Milorad Dodik a le sourire. Interdit de candidature, c’est en effet sa doublure qui a remporté dimanche soir l’élection présidentielle anticipée de la Republika Srpska (RS), l’entité serbe de Bosnie.
Sinisa Karan a remporté 50,89 % des voix, contre 47,81 pour son principal rival Branko Blanusa, selon des résultats publiés par la Commission électorale centrale, basés sur le dépouillement de près de 93 % des bureaux de vote.
Dodik un allié de la Russie
« Notre candidat Sinisa Karan a remporté l’élection d’aujourd’hui. Cela ne fait aucun doute », avait lancé avant même cette publication Milorad Dodik, leader des Serbes de Bosnie, devant ses partisans rassemblés au siège de sa formation nationaliste à Banja Luka, chef-lieu de la RS.
La RS est, avec la Fédération croato-musulmane, l’une de deux entités autonomes qui forment la Bosnie d’après la guerre. Le président y désigne le Premier ministre, promulgue les lois, mais sans une majorité au Parlement, ses pouvoirs sont limités. Le nouveau président de cette entité qui couvre la moitié du territoire de la Bosnie et compte quelque 1,2 million d’électeurs, ne devrait rester au pouvoir qu’un an, avant des élections générales en octobre 2026.
Milorad Dodik a dirigé la RS pendant deux décennies avant d’être démis récemment de ses fonctions par la justice. Le vote est d’ailleurs censé mettre fin à une période de turbulences, qui a vu le duel entre Dodik, proche de Moscou, et le Haut représentant international – chargé du respect de l’accord de paix de 1995 – pousser le pays dans la plus grave crise politique depuis la fin de la guerre intercommunautaire (1992-1995).
Le Haut représentant dispose de larges pouvoirs : il peut imposer ou modifier des lois, limoger des élus… Des prérogatives dénoncées sans cesse par Dodik, qui a multiplié les menaces sécessionnistes et les insultes envers l’actuel envoyé international, Christian Schmidt, un ex-ministre allemand qui a pris ses fonctions en 2021.
Fin des sanctions américaines contre Dodik
« Ces élections ont été organisées par les musulmans bosniaques et Schmidt », a d’ailleurs déclaré Milorad Dodik dimanche après avoir voté. « Ils voulaient nous vaincre en Republika Srpska, et maintenant le peuple a une chance de les vaincre », a-t-il dit en promettant « la République serbe avant tout ».
Le désormais ex-président a été condamné en appel, en août, à un an de prison – une peine transformée en jours-amendes – et à une interdiction d’exercer toute fonction publique pendant six ans, pour non-respect des décisions de l’émissaire international. Après avoir défié le verdict, il a fini par accepter l’élection d’un successeur – juste avant que Washington ne lève les sanctions qui le visaient depuis près de 10 ans à cause de sa politique séparatiste.
Durant la campagne, Dodik a affirmé qu’un vote pour Sinisa Karan était en fait un vote pour lui-même, répétant que la Bosnie était « un pays impossible » et la RS « un Etat » qui doit « attendre » sa reconnaissance internationale.
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