Payer pour tuer, l’U.E. berné par Abbas
Les couloirs de Bruxelles bruissent d’une question embarrassante : l’Autorité palestinienne a-t-elle vraiment mis fin à sa politique de « paiement pour tuer » ou s’agit-il d’un simple changement de façade ? Une enquête récente menée pour les institutions européennes laisse entendre que, malgré un décret officiel signé en février par Mahmoud Abbas, les versements aux terroristes palestiniens condamnés et aux familles de « martyrs » se poursuivraient par des circuits parallèles.
Officiellement, le président de l’Autorité palestinienne a aboli le fameux « Fonds des martyrs » – rebaptisé dans la communication officielle « programme de rémunération des victimes ». Cette décision, présentée comme une réforme majeure, avait été chaleureusement saluée par plusieurs capitales européennes, qui y ont vu un pas en direction d’une gestion plus transparente et conforme aux exigences internationales. Le message était clair : les allocations directement liées aux attaques contre des Israéliens devaient disparaître.
Dans le même temps, une nouvelle structure a vu le jour : l’Institution nationale palestinienne d’autonomisation économique (PNEEI). Sur le papier, cet organisme devait centraliser l’aide sociale – allocations de subsistance, soutien à l’emploi, subventions pour le logement – et remplacer l’ancien système critiqué pour son caractère incitatif. C’est par ce prisme que l’Autorité palestinienne explique aujourd’hui que tout versement relève désormais d’une logique d’assistance sociale, et non plus d’une récompense pour des actes de violence.
Or, les informations compilées pour la Commission européenne brossent un tableau plus trouble. Selon ces éléments, des « voies de contournement » permettraient de maintenir intact l’esprit du dispositif : des versements supplémentaires seraient accordés à certains bénéficiaires de la PNEEI, sans déclaration ni contrôle, et parfois même à des personnes n’ayant pas officiellement déposé de demande auprès de l’organisme. Un haut responsable européen, cité dans le rapport interne, admet qu’un paiement récent a été effectué « aux familles de prisonniers, conformément à un programme antérieur », contradiction assumée avec la réforme annoncée.
Ces révélations font écho aux observations de plusieurs organisations de veille, qui affirment avoir documenté des allocations continues à des détenus pour faits de terrorisme et aux familles de Palestiniens tués lors d’attaques. Des témoins rapportent que des paiements auraient été effectués discrètement dans des bureaux de poste de l’Autorité palestinienne, comme auparavant, mais sans communication officielle afin de ne pas compromettre les relations avec les bailleurs occidentaux.
Pour Bruxelles, l’enjeu est double. D’un côté, la Commission insiste sur le fait qu’aucun euro de l’Union n’est censé alimenter directement ces mécanismes : l’aide budgétaire est officiellement destinée aux salaires des fonctionnaires, aux écoles, aux hôpitaux et à d’autres services publics. De l’autre, elle « regrette profondément » que des allocations semblant récompenser des actes de violence puissent encore être versées, et exige des éclaircissements détaillés de la part de Ramallah. Cette question arrive au moment même où l’UE discute de nouveaux paquets d’aide pluriannuels conditionnés à des réformes institutionnelles.
Le Royaume-Uni a lui aussi fixé des lignes rouges : Londres a fait de l’interdiction des programmes de rémunération liés au terrorisme une condition préalable à la reconnaissance éventuelle d’un État palestinien. Sur le plan diplomatique, la poursuite, même masquée, de ce type de versements pourrait donc peser lourd dans les discussions futures, qu’il s’agisse de soutien financier ou de démarches politiques.
Face aux critiques, l’Autorité palestinienne soutient que ces allocations visent à soutenir des familles plongées dans une extrême précarité par la détention ou la mort d’un proche, et non à encourager la violence. Dans la société palestinienne, une partie de l’opinion assimile d’ailleurs ces paiements à une forme de pension pour des personnes perçues comme ayant « payé le prix » du conflit. Mais pour Israël, pour une grande partie de l’opinion occidentale et pour plusieurs ONG spécialisées, il ne fait guère de doute que le système, sous sa forme ancienne ou reconfigurée, continue d’envoyer un signal dangereux : plus la peine est lourde, plus la famille est assurée de recevoir un soutien substantiel.
L’enquête européenne ne tranche pas encore définitivement la question, mais elle met chacun face à ses responsabilités. Si les « canaux parallèles » sont confirmés, l’Autorité palestinienne pourrait se retrouver acculée à choisir entre la poursuite d’une pratique politiquement populaire en interne, et la préservation de son soutien financier international. À l’inverse, si elle parvient à démontrer une rupture réelle avec l’ancien système, elle gagnera un argument précieux dans la bataille diplomatique pour la reconnaissance et l’aide. Pour l’heure, le doute persiste – et avec lui, la suspicion que le « paiement pour tuer » n’a peut-être changé que de nom.
Jforum.fr
Similaire
La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.
La source de cet article se trouve sur ce site


L’ ue n’ est pas dupee, l’ ue ferme les yeux, elle se prostitue devant le monde musulman. Macron le premier.