Ils ne sont âgés que de 16 ans. Malgré leur jeune âge, ces deux adolescents sont suspectés d’avoir envisagé de commettre une attaque à caractère antisémite. Le duo a été mis en examen, dimanche, pour « participation à une association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes d’atteinte aux personnes ». Ils ont été placés en détention provisoire, a indiqué à 20 Minutes le Parquet national antiterroriste. Il précise que « depuis le 1er janvier 2025, 20 mineurs ont été mis en examen pour une infraction de nature terroriste », contre 19 en 2024, et 15 en 2023.
« Depuis quatre ou cinq ans, nous observons un très net rajeunissement des personnes qui sont mises en examen, avec plutôt des personnes qui ont moins de 20 ans », expliquait début novembre à l’AFP le procureur national antiterroriste Olivier Christen. Selon le magistrat, les mis en cause sont « principalement des garçons », « souvent en situation d’échec scolaire », qui « passent beaucoup de temps sur les réseaux ». Les algorithmes de TikTok ou d’Instagram jouent un rôle dans leur radicalisation en leur proposant « des contenus de nature djihadiste ». Les groupes terroristes qui les publient parviennent à les « convaincre que leur mal-être est dû à la société ».
Des « jeunes issus de la communauté russophone »
C’est ce que Jean-Charles Brisard, le président du Centre d’analyse du terrorisme (Cat), appelle « le califat virtuel ». « Les organisations terroristes ont perdu du terrain dans les différentes zones où ils sont présents. En zone irako-syrienne évidemment mais ailleurs aussi », explique-t-il à 20 Minutes. « Mais elles multiplient les canaux de propagande, les langues utilisées, et emploient des nouveaux moyens de communication utilisés par les adolescents. Elles passent par des plateformes prisées par les jeunes, ce qui n’était pas le cas auparavant, comme TikTok ou Discord », ajoute-t-il. Le président du Cat souligne aussi « la plupart des majeurs » susceptibles de passer à l’acte « ont été identifiés depuis longtemps et sont suivis par les services de renseignement », contrairement à de nombreux jeunes mis en cause dans les dernières affaires.
Selon Le Parisien, qui a révélé l’information, l’un des deux adolescents mis en examen dimanche est un Russe de Tchétchénie, habitant à Strasbourg et arrivé il y a quatre ans en France avec sa mère. Il se serait mis en scène en train de poser avec un couteau dans un message sur WhatsApp, accompagné d’un texte où il annonçait qu’il allait « tuer des Juifs dans cinq jours ». « Il y a une proportion importante de jeunes issus de la communauté russophone, en particulier des Tchétchènes d’origine, observe Jean-Charles Brisard. Ça s’explique aussi par le fait que des organisations terroristes comme l’État islamique au Khorassan [Afghanistan] s’appuient justement sur ces communautés pour commettre des attentats. »
Le conflit israélo-palestinien comme « motivation »
Dans son entretien à l’AFP, Olivier Christen soulignait que « l’augmentation de la tension dans la sphère djihadiste apparaît effectivement liée à ce qu’il s’est passé post 7-Octobre [avec l’attaque du Hamas contre Israël] ». « Dans la propagande et dans les propos détectés entre les djihadistes, l’antisémitisme a repris le niveau le plus élevé. Il y a toujours eu de l’antisémitisme chez les djihadistes, mais c’est redevenu un argument principal avec, dans les cibles qui sont recherchées, une prédominance des cibles israélites », ajoutait le magistrat. « Le conflit israélo-palestinien est l’une des motivations principales des individus qui veulent commettre des attentats », confirme Jean-Charles Brisard.
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