L’envoyé de Trump qui irrite Jérusalem

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L’envoyé de Trump qui irrite Jérusalem

Lundi 15 décembre 2025, Thomas « Tom » Barrack, ambassadeur des États-Unis en Turquie et figure clé du dossier syrien au sein de l’administration Trump, est attendu en Israël pour une série d’entretiens avec Benjamin Netanyahu et plusieurs responsables politico-sécuritaires. Sa visite s’inscrit dans un moment délicat : les discussions sur la transition vers une « phase 2 » du plan américain pour Gaza se poursuivent, mais les divergences entre Jérusalem et Washington deviennent plus visibles, notamment sur la configuration d’une future force internationale de stabilisation.

À Jérusalem, le nom de Barrack suscite une méfiance croissante. Selon des sources politiques israéliennes, ses dernières prises de parole auraient été jugées maladroites, voire irritantes, car perçues comme insuffisamment attentives aux contraintes sécuritaires d’Israël et aux sensibilités régionales. En privé, plusieurs interlocuteurs estiment que le problème ne tient pas seulement au style. Le cœur du désaccord concerne surtout l’architecture de l’après-guerre à Gaza : qui contrôlera le terrain, qui sécurisera les points de passage, et avec quel mandat concret.

Dans la logique présentée par Washington, une force multinationale de stabilisation pourrait progressivement remplacer une présence militaire israélienne au sein de la bande de Gaza, tout en garantissant une période tampon avant la mise en place d’un mécanisme de gouvernance locale et de reconstruction. Sur le papier, l’idée vise à créer un cadre de sécurité temporaire, à faciliter l’aide humanitaire et à empêcher le retour d’une menace armée. Mais, dans la pratique, de nombreuses questions restent ouvertes : chaîne de commandement, règles d’engagement, coordination avec les acteurs locaux, contrôle des axes de contrebande et, surtout, degré d’implication dans une éventuelle mission de désarmement.

C’est sur ce point que la Turquie s’invite au centre de la discussion. Barrack est présenté comme favorable à l’intégration d’Ankara dans ce dispositif, au motif que la Turquie dispose de capacités militaires importantes, d’une influence régionale et de canaux politiques susceptibles de peser sur certains acteurs palestiniens. Pour Israël, l’hypothèse est explosive. Plusieurs responsables israéliens la décrivent comme une ligne rouge : une présence turque à Gaza, même sous drapeau multinational, serait interprétée comme l’introduction d’un acteur jugé peu fiable, dans un espace immédiatement adjacent aux communautés israéliennes.

Cette résistance s’inscrit dans un contexte plus large : l’assemblage d’une coalition internationale prête à déployer des troupes à Gaza s’annonce ardu. Beaucoup de pays hésitent à s’engager tant que la question des infrastructures armées du Hamas, du contrôle effectif des frontières et des mécanismes de vérification n’est pas clarifiée. Autrement dit, sans garanties solides sur la sécurité, les capitales candidates redoutent d’être entraînées dans une mission interminable, politiquement coûteuse et potentiellement dangereuse.

La visite de Barrack intervient aussi alors que Washington cherche à accélérer le calendrier. Dans les cercles diplomatiques, l’objectif américain serait de verrouiller rapidement un format de force de stabilisation, d’en définir les responsabilités et d’obtenir des engagements, au moins de principe, de plusieurs États partenaires. Israël, de son côté, martèle qu’aucune solution ne doit créer une nouvelle menace : la stabilisation ne peut être crédible si elle ouvre la porte à un réarmement, à une reconstitution de capacités offensives ou à une présence régionale hostile sur le terrain.

En Israël, on s’attend donc à des discussions franches. Barrack tentera de convaincre que sa formule peut servir la stabilité, tandis que Netanyahu et l’appareil sécuritaire chercheront à verrouiller des garde-fous stricts — et, surtout, à écarter la Turquie de l’équation. Les prochains jours diront si les deux alliés parviennent à réduire l’écart, ou si la phase 2 devient le nouveau point de friction majeur entre Jérusalem et Washington.

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