Vit-on encore plus vieux à la campagne ? Non, selon une étude de l’Institut national d’études démographiques (Ined), publiée le 16 décembre. La croissance démographique patine dans les espaces ruraux, car, si on y vit davantage en couple, qu’on s’y marie plus, on y meurt aussi plus précocement qu’en zone urbaine. En France, un tiers de la population vit dans ces espaces ruraux, définit en fonction de critères de densité de la population.
Autre fait marquant dans l’Hexagone : le solde naturel, soit la différence entre le nombre de naissances et de décès, est négatif (629.000 naissances, 630.000 décès) en 2024, ce qui constitue une première depuis plus d’un siècle, en dehors des périodes de guerre. Il reste légèrement positif grâce aux départements d’Outre-mer (+ 170.000).
Une population plus âgée
En zones rurales, le solde naturel est négatif depuis 2015, du fait notamment d’une composition par âges plus propice aux décès qu’aux naissances, explique l’étude Conjoncture démographique de la France. « Le vieillissement démographique a commencé dans les campagnes avant de se généraliser au reste de l’espace français, explique Xavier Thierry, coauteur et démographe à l’Ined. Le nombre de décès a beaucoup augmenté depuis 2005. C’est la dernière onde de choc de l’après-guerre, le baby-boom, où il y a eu une augmentation très forte des naissances qu’on n’a plus jamais retrouvée. » En 2024, la proportion de personnes de 60 ans et plus y atteignait 31 % pour les hommes et 35 % pour les femmes, contre 22 et 26 % dans les départements urbains.
Mais d’autres facteurs expliquent aussi le fait qu’on meurt plus jeunes en zones rurales. Au niveau national, l’espérance de vie a progressé légèrement sur un an avec des durées de vie moyennes de 80 ans pour les hommes et de 85,6 ans pour les femmes. Les départements urbains disposent d’un avantage d’environ 2 ans par rapport aux départements ruraux. Une position défavorable pour les zones rurales « relativement récente », notent les chercheurs, pour qui ces zones bénéficiaient d’une espérance de vie plus élevée jusqu’au milieu des années 1990.
Des difficultés d’accès aux soins
Cette situation trouve plusieurs explications d’après l’Ined, comme les difficultés croissantes d’accès aux soins en zones rurales, avec des problématiques de déserts médicaux. « On pourrait dire qu’en ville, on souffre de la pollution de l’air, mais à la campagne, on peut souffrir aussi des expositions des produits phytosanitaires de l’agriculture, détaille Xavier Thierry. En outre, les habitudes de vie à la campagne, sont moins favorables comme avec la consommation d’alcool, de tabac, de produits gras. » Les causes externes de décès enregistrent l’écart le plus marqué entre départements urbains et ruraux, relèvent aussi les chercheurs, les personnes se suicident plus dans les zones rurales.
Le tableau n’est pas non plus entièrement noir. Dans les zones rurales, les femmes mettent au monde un peu plus d’enfants en moyenne que celles habitant en ville à âge équivalent. Mais la croissance démographique dans ces zones est uniquement attribuable à l’arrivée de nouveaux habitants, selon l’Ined.
Notre dossier sur la démographie
Avec deux types de flux migratoires : le premier concerne les personnes ayant obtenu un premier titre de séjour, au nombre de 343.000 en 2024. Parmi ces personnes, ils sont 15 % à s’être installés dans les départements ruraux. Enfin, il existe une migration interne : les jeunes familles ou les retraités choisissent de s’installer à la campagne. Pour eux, les communes rurales touristiques, bourgs et communes rurales périurbaines sont plus attractives que les grandes villes.
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