Yémen: comment l’Iran intensifie son aide militaire aux Houthis
Rapport: L’Iran utilise les routes aériennes internationales pour moderniser rapidement les capacités militaires des Houthis
D’après Arm News, les Houthis sont parvenus à combler les lacunes de leur équipement militaire mises en évidence lors de la guerre à Gaza et de leur affrontement avec Israël. Le rapport indique qu’ils ont réussi à mettre en place un vaste réseau de contrebande maritime, terrestre et aérienne permettant d’acheminer du matériel sophistiqué d’Iran vers les rebelles yéménites.
par Shachar Kleiman
D’après des sources arabes, les Houthis au Yémen sont entrés dans une nouvelle phase d’organisation et de modernisation de leurs capacités militaires. Ces sources indiquent que le groupe a étendu ses réseaux de contrebande à une échelle sans précédent afin de se procurer des armes et du matériel sensible.
Des sources au Yémen ont indiqué au média émirati Arm News que les Houthis sont parvenus ces derniers mois à combler d’importantes lacunes dans leur système d’armement, mises en évidence lors de la guerre à Gaza et de leur affrontement avec Israël. Selon ces sources, ce résultat a été obtenu grâce à un réseau complexe de livraisons d’armes en provenance d’Iran, qui atteignent désormais le nord du Yémen par des voies terrestres et maritimes nouvellement établies. Ce réseau de contrebande emprunte des itinéraires depuis l’Afrique de l’Est et la mer Rouge.
Un responsable de la sécurité yéménite a déclaré que de nouveaux renseignements occidentaux indiquent que l’Iran a adopté ces dernières semaines un mode opératoire plus sophistiqué pour le trafic d’armes vers les Houthis, en utilisant les routes aériennes internationales.
Selon une source, des avions de transport militaire biélorusses de la compagnie Reda ont été aperçus effectuant des vols entre Minsk et Téhéran. Ces appareils ont ensuite atterri dans des zones non identifiées près de la mer Rouge. L’un d’eux a décollé d’un aéroport érythréen avant de disparaître des écrans radar. La source a également indiqué qu’un avion iranien avait emprunté le même itinéraire le 27 octobre, transportant du matériel militaire.
La source a expliqué qu’il ne s’agit que de la première étape du processus de contrebande. Une fois la cargaison déchargée, notamment sur les côtes érythréennes, elle est acheminée vers le nord du Yémen à bord de petites embarcations difficiles à repérer. Selon les services de renseignement, ces réseaux de contrebande opèrent à grande vitesse et bénéficient du soutien de responsables érythréens entretenant des liens étroits avec l’Iran.
Une autre voie importante part de Somalie. Selon le rapport, les zones côtières somaliennes sont de plus en plus utilisées comme points de transit pour les armes destinées au Yémen. Dans le cadre de cette activité, les Houthis coopéreraient avec une milice somalienne connue sous le nom d’Al-Shabaab.
Un navire ayant transporté clandestinement des armes d’Iran aux Houthis et intercepté par le gouvernement du Yémen du Sud (archives). Photo : armée américaine
Dans ce contexte, une source yéménite a indiqué que de petits navires iraniens déchargent une partie de leur cargaison sur la côte près du Puntland, en Somalie, d’où les marchandises sont ensuite acheminées clandestinement vers le Yémen. Des sources au Yémen et au Soudan ont également affirmé que la ville portuaire de Port-Soudan est devenue, ces derniers mois, une plaque tournante majeure du trafic vers le Yémen. Selon ces sources, cette situation témoigne de l’implication croissante d’unités militaires soudanaises entretenant des liens avec des éléments iraniens.
Un chercheur yéménite a indiqué à Arm News que de hauts responsables houthis s’étaient rendus ces dernières semaines sur une base navale au nord de Port-Soudan. L’objectif était d’établir une plateforme logistique alternative suite au renforcement des restrictions sur les anciennes routes de contrebande. Selon ce rapport, l’Iran a fourni des drones à l’armée soudanaise, et l’on soupçonne que certains d’entre eux sont démantelés et introduits clandestinement au Yémen en pièces détachées.
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