Hanoukka au cœur d’un bras de fer à Londres

Une polémique politique et communautaire a éclaté à Londres après des accusations selon lesquelles le maire de la capitale britannique, Sadiq Khan, aurait tenté d’empêcher la tenue d’une veillée en hommage aux victimes juives de l’attaque survenue pendant Hanoukka à Bondi Beach, en Australie. L’événement, organisé dimanche sur Parliament Square, devait également marquer la deuxième nuit de la fête juive de Hanoukka.

Selon Gideon Falter, directeur général de la Campagne contre l’antisémitisme (CAA), des représentants de la Greater London Authority se seraient rendus sur place afin d’indiquer aux organisateurs qu’ils n’étaient pas autorisés à s’installer sur la célèbre place londonienne. Cette intervention aurait eu lieu alors même que Sadiq Khan avait affirmé plus tôt dans la journée vouloir garantir la sécurité des Juifs londoniens et demandé un renforcement policier autour des célébrations de Hanoukka.

Falter a expliqué que la police métropolitaine avait ensuite fermé une route adjacente à Parliament Square, ce qui a contraint les participants à se regrouper ailleurs. Il a regretté cette décision, estimant qu’un rassemblement maintenu sur la place aurait été plus sûr, mieux encadré et moins perturbant pour la circulation. Il a également fait part de son incompréhension face aux justifications avancées, qualifiant la situation de choquante au regard du contexte international marqué par l’attaque meurtrière en Australie.

Malgré ces tensions, plusieurs personnalités politiques ont assisté à la veillée, parmi lesquelles Richard Tice, figure du parti Reform UK, ainsi que Lord Wolfson, procureur général fantôme, accompagné d’autres membres de l’opposition. Leur présence a été perçue par les organisateurs comme un signe de solidarité, dans un climat jugé anxiogène par une partie de la communauté juive britannique.

La controverse s’est également étendue au gouvernement. Gideon Falter a indiqué que son organisation avait contacté les autorités travaillistes, lesquelles avaient initialement envisagé la participation du secrétaire d’État aux Communautés, Steve Reed. Toutefois, ce dernier aurait finalement renoncé à intervenir, préférant assister à un autre événement destiné aux membres juifs du Parti travailliste. Une décision qui a suscité de l’amertume parmi les organisateurs de la veillée.

À la suite de ces révélations, la députée Sarah Pochin a adressé une lettre officielle à Sadiq Khan afin de lui demander des clarifications. Elle a exprimé ses inquiétudes quant au traitement réservé à la veillée, notamment dans un contexte où de nombreuses manifestations pro-palestiniennes se déroulent régulièrement à Londres, souvent avec une large tolérance des autorités. Elle a demandé au maire de confirmer qu’aucune tentative n’avait été faite pour empêcher le rassemblement commémoratif.

La question de la sécurité juive au Royaume-Uni a également été abordée à la Chambre des Lords. Lord Wolfson y a souligné que la réflexion devait dépasser les seules mesures de protection physique, telles que les barrières et la surveillance renforcée, pour s’attaquer aux causes profondes nécessitant de telles précautions.

Dans ce climat tendu, Steve Reed a annoncé mardi que le gouvernement britannique dévoilerait dans les prochains jours un plan national de lutte contre l’antisémitisme. S’exprimant lors d’une réception de Hanoukka organisée par le Jewish Labour Movement dans une synagogue londonienne, il a assuré que les discours de haine, les intimidations et les comportements antisémites, qu’ils se manifestent dans l’espace public, les universités, les médias ou lors de manifestations, ne seraient plus tolérés.

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