Par Majid Rafizadeh – Gatestone
Profitant que d’autres crises monopolisent l’attention internationale, l’Iran a accéléré de manière fulgurante et agressive sa production de missiles balistiques. Photo : Un missile balistique hypersonique Fattah défile lors d’une parade militaire annuelle à Téhéran, le 22 septembre 2023. (Photo AFP via Getty Images)
Le monde s’intéresse peu à l’Iran depuis la fin de la guerre des Douze Jours, mais la menace que ce pays représente s’est considérablement accrue. Pendant que les médias focalisaient sur d’autres crises, l’Iran a accéléré sa production de missiles balistiques à une vitesse fulgurante. Le régime iranien a annoncé fièrement la fabrication de vastes quantités de missiles, l’expansion de ses chaînes d’assemblage et se vante ouvertement de l’importance de son arsenal. L’Iran ne cherche pas à dissimuler ces avancées ; il les affiche avec fierté. Malgré une sécheresse dévastatrice, le régime semble enhardi, renforcé et déterminé.
« La puissance balistique iranienne actuelle surpasse largement celle de la guerre des Douze Jours », a récemment déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi. Le ministre de la Défense, le général de brigade Aziz Nasirzadeh, a confirmé : « la production de défense iranienne s’est améliorée en quantité comme en qualité par rapport à la période qui précédait la guerre des Douze Jours imposée par Israël en juin », a-t-il déclaré. Il a insisté sur le rythme sans précédent de production de nouveaux missiles. Le gouvernement semble croire qu’il a le vent en poupe et parait impatient de le montrer.
Certains politiciens et analystes dédaignent ces déclarations et les expliquent par une volonté d’intimidation, ou par le désir de prévenir une attaque ou encore par le désir de l’Iran de maintenir son influence régionale. En réalité, la production de missiles iranienne ne peut avoir qu’un seul but : mener une nouvelle guerre, directement ou par l’intermédiaire de ses alliés. Le régime possède un lourd passif en matière de tirs de missiles : bases militaires américaines, diverses cibles en Irak, villes d’Israël et aussi contre le Qatar. L’Iran a également fourni des missiles balistiques à des groupes armés tels que les Houthis au Yémen et a livré à la Russie des technologies de missiles et de drones destinées à être utilisées contre l’Ukraine. Les alliés de l’Iran ont lancé des missiles sur des aéroports civils, des navires commerciaux, des villes et des infrastructures dans toute la région. Quiconque interprète cette escalade comme une mesure « défensive » s’aveugle devant des décennies d’agressivité.
L’Iran n’est pas peu fier d’affirmer que bien des villes américaines, nombre de capitales européennes et diverses cibles à travers le Moyen-Orient sont à portée de ses tirs. Les responsables iraniens dissimulent moins que jamais leur volonté d’anéantir Israël. Le développement de missiles apparaît aujourd’hui comme la pierre angulaire d’une stratégie militaire destinée à compenser d’importantes lacunes conventionnelles. Et si l’Iran équipait l’un de ces missiles d’une ogive nucléaire ? Le créneau qui permettrait de limiter les capacités iraniennes s’amenuise rapidement. Les Etats-Unis auraient dû laisser Israël continuer d’agir militairement après le démantèlement de trois centrales nucléaires iraniennes par l’administration Trump. Benjamin Netanyahu sait ce qu’il fait.
L’Occident aurait intérêt élaborer une option militaire crédible : faire savoir à l’Iran que son expansion balistique, ses menaces et sa prolifération ne demeureront pas sans riposte directe et ferme. Cela impliquerait de savoir très précisément quelles usines développent, assemblent, testent et distribuent ces missiles balistiques et de transformer cette information en objectif stratégique.
La deuxième étape passe par des sanctions globales et implacables. Toute personne physique ou morale, banque étrangère ou entité gouvernementale impliquée dans le soutien au programme de missiles balistiques iranien pourrait être pénalisée sans délai. Les fournisseurs de matières premières, les réseaux de transport, les sociétés écrans et les institutions financières qui aident l’Iran à contourner l’embargo devraient également être visés. Pour être dissuasives, ces sanctions doivent inclure le gel des avoirs à l’étranger, l’interdiction d’accès aux systèmes bancaires internationaux et l’imposition de restrictions commerciales totales à toute entreprise ou tout pays soutenant le programme de missiles iranien.
L’idéal serait d’empêcher ou de restreindre drastiquement les ventes de pétrole iranien afin de paralyser la capacité de l’Iran à maintenir une production rapide de missiles. Cela implique d’exercer une forte pression diplomatique sur les principaux acheteurs de l’Iran pour qu’ils cessent leurs importations. Chaque baril de pétrole iranien vendu finance directement les composants de missiles, les livraisons d’armes à des groupes armés, les flottes de drones et les opérations de déstabilisation dans toute la région.
Les missiles iraniens ne sont pas confinés à l’Iran. Ils sont distribués à des organisations militantes opérant loin du territoire iranien, étendant ainsi la portée de Téhéran. Si l’Occident souhaite réellement endiguer l’expansion balistique iranienne, le démantèlement de ces réseaux doit faire partie intégrante de sa stratégie. Chaque cargaison interceptée retarde les ambitions de Téhéran et affaiblit sa capacité à semer la menace.
L’arsenal de missiles iranien était déjà conséquent avant la guerre des Douze Jours, mais il est aujourd’hui bien plus important, plus sophistiqué et se développe à un rythme sans précédent. La confiance et l’agressivité du régime vont de pair avec sa capacité de production. Il est crucial d’agir avant que ces missiles ne redessinent le paysage géopolitique d’une manière irréversible. Le seul moyen de stopper cette expansion est de conjuguer une option militaire crédible à un régime de sanctions sévères qui stoppe les revenus pétroliers du régime et cible chaque maillon de son réseau de prolifération. Interdire à l’Iran de devenir plus fort, plus dangereux et plus audacieux est vital. Les enjeux sont mondiaux et concernent toutes les nations qui se réclament d’un monde libre et sûr.
Majid Rafizadeh, docteur en sciences politiques et analyste diplômé de Harvard, est membre du comité de rédaction de la Harvard International Review. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la politique étrangère américaine. Vous pouvez le contacter à l’adresse suivante :
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