes erronées, ait revu son évaluation, mais plutôt que la plupart des médias aient traité ce revirement comme une simple mise à jour météorologique, et non comme une véritable prise de conscience.

Quelques mois auparavant, ces mêmes institutions avaient contribué à ancrer un discours bien différent. Fin juillet 2025, les agences des Nations Unies ont lancé un avertissement retentissant : les principaux indicateurs à Gaza avaient dépassé les seuils de famine. Citant les données du Cadre intégré de classification de la malnutrition (IPC), elles décrivaient des centaines de milliers de personnes confrontées à des conditions proches de la famine. L’ alerte de l’IPC elle-même indiquait que les seuils de famine avaient été atteints pour la consommation alimentaire dans la majeure partie de Gaza et pour la malnutrition aiguë dans la ville de Gaza. En août 2025, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) annonçait que la famine était confirmée pour la première fois à Gaza, se basant là encore sur les évaluations de l’IPC.

Ces allégations ont fait le tour du monde sans que l’on s’interroge véritablement sur la méthodologie, les contraintes d’accès ou les incitations inhérentes au contexte informationnel de guerre. Il en a résulté un récit largement accepté selon lequel Israël était responsable de la famine, un récit qui a influencé les pressions diplomatiques et l’indignation publique bien avant que les données puissent être vérifiées.

Selon la dernière évaluation de l’IPC , aucune zone n’a jamais connu de famine, les améliorations étant attribuées à l’augmentation des livraisons humanitaires et commerciales de nourriture après le cessez-le-feu, tout en avertissant que la situation reste fragile et pourrait se détériorer à nouveau si l’accès est interrompu ou si les combats reprennent.

L’Associated Press a au moins évoqué la contradiction, rappelant que, quelques mois auparavant, le Comité indépendant de surveillance (CIS) avait déclaré que la famine sévissait à Gaza et risquait de s’étendre en l’absence de cessez-le-feu et de levée des restrictions. Reuters a également présenté ce changement comme une rupture avec les conclusions précédentes du CIS, tout en insistant sur le maintien d’une situation d’urgence. Mais ce qui a largement fait défaut, c’est l’élément essentiel que le journalisme se doit d’offrir au public lorsqu’une affirmation catastrophiste s’avère erronée ou est substantiellement révisée : la responsabilité.

Aucun média n’a remis en question les hypothèses sous-jacentes lorsque les alertes de famine étaient présentées comme des faits avérés. Aucun n’a expliqué les changements intervenus dans les données et les seuils. Aucun n’a réexaminé cette certitude initiale avec la même importance que l’alerte d’origine.

C’est important car les récits ne restent pas lettre morte. Aux États-Unis, l’ADL a rapporté que la colère envers Israël pendant la guerre a été un facteur déterminant de l’antisémitisme, soulignant comment le contexte informationnel autour de Gaza peut se traduire par une hostilité concrète envers les Juifs. Lorsque les allégations de famine sont relayées sans esprit critique, elles n’informent pas seulement ; elles attisent les tensions.

Cette nouvelle mise à jour, approuvée par l’ONU, n’efface pas les souffrances de Gaza et ne justifie aucune position politique. Elle révèle toutefois une grave défaillance des médias: le recours systématique à une seule source d’information faisant autorité, puis l’abandon du sujet dès que cette source change.

Si la famine faisait autrefois la une des journaux, la correction ne saurait se limiter à une note de bas de page.

Photo de Rinat HarashRinat Harash, docteure en philosophie, est une professionnelle chevronnée des médias, forte de quinze années d’expérience chez Reuters en tant que journaliste, monteuse vidéo et productrice, couvrant Israël et les territoires palestiniens. Elle est également l’auteure de « Apollon, Dionysos et le Surhomme au Sinaï : une tentative d’analyse nietzschéenne », une étude novatrice qui fusionne la pensée juive et le domaine de l’esthétique.

JForum.fr avec HonestReporting
Crédit image : Abdel Kareem Hana/AP Saher Alghorra/NYT

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