Massacre à Bondi Beach : une autre fête juive, une autre attaque terroriste antisémite
Rachel O’Donoghue
Les violences antisémites sont de plus en plus souvent perpétrées lors de fêtes juives et de moments communautaires, ce qui souligne que ces attaques ne sont pas des actes d’extrémisme aléatoires, mais des assauts symboliques et délibérés contre l’identité juive.
L’antisémitisme a été blanchi par le langage de l’« antisionisme », permettant d’excuser, de minimiser ou de requalifier l’incitation à la violence et les discours violents en activisme.
L’exactitude des informations diffusées par les médias après un attentat ne suffit pas. En banalisant les euphémismes, en encourageant l’incitation à la haine et en niant le caractère antisémite de l’hostilité envers les Juifs, le journalisme a contribué à créer un climat où de telles violences deviennent prévisibles.
L’attaque terroriste perpétrée dimanche sur la plage de Bondi à Sydney avait un air de déjà-vu sinistre.
Une autre fête juive. Encore du sang innocent versé. Une fois de plus, des Juifs ont été pris pour cible et victimes de violences meurtrières, uniquement parce qu’ils étaient juifs.
Rien que cette année, on a assisté à une succession inquiétante d’attaques contre des Juifs, dont beaucoup étaient délibérément perpétrées à des moments importants pour la communauté ou la religion juive.
Le jour de Yom Kippour, le plus saint du judaïsme, des Juifs réunis dans une synagogue de Manchester ont été la cible d’une attaque à la voiture bélier et au couteau. À la veille de Chavouot, des Juifs rassemblés pacifiquement à Boulder , dans le Colorado, pour réclamer la libération des otages israéliens, ont été victimes d’un attentat à la bombe incendiaire. Peu après avoir célébré le Seder de Pessah, le gouverneur de Pennsylvanie, Josh Shapiro, et sa famille ont été contraints de fuir leur domicile suite à un incendie criminel. À Washington, D.C., Sarah Milgrim et Yaron Lischinsky, employés de l’ambassade d’Israël, ont été assassinés devant le Musée juif après avoir assisté à une célébration de Yom Ha’atzmaut.
Même le massacre qui a déclenché la guerre à Gaza, l’assaut du Hamas le 7 octobre 2023, a eu lieu le jour de Sim’hat Torah.
Ces attaques ne sont pas aléatoires. Elles ne sont pas non plus sans lien entre elles.
Ce qui les unit, c’est la plus vieille haine du monde. L’antisémitisme a beau se réinventer pour plaire au public moderne, son essence reste la même. Les Juifs sont pris pour cible collectivement et symboliquement en raison de ce qu’ils sont.
Au lendemain de l’attentat de Bondi Beach, la plupart des médias ont rapporté les faits avec exactitude. Des Juifs ont été assassinés parce qu’ils étaient juifs. HonestReporting a interpellé les médias qui hésitaient à souligner le caractère antisémite de l’attaque dans leurs titres, et la plupart ont rectifié le tir.
Mais la précision à elle seule n’explique pas comment une célébration de Hanoukka s’est transformée en scène de crime.
Pour répondre à cette question, nous devons nous attaquer à l’écosystème plus large qui a permis à l’antisémitisme de prospérer, souvent sous des étiquettes plus acceptables.
Ces dernières années, l’antisémitisme a été de plus en plus toléré, minimisé, voire dissimulé sous l’étiquette d’« antisionisme ». Des propos qui auraient autrefois suscité une condamnation quasi unanime, comme les appels à « mondialiser l’intifada », ont été requalifiés d’activisme plutôt que d’incitation à la haine. La rhétorique violente a été instrumentalisée, et les médias ont constamment insisté sur le fait que l’hostilité envers les Juifs relevait en réalité de la politique, du pouvoir ou des enjeux stratégiques, et jamais d’une atteinte directe aux Juifs.
Cette distinction a toujours été fausse.
Lorsque l’identité juive est elle-même présentée comme une provocation, la violence s’ensuit. Elle n’apparaît pas spontanément. Elle est enseignée, excusée et normalisée jusqu’à ce qu’elle se manifeste par un bain de sang.
Hanoucca est la fête des lumières. Elle commémore le refus des Juifs d’abandonner leur identité face à l’intimidation et à la coercition. Son message n’est pas un optimisme abstrait, mais la persévérance : la lumière doit être activement protégée lorsque les ténèbres menacent.
C’est aussi la responsabilité du journalisme.
Demander des comptes aux médias lorsque l’antisémitisme est occulté, euphémisé ou excusé n’est pas de l’alarmisme. C’est une question de responsabilité, et c’est la raison d’être d’HonestReporting : dénoncer les distorsions, rétablir la vérité historique et exiger la clarté là où d’autres préfèrent l’ambiguïté.
Les médias ont contribué à créer les conditions dans lesquelles la violence contre les Juifs est devenue prévisible, non seulement par ce qu’ils ont rapporté de manière sélective, mais aussi par ce qu’ils ont minimisé, reformulé ou déformé.
La lumière n’est pas un symbole passif. Elle doit être utilisée. Le journalisme peut éclairer la haine avant qu’elle ne se mue en violence, et non se contenter de recenser les dégâts une fois le sang versé. Ayant contribué à façonner ce climat, les médias ont désormais la responsabilité d’enrayer sa descente aux enfers.
Née à Londres, en Angleterre, Rachel O’Donoghue s’est installée en Israël en avril 2021 après avoir travaillé pendant cinq ans pour différents titres de presse nationaux au Royaume-Uni. Elle a étudié le droit à l’Université de droit de Londres et obtenu une maîtrise en journalisme multimédia à l’Université du Kent.
JForum.fr avec HonestReporting
Crédits photos : – Janie Barrett / Sydney Morning Herald via Getty Images – Saeed Khan / AFP via Getty Images – Kate Geraghty / Sydney Morning Herald via Getty Images
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