Royaume-Uni : comment un vaste système d’élevage d’escargots a permis d’escroquer des dizaines de millions d’euros au fisc

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Au Royaume-Uni, un arnaqueur d’origine italienne a expliqué comment il avait escroqué des millions de livres au fisc britannique grâce à un système d’élevage d’escargots. 

A bientôt 80 ans, Terry Ball n’a plus rien à perdre. Après avoir réussi à duper les autorités pendant de nombreuses années, il a expliqué en détail au Guardian comment son idée ingénieuse lui a rapporté gros.

Improvisé agriculteur au cours de la fin de sa vie, l’ancien vendeur de chaussures et mafieux Terry Ball, âgé de 79 ans, a longtemps payé de lourds impôts au fisc. Mais à la fin de sa vie, il a eu une idée pour le moins singulière : utiliser des escargots afin de frauder les conseils locaux et leur soutirer des dizaines de millions de livres d’impôts.

Les escargots au centre d’une affaire en or

Pour ce faire, il a créé des sociétés écrans dont l’activité est l’élevage d’escargots, dans des immeubles de bureaux vides. Ensuite, il a prétendu que l’immeuble est légalement «une ferme» et donc celui-ci est exonéré d’impôts. Grâce à ses différentes sociétés, créées pour des sommes modestes (environ 35 livres, soit 40 euros chacune), qui ne lui ont rapporté aucun revenu et aucun actif, il a échappé à la taxe d’habitation. Celle-ci doit en effet, au Royaume-Uni, être payée par l’occupant d’un bureau, d’un magasin ou de tout autre local non résidentiel.

C’est cette taxe, particulièrement lourde pour certains propriétaires dont les locaux commerciaux sont vides, qui peuvent représenter des sommes importantes. L’une des solutions les plus souvent adoptées par ces entrepreneurs est de trouver une personne qui accepte une petite commission en échange de la signature d’un bail et de la prise en charge légale du paiement des taxes. Souvent, les étudiants sont prêts à déclarer qu’ils tiennent une boutique et accumulent des dettes avant de finir par quitter le pays.

Il exploite certaines failles de lois vieilles de 45 ans

Mais pour Terry Ball, une autre option encore plus ingénieuse existe : celle de l’exploitation des lieux à des fins agricoles. Cette catégorie est en effet exonérée d’impôts selon une directive, que l’escroc a découvert dans les années 2010. À cette période, un ministre a même déclaré au Parlement que la définition légale d’une ferme piscicole incluait un site d’élevage de «mollusques de toute nature», une règle initialement conçue pour couvrir les huîtres. Depuis, les escargots terrestres ont également été inclus dans cette liste de mollusques. Toute entreprise élevant des escargots destinés à la consommation humaine est donc légalement considérée comme une ferme piscicole et peut donc être exonérée de taxe foncière. Terry Ball tenait son affaire en or.

Cet homme, animé par une volonté viscérale de ruiner les percepteurs d’impôts en exploitant les failles de leur système, a donc élaboré des techniques novatrices d’optimisation fiscales qu’il propose à des riches propriétaires britanniques. Sa proposition est simple : il leur permet d’éviter des pertes importantes et leur réclame 20% des économies réalisées sur cette taxe foncière. Il explique avoir rapidement réussi à faire baisser les taxes de ces propriétaires immobiliers sur leurs biens vacants de 93%.

«Je suis celui qui trouve les bonnes idées», explique-t-il au Guardian, qui l’a rencontré sur les lieux de certains élevages de ces escargots. Il précise même être conscient que ces 20% forment une demande minime aux propriétaires par rapport à ce à quoi il pourrait prétendre. «Nous ne sommes pas des voleurs. Nous couvrons nos coûts. C’est le principe qui me pose problème», reprend-il.

«Vous m’avez soutiré 600.000 livres, je vais vous en soutirer 20 millions»

Il faut dire que cet homme de bientôt 80 ans n’est pas comme les autres octogénaires. Il explique notamment bâtir ce montage financier pour combattre l’ennui de la vieillesse : «Tous mes amis retraités, on ne peut plus avoir de conversation avec eux, ils n’attendent que la mort. Moi, je m’en amuse. Chaque jour, quoi qu’il arrive, je m’en amuse». Un jeu qu’il prend cependant très à coeur, lui dont la motivation remonte à il y a plusieurs années, quand le fisc lui avait demandé de payer de lourdes sommes alors qu’il faisait face à des difficultés financières. A cette époque, il avait promis : «Je leur ai dit : “Vous m’avez soutiré 600.000 livres (687.000 euros). Je vais vous en soutirer 20 millions”».

S’il s’est exprimé si librement aux journalistes, c’est parce qu’il affirme être totalement fauché. «Je vais avoir 80 ans le mois prochain et je n’ai pas un sou. Qu’est-ce qu’ils vont faire ?» a-t-il expliqué en riant, lorsqu’on lui demandait s’il craignait des poursuites. «On ne peut rien enlever à rien», conclue-t-il avec ironie.

Mais il semblerait que Terry Ball n’en ai pas terminé pour autant avec les arnaques. Il a en effet avoué vouloir diversifier ses activités, en lançant un nouveau processus dont le but est d’échapper à la taxe foncière. Cette fois, il compte sur les «boutiques caritatives éphémères». Une nouvelle fois, il exploite une faille dans la réglementation, celle de la Commission des organismes de bienfaisance, écrite afin de gérer les très petites associations. Une nouvelle niche, pour un escroc qui ne semble jamais rassasié.

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